Théophanie  Mt 3, 13-17  Tt 2, 11-14, 3, 4-7

            Nous avons aujourd’hui beaucoup de raisons de nous réjouir. Il serait difficile de toutes les énumérer. Il y en a déjà cinq qui tombent sous le sens.

            La première est que nous sommes réunis pour célébrer ensemble une liturgie dominicale. Notre paroisse regroupe des fidèles très différents les uns des autres, des personnes qui ne se seraient sans doute jamais rencontrées ailleurs. Notre point commun à tous est notre foi. Quand nous nous rassemblons ici, nous répondons à l’invitation de Dieu et dans le même temps nous l’invitons ou plutôt, Il s’invite, puisqu’Il est chez Lui. Une des conditions incontournables pour que cette invitation soit réussie est notre entente. C’est le cas. Nous formons un vraie, grande famille.

            La deuxième raison de se réjouir est la Théophanie, le baptême du Christ que nous fêtons aujourd’hui et dont nous connaissons tous le sens et la raison d’être.

            A cette grande fête s’ajoutent, en lien direct avec elle, une troisième et quatrième raisons de nous réjouir. Notre communauté accueille deux nouveaux membres. La servante de Dieu Gisèle a été reçue dans l’orthodoxie au début de la liturgie, et l’enfant Elsa est aujourd’hui baptisée et chrismée sous le nom de la mère de Saint Jean-Baptiste et d’une néo-martyre russe du 20-ème siècle et elle va être présentée au temple juste avant la communion. 

            Il se pose deux questions essentielles. Est-il nécessaire d’être baptisé et est-il nécessaire d’être orthodoxe pour être sauvé, pour répondre à l’invitation de Dieu d’entrer dans Son Royaume, et si possible, dès maintenant, sur terre ?

            Pour le baptême, nous ne faisons qu’obéir à l’injonction du Christ qui, à la fin de l’Evangile de Matthieu, demande aux disciples de parcourir le monde, en faisant connaître tout ce qu’Il a prescrit et en baptisant les futurs chrétiens au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Nous reconnaissons le baptême des catholiques et des protestants, parce qu’il n’y a qu’un seul baptême. Le baptême n’est jamais une garantie automatique de salut. S’il ne s’agit que d’un rite social, s’il n’est pas suivi d’une vie empreinte de la marque des Béatitudes, et de l’aspiration au bien, c’est-à-dire de l’aspiration à Dieu, le baptême sera inefficace. La synergie que Dieu nous propose, c’est-à-dire la coopération de l’homme avec son Créateur, suppose des efforts de la part de l’homme et sa volonté de coopérer. Dans son épître aux Romains, Saint Paul explique « que ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la mettent en pratique ». Et l’apôtre ajoute « que des païens, sans avoir de loi, peuvent faire naturellement ce qu’ordonne la loi ». Ils rentrent alors dans la catégorie de ceux qui seront justifiés.

            Si des païens peuvent être sauvés, pour quelle raison des chrétiens non-orthodoxes ne pourraient-ils prétendre au salut ? Alors, à quoi bon se faire baptiser et, en plus dans l’Eglise orthodoxe, si le résultat risque d’être le même ? D’abord, tout simplement, parce que le Christ nous l’a demandé, ensuite parce que les sacrements – le baptême, puis les autres sacrements et la communion aux Saintes Espèces nous aident à nous rapprocher de Dieu, nous donnent les forces qui nous manquent. Mais les sacrements ne sont efficaces qu’à la mesure de notre foi.             Nous pensons que la voie proposée par l’Eglise orthodoxe est celle qui nous convient le mieux.

            Nous sommes orthodoxes, soit à la suite du choix des parents – pour ceux qui ont été baptisés dans les premières années de leur vie, soit par choix personnel, pour ceux qui sont venus à l’orthodoxie à l’âge adulte. Dans les deux cas de figure, le choix doit être assumé. N’oublions jamais que nous ne devons pas être des contre-exemples. Pour reprendre les paroles des Ecritures – « le nom de Dieu ne doit pas être blasphémé à cause de nous parmi les païens ». Nous avons cette énorme responsabilité. Nous ne serons jamais parfaits. Nous devons essayer de l’être. Le père Cyrille Argenti disait qu’il n’était pas orthodoxe, mais que son but était de le devenir. C’est tout le programme qui nous est proposé à notre baptême, c’est le travail de toute une vie – et les maigres résultats que nous pouvons obtenir ne sont jamais définitivement acquis. Ce travail est assumé au début de la vie du baptisé par ses parrain et marraine. Nous ne doutons pas qu’Elsa soit en de bonnes mains, celles de Damien et Marica.

            Ceux qui ont été attentifs se demandent quelle est la cinquième raison de se réjouir, annoncée tout à l’heure, peut-être même cela les a-t-il distraits. Cette cinquième raison est que selon la tradition serbe, c’est aussi aujourd’hui la « slava », c’est-à-dire la fête de saint Etienne ou Stéphane selon le calendrier julien, la fête du saint protecteur de la famille de Marica, la marraine d’Elsa.

            Faisons notre possible pour répondre à l’invitation de Dieu. Prenons au sérieux notre baptême, assumons notre appartenance à l’Eglise orthodoxe et essayons de ne pas détourner notre prochain de Dieu par notre attitude.

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