Saint-Prix oct. 2018 Ga. 2, 16-20 Lc 8, 5-15

            Saint Paul s’adresse aux Galates, païens avant que Paul ne les convertisse au christianisme. La Galatie était une province de l’actuelle Turquie centrale. Après la résurrection du Christ, les apôtres avaient décidé, à une assemblée à Jérusalem, que les chrétiens venant de milieux païens n’avaient pas à suivre les prescriptions alimentaires et autres, du judaïsme. Ces prescriptions concernaient l’interdiction de consommer des aliments catalogués comme impurs, les ablutions rituelles et la circoncision des enfants de sexe masculin. La Loi juive comprend 613 commandements – 248 commandements positifs et 365 commandements négatifs.

         Saint Paul rappelle à l’ordre les Galates, tentés d’observer ces règles, influencés par des chrétiens issus du judaïsme, qui essaient de les imposer. « Nous savons, – écrit-il, que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la Loi, mais seulement par la foi du Christ ». Et l’apôtre Paul est allé jusqu’à reprocher à Saint Pierre d’avoir tenu un double langage à ce sujet, par crainte des judaïsants.

         Nous faisons souvent un contresens en interprétant mal la distinction entre la foi et les œuvres, en pensant que les œuvres sont secondaires. L’apôtre Paul condamne les œuvres accomplies de façon mécanique, parce qu’il le faut, parce que c’est écrit et non par élan du cœur. Ces œuvres peuvent être sources d’orgueil et ne sont en aucun cas un visa automatique d’entrée au Royaume. La charité et les règles prescrites par la Loi du judaïsme ne sont agréables à Dieu que si elles prennent leur source dans l’amour du prochain et ne se résument pas à une simple obéissance automatique à la règle. Mais évitons de condamner les Juifs – l’amour du prochain est aussi une règle qui leur est prescrite. Il est écrit dans le Lévitique, au chapitre 19 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Dans de nombreux passages de la Bible, il est demandé aux Hébreux de traiter les émigrés avec respect, parce que eux-mêmes ont aussi été des émigrés en Egypte.

         L’apôtre et évangéliste Jean est très explicite – « celui qui n’aime pas son frère qu’il voit – écrit-il dans sa première épître, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. (…) Celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère ». Et l’apôtre Jacques ajoute dans son épître que « la foi est inopérante sans les œuvres (…) de même que sans souffle, le corps est mort, de même, sans œuvres, la foi est morte ».

         Cela veut dire que la foi seule est insuffisante – les démons croient aussi en Dieu, puisqu’ils Le combattent, mais ils sont source de mal. Le chrétien qui a la foi, et la met en pratique dans sa relation avec son prochain, fait œuvre de bien. Au cas où l’on voudrait opposer Saint Paul à L’évangéliste Jean et à l’apôtre Jacques, il convient de relire l’épître aux Romains où il est dit qu’un païen qui se comporte comme un chrétien devrait le faire, sera justifié.

         Les pharisiens étaient des Juifs qui observaient strictement la Loi. Saint Paul l’était avant sa conversion. Le Christ, Lui aussi Se situait dans cette mouvance. Les pharisiens condamnés dans les Evangiles sont ceux qui privilégiaient la loi au détriment de l’amour du prochain. Nous-mêmes ne sommes pas à l’abri de ce type de pharisianisme. Tout cela ne signifie pas que nous n’avons pas besoin de suivre des règles, mais qu’elles ne peuvent remplacer l’amour du prochain et donc de Dieu.

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