2-ème dimanche du Grand carême

2-ème dimanche du Grand Carême

 

            Avec Saint Grégoire Palamas à qui est consacré le deuxième dimanche de carême, l’Eglise fête aujourd’hui de nombreux autres saints. Il y a Saint Patrice ou Patrick, un moine de la laure, c’est-à-dire du monastère Saint Sabbas, martyrisé au 8-ème siècle par les Sarrasins dans la région de Jérusalem avec 19 autres moines. L’Eglise fête aussi la sainte martyre Claire, également appelée Photine ou Svetlana. Il s’agit de la Samaritaine, celle dont l’évangéliste Jean rapporte la rencontre avec le Christ. Nous connaissons bien le récit de sa conversion, mais sa vie de chrétienne reste méconnue de la plupart d’entre nous.

             D’après la tradition, la Samaritaine est partie avec son fils Josias à Carthagène, au sud de l’Espagne, pour y annoncer l’Evangile à l’époque de l’empereur Néron, tandis que son fils aîné Victor combattait avec succès les barbares en Asie Mineure et obtenait comme récompense le titre de chef militaire romain de la ville d’Attalie, au sud de la Turquie actuelle. Le représentant civil de l’empereur à Attalie, qui s’appelait Sébastien, conseilla un jour à Victor de pratiquer sa religion en secret et de demander à sa mère d’en faire autant, pour échapper aux persécutions. Après avoir prononcé ces paroles, Sébastien éprouva une forte douleur, perdit instantanément la vue et devint muet. Trois jours plus tard, il retrouva la parole pour annoncer qu’il se convertissait, car il avait compris que le Christ était Dieu. Il recouvra aussitôt la vue. Sa conversion fut suivie de celle de toute sa maisonnée. Tous furent convoqués à Rome pour y rendre des comptes. Leur martyre durera trois ans. Les tortures les plus terribles restant sans résultat, Néron les fit mettre à mort au bout de cette longue période, la Samaritaine en dernier, deux semaines après que ses enfants et ses sœurs aient eu la tête tranchée pour certains, aient été écartelés pour les autres.

            L’Eglise fête donc aujourd’hui les saint martyrs Photine, la Samaritaine, ses fils Victor et Josias, ses cinq sœurs: Anastasia, Phota, Photide, Parascève et Kiriaki, et Sébastien, le fonctionnaire romain qui s’était converti.

            Les martyrs pour la foi sont des modèles à suivre. Le mot martyr signifie témoin. Le Christ attend de nous que nous soyons Ses témoins. Nous sommes tous appelés à être des martyrs, c’est-à-dire à témoigner de notre foi. Sur le continent européen, la région du Kosovo mise à part, le témoignage de leur foi ne fait plus courir de grands risques aux chrétiens. Depuis le démantèlement de l’Union soviétique et la chute de tous les régimes totalitaires et violemment antireligieux de l’Europe de l’Est, les chrétiens ne risquent plus que de subir des moqueries ou le mépris plus ou moins exprimé des pseudo-élites intellectuelles. Ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus difficile à assumer dans la vie. En revanche, nous devons prendre notre rôle de témoins au sérieux. Le Christ nous a appelés à éclairer le monde, à devenir le sel de la terre. Notre témoignage peut être rendu par des mots, mais il doit surtout être implicite et se manifester par des faits. Notre vie ne doit pas détruire l’impact que pourraient avoir nos paroles. Notre attitude au travail, ou sur le lieu de nos études, dans la vie de tous les jours, notre vie sociale doit être exemplaire au sens propre. Si nous allons à l’Eglise en traînant des pieds, nous ne donnerons jamais à nos proches l’envie d’y aller. Si nous avons la prétention d’être chrétiens et adoptons un mode de vie égoïste, si nous ne vivons que pour nous, si nous ne cessons de juger les autres et partons du principe que nous-mêmes sommes irréprochables, nous devenons des contre-exemples. Essayons de ne pas l’oublier. Essayons d’être crédibles. Si nous étions parfaits, les églises seraient pleines et le monde irait mieux. Nous avons tendance à oublier que ce qui va mal dans le monde relève aussi de notre responsabilité personnelle. Malheureusement nous ne sommes pas parfaits et les efforts que nous fournissons semblent bien insuffisants, tant nous sommes loin de ce que Dieu attend de nous. Le Malin pourrait alors nous suggérer de baisser les bras et nous laisser aller à la facilité dans la mesure où nous ne pouvons que constater à quel point nos efforts sont inefficaces. Mais plutôt que de sombrer dans un désespoir qui pourrait sembler légitime, au regard de nos insuffisances, ne vaudrait-il pas mieux écouter les conseils des pères du désert, les plus grands spécialistes en matière de spiritualité. « Plus l’homme s’approche de Dieu, plus il se voit pécheur » a écrit l’un. Un autre a dit cette parabole : »Deux hommes cultivaient la terre. L’un récolta de petits fruits chétifs de ce qu’il avait semé. L’autre qui avait négligé de semer ne récolta absolument rien. En cas de famine, quel est celui des deux qui aura de quoi vivre ? Celui qui a récolté les petits fruits chétifs »- répond le père de l’Eglise.

            Si nous voyons à quel point nous sommes pécheurs, c’est que tout n’est pas perdu. Et si les résultats que nous obtenons sont dérisoires, continuons de semer de petites graines même chétives et nous ne « mourrons pas de faim. »

                         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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