Romains 2, 10-16  Matthieu 4, 18-23
Tout homme est invité au Royaume. Tout homme peut être sauvé. Nous qui sommes membres de l’Eglise orthodoxe savons que la voie que nous propose notre Eglise est la plus efficace pour parvenir à ce but. Mais ce n’est pas si simple. Orthodoxie signifie louange correcte de Dieu. Il en ressort que lorsque nous nous disons orthodoxes, cela signifie que nous avons la prétention de louer correctement Dieu. Nous pouvons continuer à nous dire « orthodoxes » pour des raisons d’ordre pratique, pour exprimer notre différence par rapport à nos frères chrétiens d’autres confessions, mais il nous faut immédiatement corriger cette affirmation en ajoutant, comme le disait le père Cyrille Argenti, que nous ne sommes pas encore orthodoxes, mais essayons de l’être parce que c’est le travail de toute une vie. Notre baptême, notre réception dans l’orthodoxie nous ont fait franchir une première étape, qui doit absolument être suivie par beaucoup d’autres, rien n’est gagné d’avance. Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour que notre vie soit changée, il faut agir. Saint Paul cite, un peu plus loin dans son épître, une phrase extraite du livre d’Esaïe qui s’applique à nous quand nous ne pratiquons que de très loin l’orthodoxie dont nous nous réclamons: s’adressant à ses contemporains Esaïe écrit une phrase qui peut être reprise à notre compte: « Le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les païens ». L’élection du peuple d’Israël, comme notre baptême ne sont pas seulement des privilèges, ils sont aussi porteurs d’une immense responsabilité. Nous n’avons pas le droit d’être des contre-exemples, nous qui devrions être le sel de la terre. Nous n’avons pas le droit de discréditer le christianisme par notre attitude.
Si les seuls qui puissent être sauvés étaient des chrétiens orthodoxes, et parmi eux, seulement les meilleurs, nos espoirs d’obtenir notre salut seraient très faibles. Le salut serait réservé à une infime minorité, alors que le Christ a dit qu’Il était venu sauver tous les hommes. Et que penser alors, que dire du sort qui attend tous les autres chrétiens, et tous ceux qui ne le sont pas encore et ceux qui ne le seront sans doute jamais ?
Saint Paul répond à ces questions dans l’épître aux Romains dont un extrait a été lu tout à l’heure. « Gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d’abord, puis au Grec, car en Dieu il n’y a pas de partialité » – écrit-il. Si celui qui fait le bien se voit couronné de gloire et d’honneur et obtient la paix, cela signifie que son entrée au Royaume semble se profiler à l’horizon. Il est ensuite fait allusion aux premiers destinataires du message du Christ – les Juifs, puis les Grecs, c’est à dire tous les autres habitants de la Palestine, dont une des langues de communication était le grec. Le Christ S’est adressé en priorité à Ses coreligionnaires, mais Il n’a pas négligé les autres. « En Dieu, il n’y a pas de partialité » – écrit l’apôtre Paul. Le Christ juge d’après les résultats, d’après la conduite et non d’après l’identité ou l’appartenance à un groupe religieux. La judaïté d’abord, une adhésion strictement formelle au christianisme ensuite, ne sont jamais des passeports incluant un visa d’entrée automatique au Royaume. Il y a des conditions à remplir et l’apôtre Paul laisse entendre même que « des païens qui sans avoir la loi font naturellement ce qu’ordonne la loi » ont toutes les chances d’entrer au Royaume sans visa. En résumé, notre orthodoxie formelle, celle que nous avons acquise, ne nous dispense en rien des efforts à fournir pour devenir des citoyens du Royaume, bien au contraire. La Bonne nouvelle, l’Evangile, nous l’avons reçu. Nous sommes au courant de ce qu’il faut faire. Si notre vie ne diffère en rien de celle des non-chrétiens, nous en portons l’entière responsabilité, nous n’avons aucune excuse.
Les apôtres, les douze dont il est question dans l’Evangile d’aujourd’hui, ont été appelés par le Christ, comme nous l’avons tous été. Ils ont entendu l’appel, ils ont tous répondu et, à une exception près, avec des hauts et des bas, ils sont restés fidèles jusqu’au bout. Ils ont progressivement changé de vie. Ils l’ont mise en conformité avec l’enseignement qu’ils ont reçu. Cela a été difficile, cela ne s’est pas fait en un jour. Aucun d’entre eux n’a atteint la perfection, car c’est impossible, mais, Saint Jean mis à part, ils ont tous connu une mort violente, ils ont tous été des martyrs, c’est-à-dire des témoins du Christ jusqu’à la mort. Les temps où l’on mourait pour sa foi en Europe occidentale sont révolus. Cela ne nous dispense pas du devoir d’essayer de témoigner de notre foi par notre vie. Soyons des chrétiens responsables et conséquents. En un mot, convertissons-nous, devenons pleinement orthodoxes.

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.