Dimanche du pardon 2008 Saint-Prix. Matthieu 6, 14-21 Romains 13, 11- 14, 4
LEvangile daujourdhui se résume facilement. Le jeûne qui est proposé par lEglise doit rester discret et joyeux. Discret, parce quil concerne chacun dentre nous personnellement et ne regarde personne dautre. Joyeux, parce que sil est subi comme une contrainte dont on ne comprend pas le bien-fondé, sil est perçu comme une corvée qui nous empêche de vivre comme nous en avons pris lhabitude, il ne servira à rien, il ne sera source daucun bienfait spirituel et il aura des effets négatifs.
Dans la deuxième partie de la lecture, il est rappelé que le but du jeûne est de nous faire revenir à lessentiel, cest à dire au spirituel. Lorsque nous ne vivons que pour améliorer notre niveau de vie ou recherchons systématiquement tout ce qui apporte des plaisirs immédiats, matériels ou intellectuels, nous agissons de façon égoïste. Le Christ dit qualors nous ne faisons quamasser des trésors sur la terre.
Nulle part il nest dit que nous devons systématiquement rechercher la mortification et refuser tous les plaisirs qui sont offerts par la nature. Ces plaisirs ne sont jamais un mal en soi. Ce qui est demandé, cest de ne pas placer la recherche du bien-être, encore une fois physique et intellectuel, au premier plan, den faire une obsession. Il nous est demandé de renoncer à une recherche exclusive et permanente des plaisirs et du bien-être, pour consacrer cette énergie à Dieu et à notre prochain. Comme toujours, il nous est demandé daller à contre-courant des tendances qui nous sont malheureusement naturelles.
Lapôtre Paul nous appelle à sortir de notre sommeil, de notre léthargie spirituels. Nous devons revêtir les armes de lumière pour combattre en nous les oeuvres des ténèbres. Ces armes sont le jeûne et la prière qui seront soutenus par la fréquentation des offices, la communion aux Saintes Espèces, la confession de nos péches, par des efforts dans le domaine de lamour du prochain. Tout cela devrait nous rapprocher de Dieu.
Lapôtre demande également de ne pas porter de jugement sur ceux qui ne jeûnent pas. Qui sommes-nous, – dit-il, pour juger un serviteur qui ne nous appartient pas ? Cela signifie que cest à Dieu seul de juger, et que nous avons déjà fort à faire avec nous-mêmes.
Le programme de base du Carême est connu, aujourdhui nous insistons davantage sur un point essentiel qui est celui du pardon. Nous devons impérativement pardonner ceux qui nous ont offensés. Nous navons pas le choix. Cest, de fait, la condition principale de notre salut, cest un domaine dans lequel nous pouvons et devons exercer notre liberté. Nous savons combien il est difficile de saméliorer. Lhomme est ainsi fait quil retombe presque toujours dans les mêmes péchés. Chacun a les siens qui lui sont propres, et dont le cocktail est unique, comme une sorte dempreinte. Nos progrès, sil y en a, sont toujours modestes, et nous ne sommes jamais à labri de rechutes. Ces rechutes sont utilisées par les forces du Malin pour essayer de nous faire sombrer dans le désespoir. Leur victoire est alors totale.
Nos armes pour les combattre sont la prière, lascèse, lhumilité et le pardon. Oui, nous sommes dramatiquement faibles, oui, nous retombons souvent dans les mêmes travers, mais nous devons avoir confiance en la mansuétude de Dieu. Il sait, mieux que nous, à quel point nous sommes faibles. Mais il nous est demandé, lorsque nous avons pris conscience de notre état, de ne pas chercher à trouver autour de nous des exemples qui nous conforteraient dans notre position, des exemples qui nous feraient penser que nous sommes meilleurs que dautres, et, par conséquent, que nous ne sommes pas si mauvais. Il est dit clairement dans les Evangiles, sans ambiguité, que nous serons jugés de la façon dont nous jugeons les autres. Cest simple, cest clair, cest précis. Pourquoi avons-nous tant de mal à en tirer les conclusions qui simposent ? Pourquoi ne prenons-nous pas cette recommandation au sérieux. Cest un problème de foi. Il vous a été répété très souvent que si nous avions conscience de lomniprésence et de lomniscience de Dieu, nous noserions plus pécher. De la même façon, si nous avions vraiment la foi, si nous prenions vraiment au sérieux ce que le Dieu Trinitaire nous a dit dans le Nouveau testament, si nous croyions vraiment que notre salut dépend de notre capacité à pardonner et à ne pas juger notre prochain, nous mettrions immédiatement ces recommandations en pratique.
Demandons sans cesse à lEsprit de venir faire Sa demeure en nous et de nous guider constamment dans notre vie. Demandons Lui de nous aider à ne pas juger notre prochain, à laimer, et à lui pardonner ses offenses. Demandons lui le discernement qui nous permettra de distinguer le péché du pécheur, qui nous permettra de ne pas les confondre.
Bon carême à tous !