Ep. 5, 9-19 Lc 12, 16-21

           L’Evangile et l’épître d’aujourd’hui se complètent. Dans l’extrait de l’épître aux Ephésiens, l’apôtre Paul exhorte ses lecteurs, et nous exhorte, à vivre en « enfants de lumière ». Le thème de la lumière revient souvent dans les Evangiles. Et des saints, comme saint Séraphim de Sarov sont passés par des phases de transfiguration – la lumière immatérielle qui émanait d’eux était le signe de leur proximité avec Dieu. Les cas de transfiguration sont très rares et réservés au Christ et à quelques saints, mais il existe d’autres formes de lumière, moins spectaculaires, qui ont aussi leur importance. Dans la langue de tous les jours, lorsqu’on dit que quelqu’un ou un événement a illuminé notre journée, cela signifie que nous avons éprouvé une grande joie, une forme de bonheur. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont éprouvé un bien-être extraordinaire quand ils ont été illuminés au moment de la Transfiguration du Christ.

          « Les fruits de la lumière », – écrit l’apôtre Paul, sont la bonté, la justice et la vérité ». Les chrétiens sont appelés à apporter cette lumière à leur prochain. Etre juste en langue d’Eglise, c’est observer les règles de vie qu’induisent les Ecritures, les règles qu’induit la Vérité, apportée par le Christ. La bonté au quotidien, la bienveillance permanente, concrétisées en paroles, et surtout en actes, illuminent le monde déchu dans lequel nous vivons, elles peuvent inonder de bonheur ceux qui la reçoivent, comme ceux dont elles émanent.

           « Si l’Eglise, au lieu de prétendre administrer des preuves philosophiques de l’existence de Dieu cherchait davantage à témoigner de la présence du Dieu vivant dans Sa vie et celle de Ses membres, (c’est à dire de nous) le monde athée lui prêterait une oreille plus attentive » a dit le Père Cyrille Argenti. Il ajoute : « Un culte qui ne transforme pas notre vie n’est qu’hypocrisie. » (…) « L’orthodoxie ne doit pas être une étiquette confessionnelle, mais une réalité existentielle. (…) Il n’y a pas d’orthodoxie sans orthopraxie ». Plus simplement, la foi et les œuvres sont indissociables. « Il ne suffit pas de Me dire : « Seigneur, Seigneur ! » pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de Mon Père qui est aux cieux » – a dit le Christ à Ses disciples.

            Dans la parabole du riche insensé l’accent est mis sur la priorité du spirituel sur le matériel. Le Christ ne dit pas que le matériel n’a aucune importance, mais qu’il vaut mieux se soucier du Royaume. Les biens amassés, le confort de vie sur terre, ne seront d’aucune utilité dans l’autre-monde, où ils ne pourront être emportés par celui qui les a acquis. Et le p. Cyrille Argenti, encore lui, ajoute que ce n’est pas la réussite que le Christ a offerte à Ses disciples, mais la Croix ».

           Quand les préoccupations d’ordre matériel prennent le pas sur tout le reste, en particulier sur la relation avec Dieu, c’est un très mauvais calcul – la durée d’une vie, même si l’on meurt centenaire est infiniment, ridiculement courte, comparée à l’éternité. Aussi difficile que cela puisse paraître, être « enfant de lumière » est une tache extrêmement difficile, car cela demande que nous allions contre notre penchant naturel à penser d’abord à nous-mêmes. Le rôle du chrétien, de « l’enfant de lumière » est d’illuminer le monde, de l’éclairer. Il est donné à tout le monde, à un moment de sa vie, d’illuminer inconsciemment son prochain, non par la pratique des bonnes œuvres, comme on le pense souvent, mais par un état de rayonnement intérieur, propre à ceux qui, ne serait-ce que quelques instants, s’oublient pour accorder, véritablement et sans calcul, la priorité à leur prochain. Et, encore une fois, l’illumination inonde de bonheur celui qui la reçoit, comme celui dont elle émane.

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.