Ascension et Pentecôte

        Ascension et Pentecôte sont deux fêtes qui forment un ensemble. L’Ascension annonce la Pentecôte, qui la couronne et la complète. L’Ascension est une séparation. Elle est, en tant que telle, source de tristesse. C’est résumé dans l’une des stichères des vêpres de la fête : « Seigneur, lorsque les apôtres T’ont vu T’élever sur les nuées, Toi le Christ, Donateur de vie, remplis de tristesse, ils se lamentaient et en larmes, ils disaient : « Maître, ne nous laisse pas orphelins, nous, Tes serviteurs que Tu as aimés dans Ta bonté, car Tu es compatissant. Mais, comme Tu l’as promis, envoie-nous Ton Esprit très Saint, afin qu’Il illumine nos âmes ».

        Les évangélistes Matthieu et Jean passent l’Ascension sous silence. L’évangéliste Marc se contente d’une phrase : « le Seigneur Jésus, après avoir parlé aux disciples fut enlevé au ciel et S’assit à la droite de Dieu ». Le seul qui ait rapporté l’événement plus en détails, dans son Evangile et dans les Actes des apôtres, dont il est également l’auteur, est l’évangéliste Luc. Dans le dernier chapitre de son Evangile, il évoque les recommandations faites par le Christ aux onze apôtres, juste avant l’Ascension, quand, dans un premier temps, anticipant la Pentecôte « Il leur ouvre l’intelligence pour qu’ils comprennent les Ecritures ». L’apôtre termine en rapportant qu’après que « le Christ a été emporté au ciel, les apôtres retournèrent à Jérusalem pleins de joie ». La compréhension des Ecritures, et de l’enseignement du Christ, n’a été ni immédiate, ni complète. Quand les apôtres demandent au Christ « si c’est maintenant le temps où Il va rétablir le Royaume pour Israël », les apôtres, commettent la même erreur que la foule qui avait accueilli triomphalement le Christ à Jérusalem avant Sa Passion,

         Pour que les apôtres soient capables « d’enseigner la Bonne nouvelle à toutes les nations », il leur fallait le soutien et l’action de l’Esprit. C’est Sa descente sur les apôtres, que nous fêtons aujourd’hui. Il est dit que « l’Esprit est descendu sous la forme de langues de feu qui se sont posées sur chacun d’entre eux. Et remplis de l’Esprit Saint, ils se mirent à parler en d’autres langues », pour être compris de tous, stupéfiant la foule, composée de Juifs et de prosélytes, c’est-à-dire de païens convertis au judaïsme. Tous étaient venus à Jérusalem de presque toutes les parties du monde connu de l’époque – Parthes, Mèdes, Grecs, Arabes d’Egypte et de Libye, et Juifs de Rome. Déconcertées par ce miracle, trois mille personnes se convertirent, les autres, préférant en rire, mettant tout sur le compte de la boisson, comme si les apôtres s’étaient enivrés.

         A notre baptême, nous avons été lavés du péché par l’eau des fonts baptismaux. Nous avons reçu l’Esprit, immédiatement après, au cours de la chrismation – les langues de feu ont été remplacées par le saint chrême dont nous avons été oints. Le don des langues, malheureusement, a été réservé aux apôtres et, semble-t-il de façon ponctuelle. Le Christ n’est plus présent parmi nous physiquement, comme Il l’a été auprès des apôtres, pendant quarante jours, après Sa résurrection. Mais Il est invisiblement présent à chacune de nos liturgies, et à chaque fois que deux ou trois sont réunis en Son Nom. Quant à l’Esprit, « Il est partout présent et Il emplit tout » – la conscience de ces présences est à la mesure de notre foi. A nous de demander la présence de l’Esprit en nous et de faire notre possible pour L’accueillir, le plus dignement possible, avec la conscience de ne pas la mériter. A nous de croire en la présence du Christ parmi nous, présence réelle, matérialisée au cours de la communion aux Saintes Espèces.

            Malgré tous les avantages qu’ils ont eu sur nous, les apôtres n’ont pleinement compris et intégré l’enseignement du Christ qu’à la Pentecôte. Nous, nous sommes dans la situation de ceux dont le Christ a dit : « bienheureux, ceux qui ont cru, sans avoir vu ». Cela signifie que tout dépend de notre foi. Ne partons pas perdants. Même si les conséquences de la chute du premier homme sont loin de faciliter notre croissance spirituelle, la miséricorde divine est là pour compenser nos doutes et notre manque de foi. Mais nous devons le désirer vraiment et nous relever à chaque chute.

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.