2Co 4, 6-15 Mt 22, 35-46


2 Co 4, 6-15   Mt 22, 35-46

            Dans l’histoire de l’humanité, Dieu a d’abord fait connaître Sa volonté directement à l’homme qu’Il avait créé, puis, après la chute d’Adam, Il S’est exprimé par la bouche de Moïse et celle des autres prophètes. Le message transmis par l’intermédiaire de Moïse a été très clair – le Décalogue, les dix commandements sont immédiatement compréhensibles par tout le monde. En revanche, le langage utilisé par les prophètes est nettement moins clair. Il n’est même pas certain qu’eux-mêmes aient tout compris de ce qu’ils ont transmis.

            Le Christ, Dieu fait homme, a utilisé une langue et des images à la portée de tous, y compris des enfants qui sont présentés comme des exemples à suivre par les adultes, tant qu’ils restent réceptifs à Son message. La volonté de Dieu est claire. Les mots, les expressions prononcés par le Christ, les règles de vie qu’Il propose sont à la portée de tout un chacun. Nous n’avons plus aucune excuse, nous ne pouvons plus nous dérober en nous appuyant sur une quelconque incompréhension. Un chrétien est censé appliquer dans sa vie la volonté de Dieu, mise à sa portée par le Christ et par l’Esprit.

            Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Christ répond par deux citations des Ecritures à la question d’un légiste qui Lui demande quel est le plus grand commandement de Dieu. Il est écrit dans le Deutéronome 6, 5 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force ». La citation est reprise dans le livre de Josué au chapitre 22, verset 5: « Veillez bien à mettre en pratique le commandement et la loi que vous a prescrits Moïse – (…) aimez le Seigneur, votre Dieu; marchez dans toutes Ses voies, gardez Ses commandements, attachez-vous à Lui, servez-Le de tout votre cœur et de tout votre être. »

            La deuxième citation est tirée du Lévitique 19, 18 : « Ne te venge pas et ne sois pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple: c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le Christ omet la première partie de cette citation qui limite la notion de prochain à celle de juif. Dans la conscience collective de l’époque il était évident pour un Juif que seuls ses coreligionnaires pouvaient entrer dans la catégorie du « prochain ». Actuellement, la notion de prochain est la même chez les Juifs et les chrétiens, avec parfois des restrictions chez les uns comme chez les autres – ces restrictions n’ayant aucune valeur canonique.

            Le Christ reprend les lois de l’Ancien testament et les hiérarchise. Le commandement le plus important est celui qui demande au croyant d’aimer Dieu, le second, équivalent en importance, est celui d’aimer son prochain comme soi-même. Le parallèle est développé par l’évangéliste Jean dans sa première épître où il explique que si l’on n’est pas capable d’aimer son prochain que l’on voit, on n’est pas plus capable d’aimer Dieu que l’on ne voit pas, un « Dieu inconcevable, invisible, incompréhensible » comme le souligne Saint Jean Chrysostome dans le texte de la liturgie que nous célébrons tous les dimanches. L’apôtre Jean ajoute que « si quelqu’un dit – j’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ». Jean écrit aussi dans la même épître: « celui qui prétend être dans la lumière, tout en haïssant son frère est toujours dans les ténèbres. Qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui pour le faire trébucher ».

            Le Christ n’a pas éliminé d’un revers de la main les lois de l’Ancien testament, « Il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir ». Dans le passage de l’évangile d’aujourd’hui, Il résume les commandements en deux commandements essentiels dont tous les autres découlent. Il n’est plus question d’observance mécanique de lois dont on ne saisit pas toujours l’utilité – ce qui est pourtant déjà une façon d’honorer Dieu. Dans l’ensemble des lois du judaïsme que tout juif pieux doit appliquer, explique un rabbin parisien, il y en a qui sont rationnelles, dont tout le monde peut comprendre immédiatement l’utilité, et d’autres qui semblent relever d’une autre rationalité, dont la logique échappe au commun des mortels. Un juif conséquent doit appliquer les unes et les autres. Un jour, Dieu pourra l’éclairer, lui fera comprendre la rationalité de l’irrationnel. N’est ce pas ce que nous, chrétiens, appelons la foi ? Malgré la simplicité du message évangélique, nous ne comprenons pas toujours la nécessité de tout ce que Dieu attend de nous, il nous arrive de ne pas comprendre pourquoi Il agit dans certains cas et laisse faire les forces du Malin dans d’autres, pourquoi certaines prières sont exaucées, pourquoi d’autres ne le sont pas.

            Suivons Sa volonté, ayons confiance et nous finirons par comprendre ce qui aujourd’hui nous semble peu clair, ou même incompréhensible.

           

 

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