Ascension-Pentecôte

Pentecôte 2015

La période qui va de Pâques à la Pentecôte est source de nombreuses interrogations. Nous pouvons en toute légitimité nous poser un certain nombre de questions et essayer de trouver des réponses, sachant qu’il peut y en avoir plusieurs, comme il peut ne pas y en avoir.

Trois premières questions se posent sur les jours qui ont suivi la Mort du Christ sur la croix et Sa résurrection. Pourquoi est-Il apparu en priorité aux femmes myrrhophores, pourquoi Ses disciples ne L’ont-ils pas immédiatement reconnu, et pourquoi n’est-Il pas apparu, en gloire, à Ses bourreaux, à la foule versatile qui, après L’avoir acclamé, a plébiscité Sa condamnation et Son supplice ?

Pour ce qui est des femmes, il vous a déjà été dit qu’elles avaient été probablement récompensées pour leur fidélité. Pour ce qui est des apôtres, il est difficile de concevoir comment, en l’espace de quelques jours, ils ont pu oublier les traits de Celui avec qui ils avaient passé presque trois ans. Et si l’on se réfère aux évangiles apocryphes, certains d’entre eux étaient très proches du Christ sur le plan familial. Dans notre tradition, la Mère de Dieu a épousé un veuf. Joseph aurait eu trois filles et quatre fils d’un premier mariage. Salomé, fille de Joseph, est l’une des sept femmes myrrhophores. Femme de Zébédée, elle est aussi la mère de deux apôtres – de Jacques et de l’évangéliste Jean.

Les quatre fils de Joseph – Jacques le mineur, Joseph, Simon et Jude, dont La Mère de Dieu était la belle-mère, ont vécu avec le Christ avant Sa vie publique. Comment tous ces proches, comment les apôtres ont-ils pu ne pas reconnaître le Christ après Sa résurrection ? Est-ce parce qu’ils étaient persuadés que tout était fini, que le Christ était bien mort ? Est-ce parce qu’ils ont cru être les victimes d’une hallucination collective ? Est-ce parce que le Christ ressuscité leur est apparu dans un corps transfiguré ? Est-ce parce qu’ayant perdu momentanément la foi, ils ont tous été atteints d’une forme de cécité spirituelle ? Nous n’avons pas de réponse.

Une autre question est tout aussi déroutante. Pourquoi le Christ n’est-Il pas apparu à tous Ses détracteurs, pourquoi n’a-t-Il pas converti, par une apparition bienvenue, à la fois les occupants romains et Ses compatriotes ? Pourquoi le Christ-homme n’a-t-Il pas fourni d’efforts particuliers pour convertir le peuple dont Il était issu ? Une conversion massive et définitive de ceux qui vivaient en Palestine, et pourquoi pas, dans tout l’Empire romain, une telle conversion obtenue par des arguments irréfutables, aurait été confortable, mais la liberté que Dieu accorde à l’homme aurait été piétinée. C’est peut-être la raison pour laquelle le Christ-ressuscité ne S’est pas trop attardé sur terre. Il a accompli les prophéties que nous avons entendues aux vêpres de l’Ascension, et Il a respecté notre liberté. L’Ascension n’a été supportable pour les disciples que parce qu’elle a été suivie de la Pentecôte.

Dans une des stichères du lucernaire de l’Ascension, il est chanté : « Seigneur, lorsque Tes apôtres T’ont vu T’élever sur les nuées, Toi le Christ, Donateur de vie, remplis de tristesse, ils se lamentaient et, tout en larmes, ils disaient : Maître, ne nous laisse pas orphelins, nous Tes serviteurs, que par miséricorde Tu as aimés, car Tu es compatissant, mais comme Tu l’as promis, envoie-nous Ton Esprit très Saint afin qu’Il illumine nos âmes ».

La Pentecôte est l’aboutissement de la Résurrection et de l’Ascension. La Pentecôte que nous fêtons aujourd’hui, la descente de l’Esprit Saint sur les disciples, est renouvelée au moment de la chrismation des baptisés. Elle est réactualisée à chaque liturgie.

Le Christ avait promis un Consolateur, Il avait promis le soutien de la troisième Personne de la Trinité. C’est résumé dans le canon des matines de la fête :

« En vérité, ô Christ, comme Tu l’avais jadis promis à Tes disciples, Tu as envoyé l’Esprit consolateur ; Lumière, Tu as resplendi pour le monde, ô Ami des hommes ».

«  Seigneur, Tu as répandu Ton Esprit en abondance sur toute chair selon Ta promesse, et tout s’est empli de Ta connaissance ; car c’est du Père que le Fils est engendré sans changement et que procède l’Esprit indivisible ».

Toute tentative d’explication de ce qu’est la Trinité, toute tentative de définition est limitée par notre imperfection. La foi prend la place de la logique humaine avec le soutien de l’Esprit. A partir d’aujourd’hui, nous réintégrons la prière à l’Esprit, au Roi céleste dans nos offices et dans nos prières personnelles.

Puisque le mot « roi » est utilisé, demandons-nous qui règne vraiment sur nos vies – l’Esprit ou le monde, avec sa séduction et ses artifices ? Demandons-nous également dans quelle mesure nous sommes prêts à accepter que ce soit l’Esprit. Sommes-nous à notre service ou à celui de Dieu ?

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