Ro 6, 18-23 Mt 8, 5-13


Ro 6, 18-23   Mt 8, 5-13

                  L’extrait de l’épître aux Romains d’aujourd’hui est déroutant en raison du vocabulaire utilisé par l’apôtre Paul qui, de plus, joue sur les mots. « Libérés du péché, les chrétiens de la communauté de Rome sont devenus esclaves de la justice »- écrit-il. L’apôtre part d’une constatation qui a été faite et énoncée par le Christ: on ne peut servir deux maîtres à la fois. Un esclave est toujours au service de quelqu’un, il est une personne qui en sert une autre. Avant leur conversion, les chrétiens de Rome étaient esclaves du péché, ils étaient esclaves de leur passions, ils étaient leurs propres idoles. Ils sont maintenant appelés par l’apôtre Paul à « servir la justice ». Il ne s’agit pas de la justice des hommes au sens où nous l’entendons maintenant, il s’agit de la justice de Dieu qui n’a rien de juridique: l’homme est appelé à devenir un « juste », c’est-à-dire un être qui se met au service de Dieu. Ce travail sur soi conduit à « la sanctification », ajoute l’apôtre. Nous revenons à la notion de sainteté évoquée le premier dimanche après la Pentecôte, quand nous avons fêté tous les saints. La sanctification est ce qui rend l’homme saint, elle est ce qui manifeste son appartenance à Dieu. Comme les premiers chrétiens, nous devrions manifester notre appartenance à Dieu, non seulement ici, quand nous nous rassemblons pour une liturgie ou tout autre office, mais aussi dans notre vie quotidienne, à tout moment au cours de toutes nos activités, avec tout ce que cela implique. Il serait sans doute opportun que chacun d’entre nous fasse honnêtement son examen de conscience. Sommes-nous des serviteurs de Dieu ou les serviteurs, ou plutôt les esclaves des besoins que nous nous sommes créés, et donc les esclaves de nous-mêmes ? A nous de choisir, l’enjeu est important: l’apôtre Paul écrit que les chrétiens de Rome « libérés du péché et devenus esclaves de Dieu, portent les fruits qui conduisent à la sanctification, et leur aboutissement, c’est la vie éternelle ». Ce n’est pas la vie terrestre, celle qui se terminera dans la tombe, mais l’autre vie, celle qui n’aura pas de fin, celle à laquelle nous sommes tous conviés.

            L’évangile d’aujourd’hui évoque la foi du centurion, la foi véritable, celle que nous devrions avoir, mais que nous n’avons pas toujours. Quand il demande au Christ de guérir son serviteur, il ne suppose pas, il sait, il est absolument certain que le Christ est capable de le faire. Le centurion romain se préoccupe du sort d’un serviteur. Il ne supporte plus de le voir souffrir. Un Romain résidant en Galilée ne pouvait employer un autre Romain comme serviteur, c’est-à-dire comme esclave. Le serviteur frappé de paralysie était donc un habitant de la région, un Galiléen, juif ou non-juif, mais il n’était certainement pas un citoyen romain. Le centurion est un homme généreux et bon. Il est capable de faire preuve de compassion envers un esclave, qui plus est, envers un étranger. Le centurion fait également preuve d’humilité. Lui, le chef militaire, lui qui détient le pouvoir, au moins sur le plan local, se sent totalement indigne de faire entrer le Christ sous son toit. Il Lui demande de guérir son serviteur à distance, manifestant de cette façon son humilité et sa foi.

            Le centurion remplit tout simplement les trois conditions nécessaires à notre entrée au Royaume: il a d’abord une foi profonde et sans faille, il fait ensuite preuve d’humanité en aimant son prochain, en l’occurrence un être que d’autres auraient mis au rang du bétail – les esclaves étaient vendus au marché, au même titre que les chameaux – et on ne les soignait, ni les uns, ni les autres, à moins qu’ils puissent encore servir, et, enfin, il se sent indigne d’accueillir le Christ chez lui, tant il se sent imparfait. 

             Il n’est pas étonnant que le Christ présente le centurion comme modèle, qu’Il « soit plein d’admiration » pour cet homme, comme le rapporte l’évangéliste. Les mots utilisés sont forts: le Christ dit exactement: « En vérité, Je vous le dis, chez personne en Israël Je n’ai trouvé une telle foi ». L’évangéliste ne dit rien de la réaction des apôtres et disciples du Christ. Ils se sont, sans doute, sentis visés et ont été pour le moins choqués. La leçon, en ce qui nous concerne, est claire. Il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur », il ne nous suffit pas d’affirmer que nous sommes chrétiens pour obtenir un visa pour le Royaume. Il nous faut avoir la foi indéfectible du centurion en la volonté du Christ de couvrir nos péchés par Son amour. Il le fait si nous le demandons. Il nous faut aussi aimer notre prochain, comme le centurion a aimé son serviteur, et, enfin, il nous faut être conscients, comme lui, de notre indignité et de notre incapacité à obtenir notre salut par nos seules forces.  

 

 

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