Dimanche des ancêtres   Saint-Prix 12/2017

         « Heureux qui prendra part au repas dans le Royaume de Dieu », dit un convive au cours d’un repas de sabbat chez un dignitaire pharisien. Le Christ lui répond par la parabole des invités qui refusent l’invitation et sont remplacés par des pauvres. La parabole est toujours actuelle. La liturgie est une anticipation du Royaume, Royaume si souvent symbolisé par un repas dans les Evangiles. L’achat d’un champ, ou de cinq paires de bœufs, ne sont plus vraiment d’actualité et ne s’appliquent guère à nous. Mais ils peuvent être aisément remplacés par toutes les raisons que nous pouvons invoquer quand nous déclinons l’invitation qui nous est faite de participer à une liturgie.

          En privilégiant cette parabole, que tout le monde connaît et qui ne demande pas vraiment d’explications, l’on omet souvent les recommandations du Christ qui la précèdent.

           Avant le repas, le Christ avait commencé par guérir un malade et l’avait renvoyé chez lui. A ceux qui avaient assisté à la guérison, tout en gardant un silence réprobateur, parce que la guérison était faite le jour du sabbat, le Christ demande ce qu’ils auraient fait si leur fils ou leur bœuf était tombé dans un puits. Il n’obtient pas de réponse, tant les invités sont gênés, sachant qu’ils auraient alors tous enfreint les règles du sabbat. Pour être juste, il convient de préciser que lorsqu’il y a danger pour la vie, les règles du sabbat passent au second plan dans le judaïsme contemporain. Et c’était probablement aussi le cas à l’époque du Christ qui, Lui, met l’accent sur la priorité de l’amour du prochain sur tout le reste, même quand une vie n’est pas mise en danger.

            Remarquant ensuite que les invités choisissent spontanément les meilleures places, le Christ ajoute une leçon d’humilité – Il avertit ceux qui se mettent en avant : ils risquent une humiliation, si le maître de maison leur demande de s’effacer et laisser la place à quelqu’un d’autre, à quelqu’un de plus important. « Tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » – est-il écrit dans ce passage de l’Evangile de Luc. Dans l’Evangile de Matthieu, il est dit que « les premiers, – en fait ceux qui veulent être les premiers, seront les derniers ». Et le Christ ajoute : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur, et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner Sa vie en rançon pour la multitude ».

           Les Pères de l’Eglise affirment que l’humilité est une condition incontournable pour entrer au Royaume. N’oublions pas que c’est l’orgueil, le manque d’humilité, qui est à l’origine de la chute du premier homme.

            Revenant enfin sur l’amour désintéressé du prochain, le Christ conseille au maître de maison « d’inviter plutôt les pauvres, les estropiés, les aveugles », parce qu’ils ne pourront rendre l’invitation, contrairement aux amis, aux proches et aux riches voisins. Les propos rapportés par l’évangéliste Luc au chapitre 6 de son Evangile sont encore plus explicites : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Les pécheurs en font autant. (…) Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour ». Et comme le Christ connaît notre faiblesse Il ajoute : « Alors votre récompense sera grande, et vous serez les Fils du Très-Haut, car Il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants ». En fait, la récompense réside dans l’acte lui-même.

            Dans ce chapitre 14 de l’Evangile de Luc, le Christ S’attaque d’abord au formalisme, quand la pratique de la loi prend le pas sur l’amour du prochain. Le Christ pourfend ensuite l’orgueil, quand on recherche spontanément les honneurs. Il dénonce, enfin, la bonne action faite par intérêt, quand on espère une récompense ou un retour.

             Dans une autre parabole, celle dite « du serviteur inutile », le Christ précise que nous devons faire le bien, non pour en tirer une quelconque gloire ou récompense, mais parce que c’est tout simplement notre devoir, parce que c’est ce que nous devrions faire naturellement, sans même réfléchir.

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