dimanche de la Croix 2012

Dimanche de la Croix Hb 4, 14- 5, 6  Mc 8, 34-9, 1

 

            Nous vénérons aujourd’hui la Croix, nous la fêtons aussi le 14 septembre – l’Exaltation de le Croix est une des douze fêtes majeures de notre calendrier. Les non-chrétiens, s’ils s’intéressent à la question, se demandent comment on peut trouver des éléments festifs à l’usage d’une torture, dont nous vénérons l’instrument. Tout chrétien, en tout cas catholiques et orthodoxes, et une proportion non négligeable de protestants portent une petite croix autour du cou. Il ne viendrait à l’esprit de personne d’offrir en bijou une petite guillotine en argent ou en or pour le baptême civil d’un enfant qui se pratique dans certains milieux. Alors pourquoi faisons-nous un aussi grand-cas de la croix ?

            Tout d’abord parce que le Christ, complètement homme et complètement Dieu est mort sur la croix avant de ressusciter. La croix a été l’instrument de Son triomphe. Le Christ a assumé totalement la condition humaine pour la transfigurer et nous indiquer la voie à suivre. La triple immersion du baptême est le symbole du passage de la vie à la mort, puis de la mort à la résurrection. Ce symbole est la manifestation physique que l’on voit, que l’on sent, d’une réalité spirituelle que notre état de pécheurs ne nous permet pas de voir. Le baptême nous transfigure, il efface tous nos péchés, il nous rétablit dans la condition d’Adam avant la chute. Mais les effets du baptême doivent être renouvelés par la communion aux saintes Espèces, par la confession des péchés qui sont toujours pardonnés. Le baptême n’est pas un label de perfection. Il est un talent qui nous est donné est que nous devons faire fructifier.  Dans l’Evangile de ce dimanche le Christ dit à Ses disciples et aux apôtres qui l’entourent: « En vérité, Je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Règne de Dieu venu avec puissance ». Les premiers chrétiens ont souvent interprété ces paroles comme une annonce de la fin du monde qui serait proche. Et beaucoup d’entre eux se sont mis à vivre comme si le retour du Messie allait avoir lieu de leur vivant. En fait, ces paroles peuvent signifier au moins deux choses. D’abord, le décès de chacun d’entre nous est la fin de notre monde – nous passons d’un monde où règne le temps à un monde où il n’y a plus de temps, où le temps n’existe plus. Nous serons hors du temps, c’est-à-dire dans l’éternité. Ensuite, il est dit que « certains verront le Règne de Dieu avant de mourir ». L’usage du mot « certains » laisse entendre qu’il ne s’agit pas d’une majorité, loin de là. Le Christ a guéri des aveugles. Il a rendu la vue à des gens qui ne voyaient plus, ou qui n’avaient jamais vu, parce qu’ils étaient des aveugles de naissance. Si nous le voulons, si nous faisons ce qu’il faut, nous pouvons être guéris de notre cécité spirituelle. Dieu nous demande de ressembler aux enfants. Ils sont plus sensibles que les adultes aux phénomènes mystiques, aux phénomènes surnaturels que nous ne percevons plus, parce que la vue que nous avons recouvrée lors de notre baptême s’est détériorée.

            Dans les églises, par exemple, l’autel est séparé du reste du bâtiment, par l’iconostase chez nous, par des marches où une autre matérialisation chez nos frères catholiques. Parce que chez eux, comme chez nous, la liturgie est une anticipation du Royaume. En avons-nous conscience ? Les portes royales permettent, lorsqu’elles sont ouvertes, d’entrevoir le Royaume. C’est pour cette raison que les déplacements de laïcs dans le sanctuaire, autour de l’autel sont limités et doivent toujours se faire dans le respect le plus total de ce lieu, en n’oubliant jamais que l’on entre dans le Royaume.

            Ceci dit, le Règne de Dieu n’est pas limité au seul sanctuaire, il est partout présent. Les apôtres, saint Paul, et de nombreux autres saints l’ont perçu.

            Que faire, pour que nous aussi soyons capables de le percevoir en l’absence de signes directement visibles ? Nous avons entendu tout à l’heure la réponse apportée par le Christ. Si nous voulons voir le Règne de Dieu dès maintenant, nous devons « nous renier nous-mêmes, prendre notre croix et suivre le Christ ». Concrètement, cela veut dire que nous devons renoncer à nos priorités d’ici-bas, et les remplacer par celles qui sont proposées par le Christ et Son Eglise. Nous sommes aidés, entre autres, par les nombreux carêmes qui jalonnent l’année liturgique. Nous ne parviendrons sans doute pas à faire de Dieu et de notre prochain la priorité des priorités, mais au moins essayons. Saint Paul explique dans l’épître du jour que « le Christ est capable de compatir à nos faiblesses, parce qu’Il a été éprouvé en tous points, comme nous ». Lui, n’a pas péché. C’est loin d’être notre cas, mais l’apôtre Paul  nous conseille, malgré nos péchés, « d’avancer avec plein d’assurance vers le trône de grâce » (c’est-à-dire vers le Royaume), « afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être aidés en temps voulu. » Ce n’est pas facile, c’est assimilé à une croix, à nous de la porter.   

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