Théophanie 2019 Saint-Prix

Nous fêtons aujourd’hui la Théophanie, le Baptême du Christ dans le Jourdain, l’une des douze grandes fêtes de l’Eglise orthodoxe. La nuit de Pâques, une des traditions veut que les célébrants revêtent une chasuble de couleur différente à chacune des 9 sorties, pendant le chant du canon des matines, quand le célébrant sort du sanctuaire pour encenser toute l’église. Chaque couleur symbolise une fête. Cette tradition met l’accent sur une constatation – la Résurrection du Christ a été précédée d’événements, sans lesquels la Résurrection n’aurait pu avoir lieu. Rien n’aurait été possible sans la Nativité de la Mère de Dieu, sans son acceptation de ce qui lui a été annoncé par l’archange Gabriel, acceptation que nous fêtons à l’Annonciation. Rien n’aurait été possible, sans la préparation spirituelle de la future Mère de Dieu, après sa Présentation au Temple de Jérusalem, et ainsi de suite. A ces fêtes correspondent des couleurs liturgiques qui leur sont propres.

L’Eglise fête tous ces événements positifs, mais Elle commémore également des événements qui le sont moins. La Résurrection a été précédée par la Passion du Christ, par Ses souffrances et Sa mort. Sa naissance a été suivie de l’exécution de 14 000 enfants, ordonnée par le roi Hérode. Le roi craignait d’être supplanté dans l’avenir par le Messie, dont les mages avaient annoncé la naissance. Ces enfants sont les premiers martyrs chrétiens, même s’ils sont des martyrs involontaires ; ils sont commémorés le 29 décembre, quatre jours après la Nativité.

Les esprits chagrins, les détracteurs du christianisme peuvent se servir de cet événement pour poser la question, habituelle – comment un Dieu bon peut-il tolérer le massacre d’enfants innocents, d’autant plus que ce massacre est une conséquence de la naissance du Christ ? Le problème du mal interpelle les chrétiens, au même titre que ceux qui ne le sont pas. L’explication serait que Dieu tolère le mal, parce qu’Il laisse l’homme libre de choisir entre le mal et le bien. Toute la difficulté pour l’homme est de faire preuve de discernement, et demander l’aide de l’Esprit, car pour brouiller les pistes, le Malin déguise souvent les mauvaises actions en bonnes. Si les mauvais étaient punis ici-bas, et les bons étaient récompensés en ce monde, il faudrait être stupide pour ne pas faire le bien. Ce ne serait alors qu’un calcul et nous ne serions bons que par intérêt et non parce que c’est ce que Dieu attend de nous. La foi ne serait alors plus la foi.

Il est aussi écrit dans les Evangiles « que l’homme ne doit pas s’inquiéter pour sa vie (…) que Dieu sait ce dont l’homme a besoin ». Le Christ ajoute qu’il faut « d’abord chercher le Royaume et que le reste sera donné par surcroît ». Là aussi, comme dans la question du mal, il faut une bonne dose de foi pour s’en convaincre.

Mais revenons au baptême du Christ que nous fêtons aujourd’hui. Les ablutions rituelles de purification étaient et restent courantes chez le Juifs. L’ablution, l’immersion dans le Jourdain proposée par Jean-le-Baptiste est d’un autre ordre. Ceux qui viennent à lui le font pour se laver de leurs péchés. Il est alors légitime de se poser une question – pour quelle raison, le Christ, parfait par essence, est-Il venu se plier à un rite de purification destiné à effacer les péchés du baptisé ? L’une des réponses est que le Christ, par Sa vie, nous a indiqué la voie à suivre. Et nous devons L’imiter autant que possible. Le péché, mis-à-part, Il est passé par toutes les épreuves auxquelles nous sommes confrontés. Il est né et a vécu en être humain à part entière. Il a été soumis à la tentation dans le désert. Il a eu faim, Il a eu soif. Il a éprouvé de la fatigue. Il a ressenti de la tristesse quand Son ami Lazare est mort. Il a éprouvé de l’angoisse avant de souffrir et mourir sur la Croix. Nous aussi sommes soumis à la tentation, mais, nous, nous y succombons. Et nous avons beaucoup de mal à supporter les épreuves.

Notre baptême, qui reproduit celui de Jean-Baptiste, a effacé nos péchés, mais pour tous les péchés commis après le baptême, nous sommes appelés à le renouveler au moyen de la confession, en particulier pendant le Grand carême qui pointe à l’horizon. Chaque fête est un jalon qui nous aide à avancer dans la voie qui mène au Royaume.

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