Rentrée ecclésiale septembre 2017 St. Prix

         Il est constamment fait référence au Royaume céleste dans les Evangiles, et dans une de nos prières les plus importantes, nous demandons au Roi céleste, à l’Esprit Saint, de venir faire Sa demeure en nous. Saint Séraphin de Sarov rappelle que toute vie chrétienne a pour but l’acquisition de l’Esprit qui, déjà en ce monde, ouvre au moins provisoirement les portes du Royaume.

         Nous avons tendance à penser que le Royaume est hors de notre portée ici-bas. C’est à la fois vrai et faux. Le baptême, suivi de la chrismation, est notre Pentecôte personnelle. Nous recevons l’Esprit Saint en nous et confirmons la présence divine par la communion aux Saintes Espèces, qui suivent notre entrée dans l’Eglise. « l’Esprit de vérité demeure auprès de vous et Il est en vous » – dit le Christ au chapitre 14, verset 17 de l’Evangile de Jean. Cette présence de Dieu en nous, dont nous n’avons, et c’est regrettable, que rarement conscience, est presque immédiatement contrariée, dès notre sortie de l’église-bâtiment, parfois avant même cette sortie. «  Les soucis du monde, la séduction des richesses et les autres convoitises s’introduisent en nous, et y étouffent la Parole » – est-il écrit dans l’Evangile de Marc. Nous chassons alors l’Esprit que L’apôtre Paul nous invite à prier en permanence, comme nous respirons, et la place est libre pour les forces du Malin. Si nous essayions de faire ce que Saint Paul demande, cela devrait nous préserver, au moins en partie, du péché. Il y a différentes formes de prières. La prière n’est pas nécessairement verbalisée, elle peut être muette. La conscience de l’omniprésence permanente de Dieu est une forme de prière.

         Dieu respecte strictement notre liberté. Il est en nous, mais Il ne nous oblige pas à L’écouter. Il attend que nous agissions de concert avec Lui – c’est ce que les Pères appellent la synergie. A nous d’agir, donc, mais comment ? En nous laissant imprégner par la Parole, avec un grand P, et en nous efforçant de la mettre en pratique.

         Le Christ dit dans une parabole « qu’Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre – nuit et jour la semence germe et grandit. (…) Quand la graine de moutarde est semée, elle est la plus petite de toutes les semences, (…) mais elle monte et devient plus grande que toutes les autres plantes potagères et il pousse de grandes branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leurs nids à son ombre ». (Mc 4, 26-32) En fait, l’arbre en question, le sénevé, dépasse rarement les deux mètres de haut, mais sa taille est immensément grande par rapport à la graine dont il est issu.

         La semence – ce sont les Ecritures. En lisant et relisant les Evangiles et les épîtres, en lisant et relisant les psaumes auxquels tous nos offices font constamment référence ; en prêtant attention aux textes lus, psalmodiés ou chantés au cours des offices, nous permettons à l’Esprit, présent en nous, de nous apporter Son soutien et commençons alors à agir avec Lui.

        Ce labeur, le joug dont il est question dans les Evangiles, ne peut être léger, comme le dit le Christ, que lorsque nous sommes attelés à la même charrue que l’Esprit qui, alors nous soutient, parce qu’Il est infiniment plus puissant que nous. Sans l’aide de l’Esprit, nos efforts seront toujours insuffisants et inefficaces. Le joug sera trop difficile à porter. Tout cela est une illustration supplémentaire des avantages de la synergie, de la coopération que Dieu propose.

         Cela ne signifie pas que nous réussirons à résister à toutes les tentations, les chutes restent inévitables. Nous sommes humains, nous sommes imparfaits, mais nous pouvons prendre conscience de notre faiblesse et de notre impuissance à progresser sur le plan spirituel sans l’aide de Dieu. Lui, est prêt à nous apporter cette aide à tout moment. Sans cette prise de conscience, sans une véritable et profonde humilité, tous les efforts, même les plus grands, seront vains, dit Saint Isaac le Syrien. Le Christ n’est pas venu sauver ceux qui pensent être des justes, et y seraient parvenus par leurs seuls efforts. Personne n’est à l’abri de la tentation du pharisianisme, dans la version que le Christ a condamnée. Il est venu sauver ceux qui se reconnaissent pécheurs, ceux qui estiment à juste titre ne rien mériter, mais ont foi en la mansuétude divine. Il est venu sauver ceux qui laissent l’Esprit agir en eux, pour réaliser ce qui est impossible aux hommes, mais est possible à Dieu.

 

 

 

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