Pentecôte 2017-05-21

Il y a dix jours, lors de Son Ascension, Le Christ a quitté les disciples et apôtres en leur promettant l’assistance spirituelle de l’Esprit. Le Christ reste présent parmi ceux qui se rassemblent en Son Nom. Nous le proclamons au cours de la liturgie, lorsque le célébrant annonce que le Christ est présent, invisiblement, et que l’assemblée répond « Il est et Il sera ». Mais avons-nous pleinement conscience du côté extraordinaire de cette présence ? Il est important de ne pas banaliser cette affirmation.

La prière « Roi céleste » à l’Esprit Saint est réintroduite dans les prières personnelles et collectives à partir d’aujourd’hui, et jusqu’aux prochaines fêtes de Pâques. Cette prière est omise dans les offices célébrés entre Pâques et la Pentecôte, parce que la Résurrection prime sur tout le reste. La prière à l’Esprit Saint est centrale dans la vie du chrétien orthodoxe, au même titre que le Notre Père et deux prières à la Mère de Dieu : « Toi plus vénérable que les Chérubins … » et « Réjouis-toi, Marie, pleine de grâce … ». C’est donc une joie de la retrouver, réactualisée par la Pentecôte.

La Pentecôte, comme toutes les autres fêtes, est résumée par son tropaire et son kondakion : « Tu es béni, ô Christ notre Dieu, Toi qui as envoyé l’Esprit Saint aux pêcheurs, et qui les a montrés pleins de sagesse et qui par eux as pris au filet le monde entier. Ami des hommes, gloire à Toi ». Les pêcheurs, avec un accent circonflexe sur le e, dont il est question sont les pêcheurs de poissons qui sont devenus des pêcheurs d’hommes.

« Lorsque Tu descendis pour confondre les langues, – il est fait allusion à la tour de Babel, Tu dispersas les nations, ô Très-Haut ; mais lorsque Tu distribuas les langues de feu, Tu nous appelas tous à l’unité. Aussi, d’une seule voix glorifions-nous le Très Saint Esprit ».

Le miracle des nouvelles dispositions linguistiques des apôtres est frappant par son étrangeté – il marque que les apôtres s’adressent désormais à toutes les nations, mais le miracle a été limité dans le temps. Deux autres points très importants ressortent du tropaire et du kondakion. Dieu accorde d’abord la sagesse et la foi à ceux qui les demandent. La sagesse et la foi se complètent. L’une est le résultat, la conséquence de l’autre, et inversement. Ensuite, dans le kondakion, l’accent est mis sur l’unité. Lorsque les hommes se rassemblent pour agir dans une optique qui n’est pas celle de la recherche du Royaume, Dieu laisse la voie libre au « Diviseur », au Malin, qui profite des dispositions naturelles de l’être humain, depuis la chute d’Adam. L’homme pécheur est esclave des passions que les Pères de l’Eglise ne cessent d’évoquer et dont la plus grave est l’orgueil. Les pécheurs, avec un accent aigu cette fois, sont divisés. C’est une des symboliques de la Tour de Babel, construite par orgueil et non pour rendre gloire à Dieu.

Inversement, lorsque des chrétiens, de toutes origines, de toutes classes sociales, de toutes opinions, riches, moins riches ou pauvres, lorsque ces chrétiens se rassemblent dans un même but sur le chemin qui mène au Royaume, alors il n’y a plus, « ni homme, ni femme, ni grec, ni juif ». Tous sont unis. Tous célèbrent et louent ensemble le même Dieu. Et à la sortie de l’église-bâtiment, tous sont appelés à œuvrer pour le bien commun, en accordant la priorité à leur prochain, et donc à Dieu. Cette unité devrait être la marque de chaque communauté chrétienne, et c’est souvent le cas. Dans le même temps, quand des incroyants, ou des non-chrétiens œuvrent pour le bien, leurs efforts sont agréés par Dieu. C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul dans son épître aux Romains où il écrit que « quand des païens, sans avoir de loi, font naturellement ce qu’ordonne la loi. (…), ils mettent la loi en pratique et sont justes devant Dieu (…), ce que ne font pas ceux qui écoutent la loi, mais ne la mettent pas en pratique ». Là, c’est de nous qu’il s’agit quand nous oublions ou préférons oublier ce que Dieu attend de nous.

Nous avons un avantage extraordinaire sur ces « païens » qu’évoque Saint Paul, sur ces païens au sens large qui ne croient pas comme nous. Quand nous sommes sur la bonne voie, si nous le demandons, nous obtenons un coup de pouce de l’Esprit. L’Esprit est là pour nous soutenir, pour compenser notre faiblesse. Ne le négligeons pas. Adressons-nous à l’Esprit le plus souvent possible. Il n’est donné qu’à un très petit nombre de prier sans cesse, comme le conseille l’apôtre Paul, et nous ne sommes pas des moines, mais rien ne nous empêche de fournir au moins de petits efforts dans ce domaine, efforts qui ont vocation à grandir. Fêtons donc la Pentecôte et le retour de la prière « Roi céleste », dont il est permis d’abuser.

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