4-ème dimanche de carême 2019 Mc 9, 17-31

Le Christ, à qui un homme se plaint de ce que les apôtres n’ont pu guérir son fils, traite l’homme en question, ainsi que la foule qui l’entoure et les apôtres, de « génération incrédule ». Et, ensuite, dans le dialogue avec le père de l’enfant, Il ajoute que « tout est possible à celui qui croit », à celui qui a la foi. En ces temps troubles, et pas seulement dans la vie des Eglises, nous pouvons, par manque de foi, être découragés et être tentés de baisser les bras, succombant à l’esprit d’abattement, dont il est question dans la prière de Saint Ephrem.

Je voudrais partager avec vous une analyse, faite en 1979 par le Métropolite Georges Khodr du Liban dans son livre autobiographique « Et si je disais les chemins de l’enfance », où il s’adresse aux lecteurs par le biais d’un ami imaginaire, dont il évoque le parcours spirituel. Plutôt que de faire de la paraphrase, je préfère vous livrer quelques extraits de ce livre qui sont d’une actualité brûlante.

« Nulle part, l’homme ne reçoit autant de blessures que dans l’Eglise. Dans la société, l’homme s’attend à être meurtri. Mais l’Eglise n’est-elle pas censée être meilleure que la société ? En fait, les deux souffrent des mêmes maux. Je ne pense pas que les blessures reçues dans l’Eglise puissent jamais se cicatriser. Pourtant c’est dans l’Eglise que nous recevons l’Evangile vivant. (…) Nous n’avons pas d’autre choix que de rester dans l’Eglise des pécheurs ; notre croix consiste à accepter les autres comme ils sont. Nous demeurerons dans l’Eglise parce que c’est là seulement que se trouvent le corps et le sang de notre Seigneur et Maître. Sans eux, il n’y a aucune vie en nous. Nous devons rester dans l’Eglise (…), car nous sommes dans l’attente d’un miracle qui nous transformerait. (…) Bien que porté au baptême par ses parents, l’homme devient rarement pleinement chrétien. (…) Pour beaucoup, le baptême se limite à une immersion dans l’eau. Tant de chrétiens, prêtres et évêques compris, restent insensibles au souffle de l’Esprit. (…) Mon ami s’attendait aux pires abominations, comme aux choses les plus futiles de la part des pasteurs et de leurs ouailles. (…) Il finit par considérer que le diable semblait prendre un malin plaisir à se venger de l’Eglise par le contrôle de ses chefs, qu’il dotait d’une autosatisfaction imperméable à toute critique, celle-ci étant aussitôt qualifiée de tendancieuse. Paradoxalement, son analyse de la triste réalité de la vie ecclésiastique, renforçait mon ami dans sa conviction que l’Eglise est le lieu du salut et que le Christ y trouve toujours un endroit où poser Sa tête. Car c’est en elle seule que la mort n’a plus de prise sur nous, que les consolations divines nous sont prodiguées en abondance ». (extraits des pages 78 à 80)

La vision de Mgr Georges Khodr, évoquée il y a maintenant 40 ans, peut sembler pessimiste, même si elle est réaliste. Cette vision reste actuelle. N’oublions pas, cependant, que les crises, plus ou moins importantes, y compris au sein de l’Eglise, font jaillir des saints et des personnalités hors du commun, comme notre archevêque, qui permettent de garder espoir et de consolider notre foi, si souvent chancelante. Rappelons que les persécutions subies par l’Eglise russe, dans le but de la détruire complètement, l’ont, au contraire, sauvée par le nombre impressionnant de ses saints martyrs. La crise que nous traversons actuellement sera-t-elle assez grave pour nous sauver ?

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