1-er dimanche après la Pentecôte, de tous les saints  Hb 11, 33-12, 2  Mt 10, 32-33, 37-38 19, 27-30

                  Nous fêtons aujourd’hui tous les saints. Il faut d’abord s’entendre sur le sens exact de ce mot. En fait, ce mot a plusieurs sens. Dieu est saint. « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous » – disons-nous en nous adressant à Dieu. La Sainteté de Dieu est différente de celle des hommes. Sa Sainteté est une autre façon de désigner Sa divinité qui Lui est propre. Sainteté est alors synonyme de perfection. Pour ce qui est de l’homme, la notion de sainteté prend deux sens différents. Les premiers chrétiens étaient des saints, dans le sens où ils revendiquaient leur appartenance à Dieu – c’est ce que nous continuons de faire à chaque liturgie, quand nous faisons nôtres les paroles qui concluent petites et grandes litanies: « confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et confions toute notre vie au Christ notre Dieu ». L’ambiguïté de la notion de sainteté est levée un peu avant la communion, quand le célébrant annonce, en élevant l’Agneau: « les saints Dons aux saints » et quand le chœur répond au nom de tous les présents: « Un seul est saint, un seul est Seigneur, Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père. Amen. » La première phrase signifie que les saints Dons, c’est-à-dire les Dons qui appartiennent à Dieu, qui sont propres à Dieu, vont être distribués aux saints, c’est-à-dire aux chrétiens rassemblés qui s’efforcent ou, en tout cas devraient s’efforcer, d’appartenir à Dieu. La seconde phrase signifie que Dieu seul est parfait, Dieu seul est vraiment, totalement saint. Nous, chrétiens, ne sommes saints que dans le sens de notre appartenance à Dieu. Pour ce qui est de la perfection, nous en sommes loin, même si nous sommes appelés à être parfaits, comme Dieu est parfait, à être saints, comme Dieu est saint. Nous sommes appelés à compléter l’image, que nous sommes de Dieu, par la ressemblance avec Lui, que nous devons rétablir, pour revenir à la situation d’avant la chute de l’homme. C’est ce qu’écrit l’apôtre Pierre dans sa première épître: « de même que Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi devenez saints dans toute votre conduite, parce qu’il est écrit: Soyez saints, car Je suis saint ».

            Les saints qui sont fêtés aujourd’hui sont ceux qui, par un aspect de leur vie, ont montré la voie à suivre. C’est pour cette raison que l’Eglise les présente comme des modèles qui doivent nous guider. Ils ne sont pas saints parce qu’ils auraient atteint la perfection de leur vivant. C’est impossible. Ils sont saints parce qu’ils ont, chacun à leur façon, entièrement assumé leur appartenance à Dieu, parce qu’ils se sont mis, chacun à leur façon, au service exclusif de Dieu et de leur prochain, et non au service du monde.

            Les voies tracées par nos prédécesseurs sont toutes différentes les unes des autres. Certains saints nous sont plus proches, d’autres le sont moins. A nous de choisir les modèles qui conviennent à notre personnalité. Le point commun de tous les saints est la priorité absolue qu’ils ont accordée à Dieu et à leur prochain.

            Leur exemple peut sembler difficile à suivre. Nous sommes faibles, notre foi est insuffisante. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras, ce n’est pas une raison pour renoncer. L’apôtre Pierre propose d’adopter une attitude qui vient au secours de notre manque de foi: « Ayez avant tout un amour constant les uns pour les autres, car l’amour couvre une multitude de péchés ». L’évangéliste Jean ajoute: « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et Son amour, en nous, est accompli ». L’apôtre Jacques nous enjoint d’être persévérants: « Heureux l’homme qui endure l’épreuve, parce qu’une fois testé (par Dieu, évidemment), il recevra la couronne de la vie.

            Reprenons une image utilisée par le Christ: si nous ne lisons pas les Ecritures, si nous ne nous en imprégnons pas, il nous sera aussi difficile de devenir de vrais chrétiens, qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille. Comment pourrions-nous manifester notre appartenance à Dieu, comment pourrions-nous manifester notre sainteté, au sens où l’entendaient les premiers chrétiens, sans prendre connaissance de la marche à suivre pour répondre à l’invitation au Royaume, alors que cette marche à suivre est développée à toutes les pages des Evangiles, des Actes des apôtres et des épîtres ?

            Il est impossible d’assimiler, de faire totalement sien l’enseignement des Evangiles et donc de le mettre en pratique dans sa vie quotidienne, en se conformant à la volonté de Dieu, comme le Christ S’est conformé à la volonté du Père, si l’on se limite aux extraits lus pendant les offices. Notre appropriation des Ecritures, c’est à dire la connaissance de la volonté divine, doit se fonder sur une lecture systématique et régulière pour être efficace. Ce qui n’est pas clair un jour, le deviendra plus tard et nous pourrons tenter de mettre en œuvre ce qui nous est demandé.

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