Début du triode de carême Saint-Prix janvier 2018

Nous sommes entrés dimanche dernier dans le Triode de carême. Le Grand carême est précédé de cinq dimanches qui le préparent. Le dimanche de Zachée a été le premier de ces cinq dimanches. Demain ce sera le dimanche du Publicain et du Pharisien. Chacun des Evangiles de ces dimanches met l’accent sur un ou plusieurs types d’efforts que nous sommes appelés à fournir pendant cette période, pour nous préparer à fêter dignement la Résurrection du Christ. Mais la Résurrection est également commémorée tous les dimanches. Il serait donc souhaitable que nos efforts soient permanents. Les différents carêmes, répartis sur toute l’année liturgique, sont des rappels, sont des incitations à s’en souvenir.

Le pauvre Zachée, dont il a été question, souffre de trois handicaps – un handicap physique, qui peut sembler anecdotique : il est vraiment petit de taille, ce qui dans le cas de Zachée a pourtant de l’importance. Il souffre d’un handicap moral – il éprouve un sentiment latent de culpabilité, et il souffre en plus d’un handicap social, conséquence de sa culpabilité : il est détesté par les habitants de Jéricho, parce qu’il est un collecteur d’impôts, un collecteur malhonnête qui détourne une partie de l’argent collecté. Et il est aussi un traître, un collaborateur au service des Romains pour qui il prélève ces impôts. Mû par la curiosité, Zachée veut voir le Christ. Il surmonte son premier handicap, il n’a pas peur du ridicule et grimpe sur un arbre. Nous sommes incités à faire preuve de la même curiosité, ne serait-ce qu’en lisant les Ecritures. Rien n’empêche de consulter également des ouvrages spirituels écrits par des Pères de l’Eglise ou des auteurs contemporains. Et nous sommes incités aussi à ne pas avoir honte de notre foi, à l’assumer dans une société qui n’est plus vraiment chrétienne et où la foi est souvent ridiculisée.

Quand le Christ remarque Zachée sur son arbre, Il S’invite chez lui. Zachée est complètement retourné par l’honneur qui lui est fait, honneur qu’il est conscient de ne pas mériter. Il se repent, et promet de se corriger et de réparer tous les torts qu’il a eus envers les gens qu’il a volés. Son sentiment de culpabilité va s’envoler. En langue d’Eglise, il s’est converti, il s’est tourné vers Dieu. Zachée règle aussi le problème de son handicap social. L’on peut supposer que sa conversion et le remboursement de l’argent qu’il avait détourné aura au moins augmenté sa popularité.

Nous avons un certain nombre de points communs avec Zachée. Comme pour lui, Dieu fait toujours le premier pas vers nous, nous sommes invités, sans que nous le méritions. Nous refusons souvent de le remarquer, parce que cela ne nous arrange pas, parce qu’il faudrait modifier notre mode de vie. Nous sommes ici, cela signifie que nous répondons partiellement à l’invitation de Dieu. Mais notre baptême, notre fréquentation des offices, ont-ils changé notre vie, comme la rencontre de Zachée, le futur premier évêque de Césarée, comme sa rencontre avec le Christ a changé la sienne ? Répondons honnêtement à cette question.

Notre handicap à nous, c’est notre état de pécheurs, et de pécheurs en connaissance de cause, même si nous n’allons pas jusqu’à suivre l’exemple du Publicain, encore un collecteur d’impôts, qui se sent tellement coupable qu’il n’ose entrer dans le Temple pour y prier. Mais nous pouvons être aussi des pécheurs qui s’ignorent, ou qui préfèrent ignorer leur état, si nous estimons que nous sommes plutôt meilleurs que la moyenne, parce que, comme le Pharisien de l’Evangile de demain, il nous semble que nous faisons tout à peu près comme il faut : nous fréquentons les offices, nous ne volons pas, nous évitons de faire du mal à notre prochain et pratiquons ainsi l’autosatisfaction, aux antipodes de l’humilité préconisée par le Christ, comme condition à l’entrée au Royaume.

Les situations de Zachée, comme celles du Publicain et du Pharisien, peuvent sembler éloignées des nôtres. Elles ne le sont pas tant que cela. En proposant ces extraits de l’Evangile, l’Eglise nous appelle à prendre conscience de notre état de pécheurs, à fournir des efforts pour nous rapprocher le plus possible de la perfection que Dieu attend de nous. Elle nous appelle à réparer les torts que nous avons eus envers notre prochain. Elle nous appelle aussi à prendre conscience qu’il nous faut laisser l’Esprit agir en nous. Nos péchés chassent régulièrement le Roi céleste, le Consolateur, que nous avons reçu après notre baptême, au moment de la chrismation. Sa présence en nous est renouvelable à chaque confession des péchés qui L’ont chassé.

Profitons de la période de préparation au carême et du carême lui-même pour opérer un retour vers Dieu, utilisons ce temps et les possibilités que nous offre l’Eglise pour nous convertir.

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