Dimanche des Femmes Myrrhophores et de Joseph d’Arimathie 2019

L’Evangile des matines d’aujourd’hui (Mc 16, 9-20) et le passage qui le précède sont surprenants. Les femmes myrrhophores que nous fêtons se rendent au tombeau, dont la pierre qui le fermait a été déplacée, et qui est vide. « Un jeune homme vêtu d’une robe blanche leur déclare que le Christ est ressuscité », il leur annonce qu’elles pourront le rencontrer en Galilée et leur demande d’avertir les apôtres. « Les femmes s’enfuient loin du tombeau, tremblantes et bouleversées, et ne diront rien à personne, car elles ont peur » – est-il écrit. La version de l’évangéliste Matthieu est plus optimiste, plus rose – « quittant vite le tombeau, avec crainte et grande joie, elles coururent porter la nouvelle aux disciples ». Les deux versions ne sont pas contradictoires. Les femmes myrrhophores sont simplement passées par deux étapes. Elles sont passées de la peur et de l’incrédulité à la joie. Elles ont été plus rapides que les disciples-hommes à retrouver la foi. L’évangéliste Luc rapporte que « les apôtres n’ont pas cru ces femmes. A leurs yeux ces paroles semblaient un délire ».

Le premier dimanche qui suit Pâques est dédié à Thomas dont la tradition a fait l’incarnation de l’incrédulité, pourtant partagée par tous les apôtres et, probablement même par les myrrhophores, dont le premier réflexe a été l’incompréhension et la peur. Il a fallu que le Christ apparaisse plusieurs fois aux apôtres, qu’Il Se laisse toucher, qu’Il mange un morceau de poisson grillé pour dissiper les doutes.

« Parce que tu M’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru » – a dit le Christ à l’apôtre Thomas. Et, un peu avant, dans le même Evangile de Jean, le Christ S’adressant au Père dit : « J’ai manifesté Ton nom aux hommes, que Tu as tirés du monde pour Me les donner – il s’agit des disciples et apôtres, (…)

Comme Tu M’as envoyé dans le monde, Je les envoie dans le monde (…) Je ne prie pas seulement pour eux, mais pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en Moi ». Là, il s’agit de ceux qui ont reçu l’enseignement des apôtres, et de toutes les générations qui ont suivi, jusqu’à nos jours.

Tout cela signifie que les phases de doute sont inévitables, qu’elles sont naturelles – après tout, les apôtres sont tous passés par là. Et ces phases sont d’autant moins évitables pour nous, qui entrons dans la catégorie de ceux qui croient, sans avoir vu … Notre situation est bien plus compliquée que celle des apôtres et des deux ou trois générations qui ont suivi. Actuellement, une foi inébranlable et permanente est un don précieux de Dieu. Rares sont ceux qui ont cette chance, et il ne s’agit pas d’un manque de mérite – des saints ont connu des périodes de doute ou ont traversé des moments plus ou moins longs de sécheresse spirituelle, comme Saint Silouane du Mont Athos. Il n’est donc ni anormal, ni étonnant que nous aussi passions par ces phases.

« Prenez de très bon cœur (…) toutes les épreuves par lesquelles vous passez, sachant que le test auquel votre foi est soumise produit de l’endurance » – écrit l’apôtre Jacques dans son épître. (…) Heureux l’homme qui endure l’épreuve, parce que, une fois testé, il recevra la couronne de vie, promise à ceux qui aiment le Christ. » – ajoute-t-il. Les épreuves peuvent être de tous ordres – des épreuves matérielles, comme celles de Job, du livre de Job, ou des épreuves spirituelles, comme le manque de foi, comme le doute dont nous sommes les victimes.

Le Christ n’en a pas voulu à Ses apôtres et leur a tout pardonné après Sa résurrection. Il est difficile, voire impensable, d’imaginer qu’Il soit plus sévère avec nous quand nous avons parfois du mal à croire, alors que nous, nous n’avons pas vu.

 

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.