dimanche du Pardon 2012 + dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie

Dimanche du Pardon 2012

            Nous entrerons tout à l’heure dans le Grand carême après les vêpres du Pardon qui suivront nos agapes. Le Grand carême est celui que nous négligeons le moins, celui où nous essayons tant bien que mal de remettre nos pendules spirituelles à l’heure. C’est l’occasion de faire un bilan spirituel avant de nous fixer des objectifs raisonnables, des objectifs que nous pourrons tenir en faisant tout de même des efforts. Le carême ne doit pas être trop « difficile », il ne doit pas être trop facile non plus. N’oublions jamais qu’il est un moyen et non une fin, et que nous l’observons, parce qu’il peut nous aider à progresser.

            En fait, pendant ces quarante-six jours qui précèdent Pâques, nous essayons de vivre comme nous devrions le faire tout le temps. Nous essayons d’évacuer de notre vie les obstacles qui se dressent sur la voie qui mène au salut. L’expérience nous fait constater que nous retombons toujours dans les mêmes ornières, et que nous avons un mal fou à nous débarrasser de ce qui nous empêche d’évoluer dans le bon sens, de ce qui nous empêche de nous rapprocher de Dieu et de notre prochain. En un mot, nous éprouvons le sentiment détestable de stagner. Les défauts que nous avons, peut-être, réussi à mettre entre parenthèses,  ne serait-ce qu’un peu, lors du dernier carême, sont revenus en force. C’est en tout cas l’impression que nous avons. Alors si cette impression semble fondée, à quoi bon se fatiguer, à quoi bon fournir des efforts qui nous sont pénibles, pour retomber dans nos travers dès que la tension du carême a disparu, dès que la joie pascale a pris sa place.

            Il y a un certain nombre de réponses qui nous sont suggérées par les Ecritures.

            Nous savons d’abord que nous serons jugés non sur nos résultats, mais sur notre persévérance. Et pour ce qui est des résultats, nous ne sommes pas vraiment aptes à les juger. Si nous estimons avoir fait des progrès, il y a de fortes chances pour que nous ayons versé dans l’orgueil. Si nous estimons que nos efforts ont été vains, nous commettons une erreur. Plus nous progressons, plus nous sommes sévères avec nous-mêmes, plus nous voyons nos défauts. Les Pères de l’Eglise utilisent une image très parlante  – Dieu est porteur d’une lumière éblouissante, plus nous nous approchons de Lui, plus nous sommes éclairés, plus nous voyons nos défauts, ces défauts qui n’apparaissaient pas dans la semi-obscurité de notre vie, ces défauts que nous ne voyions pas avant.

            Dieu nous appelle à la perfection. Pas plus que les apôtres du Christ, nous ne sommes capables d’atteindre cette perfection. Ne sombrons donc pas dans le désespoir. Dieu sait que nous ne pouvons pas atteindre cet objectif, nous le savons aussi, ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Pour utiliser une autre image, du monde scolaire cette fois, cela veut dire que dans notre spiritualité, c’est la méthode qui compte, notre disposition d’esprit, beaucoup plus que les résultats qui seront nécessairement approximatifs, bien qu’ils puissent toujours être améliorés. C’est à cela que fait allusion l’apôtre Jacques au début de son épître. C’est cela que nous devons toujours avoir en tête quand nous avons l’impression de reculer, alors qu’en fait nous avançons, même si le but semble s’éloigner au fur et à mesure de notre progression.

            Une autre raison de notre découragement est une forme d’orgueil qui ne dit pas son nom. Nous oublions que seuls, sans l’aide de l’Esprit, nous ne pouvons rien. Nous avons l’impression que nous pouvons être les seuls artisans de notre salut, que nous pouvons y parvenir par nos seuls efforts. C’est une erreur gigantesque. Nous sommes incapables d’atteindre la perfection par nos seuls moyens – et le Christ a répondu à l’objection de Ses disciples et à la nôtre : « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ». Dieu est là pour pallier nos insuffisances, mais sans nous, Il ne peut rien faire, non parce qu’Il en serait incapable, mais parce qu’Il attend notre participation, même modeste, parce qu’Il respecte entièrement notre liberté, parce qu’Il ne force jamais la main, tout en faisant des suggestions que nous n’entendons pas du fait de notre surdité spirituelle.

            Dieu est un médecin, Il est le médecin de notre âme et de notre corps. Nous voulons être guéris. Nous devons avoir confiance. Nous ne pourrons guérir seuls, nous ne pourrons guérir sans recourir au traitement proposé par le Christ. Nous devons avoir foi en l’efficacité de ce traitement. Sans cette foi, il restera inefficace.

            Acceptons nos limites avec humilité, laissons l’Esprit Saint faire Sa demeure en nous, mais faisons aussi l’effort d’adopter, sans discussion, un régime de vie qui fasse réellement de notre prochain et de Dieu nos priorités. L’ascèse qui nous est proposée par l’Eglise, ascèse spirituelle et matérielle – car nous sommes à la fois corps et âme, nous aide à ne pas nous disperser et à rétablir nos vraies priorités. 

             

 

 

 

 

Dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie, 1-er dimanche de carême.

