Col. 3, 4-11  Lc 14, 16-24

                  L’apôtre Paul invite les Colossiens à « faire mourir en eux ce qui en eux appartient à la terre: débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. Car voila ce qui attire la colère de Dieu  » (…) Il développe ce thème en les invitant ensuite à se débarrasser de tout ce qui faisait leur vie avant leur conversion: « colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté et mensonge ». Ils doivent « se dépouiller du vieil homme et revêtir l’homme nouveau », en fait ils doivent rétablir en eux l’image de Dieu qui a été ternie par la chute d’Adam et qu’ils ont continué de ternir et que nous continuons de ternir par nos péchés. Nous sommes évidemment tous concernés par ces recommandations.

            Nous savons que nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dès notre naissance, nous subissons les conséquences de la chute – nous sommes sujets aux maladies, et au fur et à mesure que nous grandissons, nous perdons l’innocence que perdent si rapidement les enfants. Le baptême nous lave de nos péchés, ainsi que chaque confession. Mais le baptême ne nous délivre pas de notre attirance pour le péché que le Malin rend si séduisant. Le baptême, les demandes de pardon ultérieures pour nos péchés, ne peuvent être efficaces que si nous jouons le jeu, que si nous désirons vraiment nous affranchir de la servitude du péché, si nous désirons vraiment rétablir en nous l’image et la ressemblance de Dieu. En théorie, c’est ce que nous désirons tous. Mais qu’en est-il dans la pratique ? N’est-ce pas une mission impossible ? A la fois oui et non. Oui, c’est une mission impossible, parce que nous savons tous que nous retombons toujours dans les mêmes péchés, parce que quand nous parvenons à nous améliorer un tant soit peu, nous éprouvons immédiatement une satisfaction qui, aux yeux de Dieu, efface tout le bénéfice de cette amélioration. Non, ce n’est pas une mission impossible, si nous acceptons nos limites avec humilité, si nous demandons l’aide de l’Esprit et si nous présentons notre faiblesse à Dieu et nous laissons faire par Lui, si nous acceptons de nous soumettre à Sa volonté.

            Notre recherche du salut, notre quête de l’Esprit selon l’expression de Saint Séraphim de Sarov doit être à la fois personnelle et collective. C’est ce qui ressort de toute la liturgie dominicale du début jusqu’à la fin. Prenons quelques exemples.

            Le prêtre, le lecteur, le chœur se font les porte-parole de chacun des assistants qui participent à la liturgie. L’on se demande parfois pourquoi, chez nous, les croyants restent debout pendant les offices, quand leur condition physique le permet. C’est parce qu’en plus de la marque de respect que cela représente, chacun renforce ainsi sa participation à la prière collective. Assis, nous prenons le risque d’être plus passifs.

            Dans la première prière qui introduit la liturgie des catéchumènes, il est demandé à L’Esprit de faire Sa demeure en nous. Nous ne disons pas « en moi », nous disons « en nous », mais le prêtre poursuit en citant un psaume: « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche proclamera Ta louange ». L’on passe du collectif à l’individuel. Chacun apportera sa louange personnelle qui se fondra dans la louange collective. La grande litanie qui suit a un caractère collectif, nous prions pour tout et pour tous. La litanie est résumée et conclue par la prière de la première antienne: « Toi-même, Maître, dans Ta compassion, jette les yeux sur nous et sur cette sainte maison et accorde-nous et à tous ceux qui prient avec nous, Ton abondante miséricorde et Tes largesses ». Le chœur chante ensuite le psaume 104: « Bénis le Seigneur, ô mon âme ». Bénis mon âme, à moi.

            Il serait trop long de passer en revue toute la liturgie, mais essayons d’être aussi attentifs que possible à chacune des paroles prononcées au cours de nos offices: nous y relèverons cette constante: nous passons toujours du collectif à l’individuel et inversement.

            Notre salut est individuel, parce que chacun d’entre-nous est unique aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes, mais notre salut est également collectif. D’abord parce que nous sommes coresponsables à des degrés divers de tout ce qui se passe dans le monde, que ce soit au niveau de notre famille et de nos proches ou que ce soit à l’autre bout de la planète. Nous sommes solidaires de tout le mal qui est fait.

Quand nous faisons le bien, nous faisons progresser le Royaume de Dieu sur terre, quand nous faisons le mal, nous le faisons régresser.

            Aucun de nos actes individuels n’est anodin. Il ne s’agit pas seulement d’écologie où, maintenant, tout le monde comprend les implications que notre comportement peut avoir. Il s’agit aussi d’écologie spirituelle. Notre degré personnel de spiritualité est une des composantes de la santé spirituelle globale de l’humanité.

            Essayons de ne pas oublier que lorsque nous nous rapprochons de Dieu, nous aidons les autres à s’en rapprocher et que le moyen le plus sûr de se rapprocher de Dieu est d’aimer notre prochain.

                       

 

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