Dimanche Myrrhophores et Joseph d’Arimathie Mc 15, 43-16, 8 Ac 6, 1-7 Mc 6, 7-13 1P 5, 6-14

            Nous fêtons aujourd’hui les femmes myrrhophores et Joseph d’Arimathie, auxquels on peut ajouter Nicodème, cité par l’évangéliste Jean. Il a souvent été question, ici, des femmes myrrhophores qui ont servi et accompagné le Christ jusqu’au bout, et ne L’ont pas abandonné comme les apôtres, à l’exception de Saint Jean. Elles étaient plus nombreuses que les sept femmes citées dans les Evangiles. Elles sont un modèle pour tous les chrétiens, en priorité pour les hommes.

            Le noble Joseph, comme il est qualifié dans les textes liturgiques, était originaire d’Arimathie, une ville située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. C’était un riche propriétaire terrien, un notable juif, membre du Sanhédrin de Jérusalem, comme Nicodème. Le Sanhédrin était une administration à la fois politique, religieuse et juridique. Son conseil comportait 71 membres, pharisiens et sadducéens, représentant les grandes villes de Palestine. Le rôle politique du Sanhédrin a été supprimé par le roi Hérode. Et après la destruction du Temple de Jérusalem, en l’an 70, les sadducéens ont été progressivement écartés du conseil au profit des seuls pharisiens.

            Joseph d’Arimathie est décrit par l’évangéliste Luc, comme « un membre du Conseil juste et bon, qui n’avait donné son accord ni au dessein, ni aux actes des autres membres du Sanhédrin ». Il est fait allusion au rejet et à la condamnation du Christ. La richesse et la position sociale de Joseph d’Arimathie lui ont permis d’approcher Pilate pour demander l’autorisation de déposer le corps du Christ dans un tombeau qu’il avait fait creuser. La loi juive exige que les morts soient enterrés rapidement et avant le coucher du soleil.

           Nicodème, qui a accompagné Joseph d’Arimathie et l’a aidé à mettre le Christ au tombeau, est mentionné trois fois dans l’Evangile de Jean. Au chapitre 3, l’évangéliste rapporte l’entretien du Christ avec Nicodème, un notable juif, de la mouvance pharisienne, venu voir le Christ de nuit, par discrétion et précaution. Au chapitre 7, le même Nicodème prend la défense du Christ, face aux grands-prêtres et aux pharisiens, en disant : « Notre loi condamnerait-elle un homme sans l’avoir entendu et sans savoir ce qu’il fait » ?

            Joseph d’Arimathie, comme Nicodème étaient deux disciples du Christ, deux disciples discrets, par peur de représailles. Alors que tous les autres, les femmes myrrhophores et l’apôtre Jean, mis à part, s’étaient évanouis dans la nature au moment de la crucifixion, ces deux notables ont eu le courage d’aller réclamer le corps du Christ pour qu’Il ne soit pas enterré dans la fosse commune, réservée aux suppliciés, et ont pris en charge, avec les myrrhophores, tout l’aspect matériel lié à Son ensevelissement. Des récits apocryphes ont rapporté, de façons différentes, les fins de vies des ces deux « membres crypto-dissidents » du Sanhédrin. Joseph d’Arimathie serait mort de mort naturelle en Angleterre où il aurait annoncé l’Evangile. Nicodème, lui, était parent de Gamaliel, le docteur de la loi, cité au chapitre 5 des Actes des apôtres. Gamaliel, le maître du futur Saint Paul, avant sa conversion, aurait enterré, sur ses terres, près de Jérusalem, Saint Etienne, l’un des sept premiers diacres, après sa lapidation. Gamaliel aurait également recueilli Nicodème, chassé de ses terres après son baptême. Et, selon la tradition, il se serait lui-même fait baptiser secrètement avec son fils Aviv, par les apôtres Pierre et Jean. Le juste Gamaliel et son fils Aviv, enterrés au même endroit que Nicodème et Etienne, ont été béatifiés. L’on fête, le 2 août, la translation de Jérusalem à Constantinople des reliques de saint Etienne et l’invention, c’est-à-dire la découverte, des reliques des Justes Nicodème, Gamaliel et Aviv.

            L’Eglise nous propose les femmes myrrhophores comme modèles pour la permanence de leur courage, de leur abnégation et de leur fidélité. Joseph d’Arimathie et Nicodème, eux, sont donnés en exemples pour leur fidélité indéfectible au Christ, alors que Sa mort les avait plongés dans la stupeur et avait eu raison de leur foi en Sa divinité. Assumons nos doutes inévitables et, comme les femmes myrrhophores, Joseph d’Arimathie et Nicodème, restons fidèles au Christ en toutes circonstances.

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