Résurrection de Lazare 2019   Jean 11, 1-45

A une semaine d’intervalle, l’Eglise fête deux résurrections – aujourd’hui, celle de Lazare, puis celle du Christ, dans la nuit de samedi prochain. Les deux résurrections sont très différentes – pour Lazare, il ne s’agit d’ailleurs que d’un sursis. Evêque, il mourra une seconde fois, comme tout le monde, trente ans plus tard, à Chypre.

La résurrection de Lazare n’a donc qu’une importance relative ; celle du Christ est, en revanche, fondatrice. « Sans la résurrection du Christ, notre foi serait vaine » – a affirmé l’apôtre Paul, à juste titre, dans sa 1-ère épître aux Corinthiens. Le Christ, ne S’était pas déplacé pour guérir Son ami Lazare. Il n’est pas intervenu pour éviter sa mort. Il avait, en quelque sorte, programmé sa résurrection pour conforter la foi des apôtres et des disciples au sens large, et éventuellement la foi de la foule qui L’avait suivi pendant un peu plus de deux ans. L’évangéliste Jean mentionne trois Pâques dans son récit de la vie publique du Christ, qui se serait donc étalée sur deux ans et demie.

Une résurrection est un miracle spectaculaire. Mais si plusieurs personnes avaient déjà été ramenées à la vie par le Christ, alors qu’elles venaient de mourir, ici, la résurrection intervient quatre jours après la mort de Lazare. Marthe et Marie reprochent au Christ, séparément, mais avec les mêmes mots, de ne pas être venu plus tôt, de ne pas avoir guéri leur frère, quand c’était encore possible. Aux apôtres qui, comme d’habitude, ne comprennent pas trop ce qui se passe, et encore moins la raison pour laquelle le Christ n’est pas intervenu avant, le Christ répond que « cette mort et cette résurrection se sont produites afin qu’ils croient », afin qu’ils aient la foi.

Nous savons, cependant, que la Transfiguration du Christ et Ses nombreux miracles, dont celui que nous fêtons aujourd’hui, n’ont pas été suffisants pour conforter la foi des apôtres de façon définitive. Ils l’ont perdue non loin de la Croix, qu’ils avaient fuie, ou à son pied, en ce qui concerne l’apôtre Jean. Et aux incrédules, l’on peut ajouter Judas, qui s’est suicidé non seulement parce qu’il était pris de remords, mais peut-être aussi parce qu’il avait mis toute sa confiance en un Christ chef politique, tout comme la foule qui L’avait accueilli triomphalement à Jérusalem, avec des rameaux. Elle n’avait pas compris pour quelle raison Il S’était laisser arrêter sans résistance, sans faire appel aux disciples et apôtres pour Le défendre. Lui qui avait guéri des malades et fait revenir des morts à la vie, n’avait rien fait pour éviter l’arrestation et le supplice de la Croix. L’argument est d’une logique humaine imparable et est donc recevable – à leur place, nous n’aurions pas fait mieux.

Toutes les résurrections et miracles opérés par le Christ n’ont donc affermi la foi de leurs témoins qu’à court terme. La seconde Résurrection, celle que nous allons fêter à Pâques, change tout. C’est à la lumière de cette résurrection que disciples et apôtres vont retrouver la foi qui sera transmise de génération en génération, jusqu’au petit Boris qui – beau symbole, sera baptisé demain, au cours de notre liturgie dominicale.

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