Dimanche des rameaux

         L’Eglise a fêté hier la Résurrection de Lazare et aujourd’hui l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Les deux événements sont liés dans notre calendrier liturgique. Ils marquent la fin du Grand carême qui s’achève ce soir, juste avant le début de la Semaine de la Passion.

         Mgr Kallistos Ware a écrit que « le rôle du christianisme n’était pas de fournir des réponses faciles à nos questions, mais de nous faire prendre conscience progressivement du mystère ». Et il a ajouté que « par mystère, nous n’entendions pas simplement le surprenant, l’énigme ou le problème insoluble, mais qu’un mystère était, au contraire, quelque chose qui était révélé à notre entendement, mais que nous ne comprenions jamais pleinement, parce qu’il nous menait à la profondeur, à l’obscurité de Dieu. Nos yeux étant à la fois fermés et ouverts ».

          L’humanité du Christ, associée à Sa divinité est un de ces mystères. Ses disciples ont accompagné quelqu’un qui était vraiment homme et, jusqu’à la Résurrection, ils ne sont pas allés plus loin. Ils n’ont vraiment compris tout ce que le Christ avait dit qu’après Sa Résurrection. Pour ce qui est de Lazare – le Christ a commencé par annoncer que sa mort ne serait que provisoire, que « sa maladie n’aboutirait pas à la mort, mais servirait à la gloire de Dieu ». Ces paroles avaient été accueillies avec scepticisme. Comment un homme pouvait-il tenir de tels propos ? Le Christ aurait pu guérir Lazare encore vivant, comme Il l’avait fait pour beaucoup d’autres, mais une résurrection après plusieurs jours de mort clinique paraissait inconcevable. Le Christ-homme a pleuré Lazare, le Christ-Dieu l’a fait revenir à la vie. Les sœurs de Lazare et les disciples avaient compris qu’Il était certes un homme, mais pas comme les autres. Les miracles dont ils avaient été les témoins indiquaient qu’Il était un peu plus qu’un homme normal, qu’Il était sans doute le Messie, le roi que les Juifs attendaient. La résurrection de Lazare les a étonnés, mais confortés. La foule qui L’a accueilli triomphalement à Jérusalem a partagé cette opinion.

        La crucifixion du Christ et Sa mort sur la Croix ont eu raison de l’enthousiasme des habitants de Jérusalem, et ont plongé les apôtres dans le désespoir. L’enseignement du Christ, Ses miracles, Sa Transfiguration sur le Mont Thabor, les annonces de Sa mort et de Sa résurrection n’ont pas suffi. Les disciples ont perdu la foi au pied de la Croix. Sans la Résurrection, ils n’auraient jamais cru en Sa divinité.

           La foi en la divinité et l’humanité du Christ a été une certitude pour les témoins directs, pour ceux qui L’ont rencontré et ont pu Le toucher après la Résurrection. Pour les générations qui ont suivi jusqu’à notre époque, la certitude des témoins a été remplacée par la certitude de la foi. Cette certitude n’a pas été partagée par tout le monde. Des hérésies sont nées, certains ont nié soit la divinité, soit l’humanité du Christ. C’est là que nous sommes rattrapés par la notion de mystère. Comment un Dieu peut-Il Se faire homme, comment peut-Il S’incarner ? Comment peut-Il être à la fois complètement homme et complètement Dieu ? Quelles sont les interférences entre Sa divinité et Son humanité, en particulier dans Son enfance ? Comment un Dieu peut-Il passer par l’étape de la mort ? Voilà un certain nombre de questions qui dépassent notre raison et auxquelles il nous est très difficile de répondre. Mais est-il vraiment utile de se poser ces questions ?

         Notre foi n’est pas une certitude logique. Nous sommes invités à intégrer l’enseignement du Christ développé dans les Evangiles, à adhérer à la foi de l’Eglise et surtout à la vivre. Les Evangiles ont admis la possibilité d’une coexistence de la foi avec le doute. C’est même la norme pour la plupart d’entre nous, comme cela l’a été pour les apôtres. Cette coexistence a été résumée par les paroles du père qui demandait au Christ la guérison de son enfant : « Seigneur, je crois, viens à l’aide de mon manque de foi ». N’hésitons pas à reprendre cette prière à notre compte.

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