Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux 2015

          Le caractère triomphal de l’entrée du Christ à Jérusalem, Sa majesté sont nuancés, pour ne pas dire amoindris par Sa monture. Celui dont les soldats du prétoire se moqueront en Le saluant, comme le roi des Juifs, n’est pas entré dans la ville sainte sur un char ou un noble destrier, mais sur un âne. Celui que la foule a accueilli en agitant des branches de palmiers, en criant « béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient, le roi d’Israël, Celui dont la foule ne perçoit pas la profonde tristesse, accomplit la prophétie rapportée par Zacharie au chapitre 9 du livre qui porte son nom : « Tressaille d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s’avance vers toi ; Il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne – sur un ânon tout jeune ».

         La foule accueille Celui dont la renommée s’étend sur toute la Palestine, Celui qui a accompli de nombreux miracles, guérissant des malades et des infirmes, faisant revenir des morts à la vie, en particulier Lazare, Son ami décédé depuis quatre jours, alors qu’il est déjà enfermé dans son tombeau.

         Quels enseignements peut-on tirer de l’arrivée triomphale du Messie à Jérusalem et de l’accueil qu’Il a reçu ?

         Le dimanche des Rameaux, nous fêtons le jour où le Christ S’est manifesté, à d’autres que Ses disciples, comme le Messie. Nous fêtons le jour où pour la première fois Il S’est présenté comme un roi, mais comme un roi à la tête d’un Royaume spirituel – ce qui est source de malentendus – Ses contemporains attendaient un Messie doté de pouvoirs terrestres, et même les apôtres, en tout cas deux d’entre eux, Jacques et Jean fils de Zébédée, avaient émis le souhait d’obtenir des places à la droite et à la gauche du Christ dans Son Royaume, provoquant la colère et la jalousie des dix autres apôtres qui, eux, n’avaient pas osé faire la même demande.

         N’adoptons-nous pas l’attitude des apôtres quand nous espérons obtenir des avantages, des récompenses ici-bas ou dans l’autre monde pour les efforts que nous estimons avoir accomplis ? N’adoptons-nous pas l’attitude du peuple de Jérusalem quand nous accueillons la Bonne parole et allons avec joie à la rencontre du Christ, quand tout va bien et y allons en traînant des pieds quand tout va moins bien, quand l’Eglise, avec une majuscule, nous déçoit à travers ses représentants terrestres, qu’ils aient des responsabilités élevées ou qu’ils soient nos voisins à l’église avec un e minuscule ?

         Puisqu’il est question de Royaume, demandons-nous qui règne sur nos cœurs, sur nos pensées – le Christ ou bien notre confort matériel, intellectuel ou spirituel, notre orgueil, nos passions ? Quelles sont nos priorités dans la vie quotidienne ? Quelle proportion de notre temps accordons-nous à Dieu et à notre prochain et quelle proportion accordons-nous à ce qui nous intéresse ? Il est à redouter que les réponses à ces questions ne soient pas vraiment satisfaisantes. Elles pourraient nous plonger dans une forme de désarroi, ou de désespoir si nous ne comptions pas sur la mansuétude de Dieu qui connaît nos faiblesses, qui, contrairement aux hommes, nous pardonne soixante-dix sept fois les péchés dans lesquels nous retombons avec une constance effrayante, qui nous pardonne à condition que nous venions à Lui avec humilité. Nous serons toujours pécheurs. Il nous est demandé de ne pas l’oublier et de continuer malgré tout de fournir des efforts, même si les résultats ne sont pas au rendez-vous, même si les chutes et rechutes sont inévitables. Le père Alexandre Men’ disait que « l’homme est incapable de cesser de pécher, mais qu’il peut vouloir cesser de pécher, qu’il peut tendre vers ce but ».

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