Présentation au temple de la Mère de Dieu. Hb, 9, 1-7  Lc, 10, 38-42,11, 27-28     Ep 5, 9-19 Lc 12, 16-21

                  Nous fêtons aujourd’hui l’une des douze fêtes majeures de notre calendrier ecclésial. Il y a plusieurs types de fêtes: de nombreuses fêtes locales ou communes à tous les orthodoxes, sept grandes fêtes, douze fêtes majeures et Pâques qui est la fête des fêtes. Parmi les douze fêtes majeures, trois sont mobiles, leur date varie en fonction de celle de Pâques – il s’agit du dimanche des Rameaux, de l’Ascension et de la Pentecôte. Les neuf autres fêtes majeures sont fixes: la Nativité, le Baptême et la Rencontre du Christ, l’Annonciation, la Transfiguration, la Dormition de la Mère de Dieu, sa Nativité, l’Exaltation de la Croix et, celle d’aujourd’hui – la Présentation au Temple de la Mère de Dieu. De toutes les fêtes, c’est la seule qui ne soit pas évoquée de près ou de loin dans les livres canoniques regroupés dans le Nouveau testament. Il n’en est question ni dans les Evangiles, ni dans les Actes des apôtres, ni dans les épîtres de Paul, Pierre et Jean. Dans la tradition juive, la transmission des connaissances dans le domaine théologique, celui de la connaissance de Dieu, celui de la transmission de la Révélation aux hommes, cette transmission des connaissances se faisait par voie orale. Le passage à la voie écrite a été une concession. Il fallait bien éviter le risque d’erreurs dues à des pertes de mémoire. Cette tradition orale a été maintenue au temps des premiers chrétiens, la rédaction des Evangiles a été plus tardive, mais elle a été nécessaire pour éviter également les oublis et les déformations. Cependant, un certain nombre d’ouvrages ont été écartés, soit parce qu’ils semblaient fantaisistes, soit parce qu’ils étaient influencés par les premières hérésies.

            Il est intéressant de noter que celle dont nous disons « qu’il est digne de la célébrer, Elle qui enfanta Dieu, bienheureuse à jamais et Très-pure et Mère de notre Dieu, Elle qui est plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, Elle qui sans corruption enfanta Dieu le Verbe, Elle qui est véritablement Mère de Dieu », n’apparaît que très rarement et toujours très discrètement dans les Evangiles.

            Pour la plupart des événements qui ont jalonné la vie de la Mère de Dieu de Sa nativité jusqu’à Sa Dormition, les connaissances dont il est fait état dans les offices orthodoxes proviennent presque toutes des évangiles apocryphes qui sont les directes héritières de la tradition juive. Quelles sont les raisons de cette discrétion ?  L’une d’elles, et probablement, la plus réelle est Sa grande humilité. Nous pouvons déduire des Evangiles qu’Elle a toujours été aux côtés de Son Fils, mais qu’Elle n’est que très rarement intervenue personnellement, si l’on excepte l’épisode des noces de Cana et d’autres interventions moins remarquées. Même après la crucifixion, comme par un réflexe de pudeur, les évangélistes ne La citent pas de façon explicite parmi les femmes qui se sont rendues au tombeau du Christ, alors qu’il est évident qu’Elle y était. Elle est aussi peut-être mise à part, parce que, Mère du Christ ressuscité Elle ne peut être mise au même rang que les femmes qui ont suivi le Christ, et les évangélistes ont compris qu’il y avait là un mystère qui les dépassait. C’est l’attitude qu’a toujours adoptée l’Eglise orthodoxe qui vénère la Mère de Dieu avec pudeur sans la déifier. La fête d’aujourd’hui en est une illustration.

            Joachim et Anne ont eu un enfant alors qu’ils étaient déjà âgés. Avant qu’un ange ne leur annonce la naissance d’une fille, ils étaient considérés et se considéraient comme des pécheurs abandonnés de Dieu. En fait, c’est parce qu’ils étaient des justes que Dieu a modifié les lois de la nature. La levée de la malédiction du couple stérile préfigure la levée de la malédiction d’Adam. Cette enfant que Joachim et Anne ont reçue comme un don de Dieu, ils ont décidé de la Lui consacrer pour Lui témoigner leur reconnaissance. Ils l’ont donc conduite encore toute petite au Temple de Jérusalem où elle a été accueillie par le Grand-Prêtre. La tradition dit qu’elle est entrée dans le Saint des Saints, là où seul le Grand-Prêtre entre une fois par an. Elle a vécu auprès du temple jusqu’à ce qu’elle soit la fiancée de Joseph.

            Vous avez souvent entendu dire que nous devions essayer d’être parfaits, comme Dieu est parfait et que l’Eglise nous proposait des modèles à suivre parmi les chrétiens qui nous ont précédés. S’il y a une sainte dont la vie est exemplaire, c’est bien la Mère de Dieu. La tradition dit encore que la petite fille de trois ans qui a été emmenée au Temple a monté les marches toute seule et a couru vers le Grand-Prêtre, le père Alexandre Men’ dit que nous devrions nous en inspirer quand nous nous trouvons des excuses pour ne pas nous rendre à l’église. Plus tard, la Mère de Dieu est toujours restée humble et a observé la volonté de Dieu en toutes circonstances. Elle, qui est plus vénérable que les chérubins, a répondu à l’Ange qui lui a annoncé qu’elle serait la Mère du Messie: « je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ».

            Que la Mère de Dieu dans Sa soumission à la volonté de Dieu, dans Sa confiance en Lui et dans Son humilité soit pour nous une source d’inspiration permanente.     

           

     

             

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