 

            Nous avons célébré dimanche soir les vêpres du Pardon. Lundi soir, nous avons procédé à la lecture du Canon de Saint André de Crête. Ces deux offices nous ont vraiment fait entrer dans Le Grand-carême. Ceux qui n’ont pu venir à ce dernier office pourront le lire sur internet, même s’il leur manquera la prière collective et l’atmosphère particulière de cette lecture en église. Cette lecture n’appelle pas de commentaires, tant le texte est proche de la perfection.

            Le Grand-carême est celui que nous négligeons le moins, celui où nous essayons tant bien que mal de remettre nos pendules spirituelles à l’heure. C’est l’occasion de faire un bilan spirituel, avant de nous fixer des objectifs raisonnables, des objectifs que nous pourrons tenir, tout en mettant la barre suffisamment haut. Tout est affaire d’équilibre. Le carême ne doit pas être trop facile à observer, mais il ne doit pas être source de découragement. N’oublions jamais qu’il est un moyen et non une fin, et que nous l’observons, parce qu’il peut nous aider à progresser.

            En fait, pendant ces quarante-huit jours qui précèdent Pâques, nous essayons de vivre comme nous devrions le faire tout le temps. Nous essayons d’évacuer de notre vie les obstacles qui se dressent sur la voie qui mène au salut. L’expérience nous fait constater que nous retombons toujours dans les mêmes ornières, que nous avons un mal fou à nous débarrasser de ce qui nous empêche d’évoluer dans le bon sens, de ce qui nous empêche de nous rapprocher de Dieu et de notre prochain. En un mot, nous éprouvons le sentiment détestable de stagner. Les défauts que nous avons, peut-être, réussi à mettre entre parenthèses,  ne serait-ce qu’un peu, lors du dernier carême, sont revenus en force. C’est en tout cas l’impression que nous avons. Alors si cette impression est fondée, à quoi bon se fatiguer, à quoi bon fournir des efforts qui sont ressentis comme pénibles, pour retomber dans les mêmes travers dès que la tension du carême a disparu, dès que la joie pascale a pris sa place ?

            Les réponses se trouvent comme toujours dans les Ecritures.

            Nous savons d’abord que nous serons jugés non sur nos résultats, mais sur notre persévérance. Et pour ce qui est des résultats, nous ne sommes pas vraiment aptes à les juger. Si nous estimons avoir fait des progrès, il y a de fortes chances que nous ayons versé dans l’orgueil. Si nous estimons que nos efforts ont été vains, nous commettons une erreur. Plus nous progressons, plus nous sommes sévères avec nous-mêmes, plus nous voyons nos défauts. Les Pères de l’Eglise utilisent une image très parlante  – Dieu est porteur d’une lumière éblouissante, plus nous nous approchons de Lui, plus nous sommes éclairés, plus nous voyons nos défauts, ces défauts qui n’apparaissaient pas dans la semi-obscurité de notre vie, ces défauts que nous ne voyions pas avant.

            Dieu nous appelle à la perfection. Pas plus que les apôtres du Christ, nous ne sommes capables d’atteindre cette perfection. Ne sombrons donc pas dans le désespoir. Dieu sait que nous ne pouvons pas atteindre cet objectif, nous le savons aussi, ce n’est pas une raison pour baisser les bras. En utilisant une autre image, du monde scolaire cette fois, l’on peut dire que dans la spiritualité, c’est la méthode qui compte, la disposition d’esprit, beaucoup plus que les résultats qui seront nécessairement approximatifs, même s’il faut tout faire pour les améliorer. C’est à cela que fait allusion l’apôtre Jacques au début de son épître. C’est cela que nous devons toujours avoir en tête quand nous avons l’impression de reculer, alors qu’en fait nous avançons, même si nous ne le voyons pas, même si le but semble s’éloigner au fur et à mesure de notre progression.

            Une autre raison de notre découragement est une forme d’orgueil qui ne dit pas son nom. Nous oublions que seuls, sans l’aide de l’Esprit, nous ne pouvons rien. Nous avons l’impression que nous pouvons être les seuls artisans de notre salut, que nous pouvons y parvenir par nos seuls efforts. C’est une erreur gigantesque. Nous sommes incapables d’atteindre la perfection par nos seuls moyens – et le Christ a répondu à l’objection de Ses disciples et à la nôtre : « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ». Dieu est là pour pallier nos insuffisances, mais sans nous, Il ne peut rien faire, non parce qu’Il en serait incapable, mais parce qu’Il attend notre participation, même modeste, parce qu’Il respecte entièrement notre liberté, parce qu’Il ne force jamais la main, tout en faisant des suggestions que nous n’entendons pas du fait de notre surdité spirituelle.

            Dans les textes liturgiques, il est écrit que « Dieu est le médecin de notre âme et de notre corps ». Nous voulons être guéris. Nous ne pourrons guérir seuls, nous ne pourrons guérir sans recourir au traitement proposé par le Christ. Et surtout, nous ne pourrons guérir sans la foi.

            Acceptons nos limites avec humilité, laissons l’Esprit Saint faire Sa demeure en nous, et faisons aussi l’effort d’adopter, sans discussion, un régime de vie qui fasse réellement de notre prochain et de Dieu nos priorités. L’ascèse proposée par l’Eglise, ascèse spirituelle et matérielle – car nous sommes à la fois corps et âme, nous aide à ne pas nous disperser et à rétablir nos vraies priorités. 

             

 

 

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