Annonciation 2019

 Le Nouvel an liturgique a été fixé au 1-er septembre par les Pères du 1-er Concile œcuménique en 325. Personne n’ayant la moindre idée de la date de la Création du monde, il a bien fallu trouver un critère pour fixer la date du nouvel an ecclésial. Les historiens avancent deux raisons à ce choix. La première n’a rien de poétique – le nouvel an fiscal était fixé au 1-er septembre dans l’Empire byzantin. La seconde fait coïncider le nouvel an ecclésial avec la victoire de l’empereur Constantin sur Maxence, son rival romain, suivie de l’Edit de Milan, qui a mis fin aux persécutions des chrétiens et leur a accordé la liberté. Il aurait, sans doute, été tout aussi pertinent et même plus logique de faire partir l’année liturgique du jour où nous fêtons l’Annonciation, point de départ de l’incarnation du Dieu fait homme, qui selon les lois de la nature, sera suivie de la Nativité, neuf mois plus tard. La conception a été divine, la naissance – humaine.

L’homme a été créé par Dieu, en tant que co-créateur. Le premier homme était censé parfaire la Création, en coopération avec Dieu. La coopération a été sabotée par Adam, avec les conséquences que l’on sait – la mortalité, les maladies physiques et spirituelles, la propension à pécher, alors que l’homme était censé avancer sur la voie de la perfection et vivre éternellement. Dieu nous a donné une nouvelle chance en faisant naître le Christ d’une mère qui ne se distinguait des autres femmes que par ses qualités, certes hors du commun, mais humaines. La Mère de Dieu n’est pas une quatrième personne divine, mais un être aussi proche que possible de la perfection, malgré sa faiblesse toute humaine. La coopération entre Dieu et l’homme, pour le sauvetage de l’humanité déchue, s’est donc poursuivie, entre autres, par l’intermédiaire d’une toute jeune femme d’exception et de son futur époux. Dans les Evangiles il est question de l’Annonce faite à Marie par l’Ange Gabriel, rapportée dans l’Evangile de Luc, mais aussi de l’annonce faite à Joseph, rapportée dans l’Evangile de Matthieu, quand un Ange lui apparaît en songe et lui demande de ne pas répudier sa fiancée, enceinte de l’Esprit, alors qu’il est rongé par le doute et pense répudier Marie.

Le concept de « Sainte famille », est répandu en Occident, mais n’a pas cours au sein de l’Eglise orthodoxe. En revanche, Saint Joseph est vénéré pour son humilité, son obéissance à l’Esprit, sa fidélité, et sa foi qui lui a permis de surmonter ses doutes. Cette profonde humilité est un trait commun à la Mère de Dieu et à son époux. Les Evangiles ne les évoquent que très peu. Les textes des offices ne mentionnent que rarement saint Joseph, et les offices des fêtes mariales se fondent presque exclusivement sur les Evangiles apocryphes, de la tradition orale, dont la canonicité n’a pas été retenue par l’Eglise. Le rôle discret, mais primordial de la Mère de Dieu et de Joseph rappelle que l’humilité est une des conditions essentielles à l’accueil du Christ. C’est pour cette raison que les Pères de l’Eglise placent l’orgueil au premier rang des passions contre lesquelles tout être humain doit lutter et l’humilité au premier rang des vertus.

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