Dimanche du Pardon 2011

 

            Nous allons entrer dans quelques heures dans la période du Grand carême. Auparavant, nous aurons célébré les vêpres du Pardon qui rappellent que nul ne peut approcher du Royaume sans avoir laissé de côté ses rancoeurs, sans avoir pardonné ceux qui l’ont offensé. Ce pardon est exigé des ecclésiastiques qui s’apprêtent à célébrer quelque office que ce soit. C’est écrit noir sur blanc dans les premières ou les dernières pages des liturgies, dans les notes explicatives. Ce qui est une exigence pour les clercs, est une forte recommandation pour les laïcs. Et le « déposons maintenant tous les soucis de ce monde », chanté par le chœur, concerne l’ensemble de la communauté – clergé et fidèles.

            Le pardon des offenses est un passage obligé pour un chrétien. Nous ne pouvons pas en faire l’économie. Pour ce qui est de l’amour des ennemis, la difficulté est moindre si nos ennemis ne sont en fait pas de vrais ennemis, de la même façon, si les offenses ne sont pas trop sérieuses, elles sont plus faciles à pardonner. En revanche, dans les cas plus graves, cela risque d’être au-dessus de nos forces. Essayons alors au moins de souhaiter du bien à ceux qui nous haïssent, et en tout cas, de ne jamais leur souhaiter de mal, de ne jamais nous réjouir s’il leur arrive quelque chose de désagréable.

            Vous connaissez tous les modalités du Grand carême. La question est évoquée chaque année au même moment. Tous les prêtres n’ont pas la même approche, et, de toute façon, cette question doit se régler au cas par cas avec le confesseur ou le père spirituel.

            Je propose, cette année, que nous fournissions un effort dans un domaine particulier qui est très important et dans lequel nous ne sommes pas très performants. Nous savons que le Christ nous demande de ne pas juger notre prochain, et Il ajoute que nous serons jugés par Dieu de la même façon que nous avons jugé nos semblables. Si nous prenons ces paroles au sérieux, et nous sommes tenus de le faire, puisque ces paroles ont été prononcées par le Christ Lui-même, nous ne pouvons que constater que nous allons au-devant de grands ennuis.

            Le maximalisme en matière d’efforts spirituels est inefficace au niveau des paroisses. Nous ne sommes pas des moines, nous vivons dans le monde. Alors faisons une expérience, remplaçons une mauvaise habitude par une autre, meilleure. A chaque fois que nous pensons du mal de quelqu’un, à chaque fois que nous le jugeons, trouvons lui immédiatement une, ou si possible plusieurs qualités. A chaque fois que nous disons du mal de quelqu’un, parce que nous avons été incapables de nous maîtriser, essayons de lui trouver, de suite, des circonstances atténuantes.

            Seuls, essayons de ne voir que les qualités de ceux que Dieu met sur notre chemin. Entre amis, remplaçons les séances de médisances par des séances de « bien-disances »- il n’y a pas de mot pour exprimer cette idée, il faut bien en inventer un.

            J’ai eu l’intention de vous faire une démonstration aujourd’hui, sans filet, en disant tout le bien que je pensais de chacun d’entre vous. Je l’ai fait mentalement en vous imaginant en face de moi, et me suis rendu compte que cela pourrait en gêner certains, que cela pourrait être indiscret, et aussi que cela doublerait le temps de la liturgie, ce qui ne satisferait personne.

            Ce que j’ai fait pour chacun d’entre vous, les présents comme les absents, en préparant la liturgie d’aujourd’hui, vous êtes tous capables de le faire pour vos proches, vos amis, vos connaissances, les gens que vous rencontrerez.

            Si nous systématisons cette approche, si elle devient une habitude, et l’une des finalités du carême est de changer nos habitudes quand elles nous détournent de Dieu, cette démarche mettra tout le monde de bonne humeur et nous rapprochera un peu de notre prochain, et donc de Dieu.

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