dimanche de Zachée

Dimanche de Zachée 1 Tm 4, 8-15   Lc 19, 1-10

            L’évangéliste Luc est le seul à rapporter la surprenante rencontre du Christ et de Zachée. Nous savons déjà, parce qu’Il l’a dit, que le Christ avait tendance à aller à la rencontre de marginaux, de femmes rejetées par la société de l’époque, et, en général, de gens peu recommandable, plutôt que d’aller vers les bien- pensants. Zachée en est une bonne illustration.

            Zachée est tout ce que les habitants de Jéricho abhorrent. Il est très riche, parce qu’il n’est pas seulement percepteur des impôts, il est le chef des collecteurs d’impôts. Cela signifie qu’il détourne à son profit une bonne partie de ces impôts qui sont dus, soit à l’administration juive qui collabore avec les Romains, soit directement à l’administration romaine. Dans tous les cas de figure, Zachée est détesté.

          L’épisode est raconté comme dans un scenario de film – on imagine la scène. Zachée est tout petit, la foule l’empêche de voir le Christ, alors ce notable n’hésite pas à grimper à un figuier pour Le voir. Imaginez le Préfet d’une ville de province française grimpant sur un platane pour voir passer un prêcheur. Le pauvre Zachée a du être la risée de tous les gamins du voisinage, leurs parents n’osant pas rire ouvertement.

            Le plus étonnant, pour les disciples, comme pour la foule, est que le Christ S’est arrêté pour lui parler et S’est invité chez lui. Les Juifs pieux ne mangent pas à la même table qu’un pécheur et Zachée est un pécheur notoire.

            Si la foule murmure devant cette forme de mépris des règles en vigueur, Zachée, lui est tout joyeux. Et à l’issue du repas, il promet de faire don aux pauvres de la moitié de ses biens et de rendre à ses victimes, le quadruple de ce qu’il a détourné. Le Christ conclut «  que le salut est venu pour la maison de Zachée et qu’Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Cela suppose que Zachée a tout quitté pour suivre le Christ ou qu’il a complètement changé de vie.

             Dans la traduction de la TOB, la traduction œcuménique de la Bible, le sous-titre de ce chapitre est « Zachée, le salut d’un riche ». Ce salut relativise la phrase où il est dit qu’il est plus difficile à un riche d’entrer au Royaume qu’à un chameau de passer par le chas, par le trou d’une aiguille.

            Cette lecture est la première du cycle de préparation au Grand carême. L’attitude et la démarche de Zachée donnent des indications sur les modalités de la conversion, de retour à Dieu que nous nous apprêtons à entamer pendant la période de préparation à Pâques. Notre conversion suppose d’abord le désir profond de rencontrer, de voir le Christ, d’avoir un contact direct, autre qu’intellectuel, avec Lui. Cela demande des efforts, même si nous n’avons pas besoin de monter sur un arbre. Zachée savait pas mal de choses sur le Christ, mais il a eu envie d’aller plus loin, il a voulu Le rencontrer. C’est ce que nous sommes appelés à faire en lisant et relisant les Ecritures, en priant et en communiant aux Saintes Espèces. Dans notre imitation de Zachée, nous devons également apporter des fruits de notre repentir – quelque chose dans notre vie doit changer pendant le carême. Zachée a cessé de voler son prochain. Il y a bien des domaines dans nos vies où il serait souhaitable d’opérer des correctifs. Nous ne devrions pas attendre le carême pour le faire, mais dans Sa sagesse, l’Eglise, parce que nous sommes incapables de fournir des efforts permanents sans tomber dans le découragement, l’Eglise jalonne l’année liturgique de périodes où nous sommes censés mener une vie, plus proche de celle que le Christ attend de nous. Il serait bon que chaque carême ait pour résultat, ne serait-ce qu’une petite amélioration. Ces améliorations seront alors source de joie, comme pour Zachée.

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