Luc 14, 16-24   Cl 3, 4-11

 

                  Dans l’extrait de l’épître de Saint Paul aux Colossiens, l’apôtre fait des recommandations à une communauté chrétienne établie à environ 200 kilomètres à l’est d’Ephèse.

Tout chrétien, à son baptême, passe du statut de vieil homme déchu à celui d’homme nouveau susceptible d’être sauvé. La triple immersion du catéchumène symbolise la mort et la résurrection. Le vieil homme esclave du Malin meurt, il est remplacé par l’homme nouveau qui est délivré du péché par le sacrifice du Christ. Le baptême purificateur remet à zéro le compteur des fautes de l’adulte, il délivre l’enfant de l’emprise du péché. Ce baptême qui ramène le baptisé à Dieu est renouvelable, parce que le pardon des fautes n’implique malheureusement pas que l’on ait atteint la perfection. Il est renouvelable tout au long de notre vie, à chaque fois que nous tournons vers Dieu après avoir failli, à chaque fois que, tout penauds, nous nous glissons dans la peau de l’enfant prodigue et revenons vers le Père en implorant Son pardon. L’enfant prodigue de la parabole ne savait pas, n’imaginait pas qu’il serait pardonné. Nous avons un immense avantage sur lui, nous savons que nous le serons. Nous savons aussi que nous aurons encore besoin de nombreux pardons ultérieurs, parce que nous sommes dramatiquement faibles. Mais nous savons aussi que nous pouvons compter sur l’Esprit, si nous le désirons, si nous Lui demandons de venir faire Sa demeure en nous. Il n’attend que cela. Il ne faudrait pas cependant que nous Le fassions fuir de cette demeure, de ce temple de Dieu, parce que la demeure ne serait pas prête, parce qu’elle serait souillée par nos péchés. C’est dans ce but que l’apôtre Paul fait ses recommandations: « Faites mourir ce qui en vous appartient à la terre – dit-il: débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. Voilà ce qui attire la colère de Dieu ».

Pour ce qui est de la colère, Saint Paul utilise ce mot dans un but pédagogique. Nos péchés n’attirent pas la colère de Dieu, ils provoquent Sa souffrance. Le Dieu des chrétiens n’est pas un Dieu vengeur. Si l’apôtre évoquait la souffrance de Dieu, la tristesse de Celui qui est monté sur la Croix pour le salut de ceux qui se détournent de Lui, cela aurait moins d’impact. Les pères de l’Eglise affirment que la peur du châtiment, la peur de la colère de Dieu est une première étape. Celle des saints, celle de ceux qui craignent de faire souffrir Dieu est la dernière, celle vers laquelle nous devons tous aller.

            L’apôtre Paul nous exhorte ensuite à « nous débarrasser de ce qui faisait et ne devrait plus faire notre vie: colère, irritation, méchanceté, injures, grossièretés, … mensonges ». Si nous y parvenons, ajoute-t-il, le Christ sera en tous ». Dans la partie de l’épître lue aujourd’hui, il n’est fait mention que de ce qu’il ne faut pas faire. Et la liste n’est évidemment pas exhaustive.

Dans les dix lignes qui suivent, Saint Paul dit ce qu’il faut faire: « Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement; comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même vous aussi. Et par-dessus tout, revêtez l’amour: c’est le lien parfait. (…) Vivez dans la reconnaissance. »

Tout est dit. Dieu nous aime, Il nous a élus, Il nous a choisis. Et pourtant, nous oublions cela, quand nous nous détournons de Lui, quand, dans la pratique, nous l’évacuons de notre vie, parce que nous vivons trop souvent comme s’Il n’existait pas. La compassion, la bienveillance, l’humilité, la patience devraient être notre signe de reconnaissance, celui qui par contagion ferait retourner à Dieu ceux qui nous entourent et qui se croient athées ou agnostiques.

Ce petit paragraphe se termine par un appel à la reconnaissance. Nous avons toujours des raisons d’éprouver de la reconnaissance pour tout ce que Dieu nous a donné. Personne ne peut dire qu’il n’a rien reçu. Notre communauté a reçu un immense cadeau. Vous savez que la situation de notre chapelle était loin d’être réglée. L’avenir semblait incertain. Nous aurions pu avoir à chercher un nouveau lieu de culte. Mais nous avons bénéficié d’une aide divine – notre donatrice a retrouvé toute sa lucidité au bon moment, les personnes extérieures qui ne voyaient aucun intérêt dans la donation de la chapelle à notre communauté ont changé d’avis.

Dieu a d’abord agi par le biais des mains et de la tête du père André, fondateur de notre paroisse, par les mains de tous ceux qui ont participé à cette aventure en le soutenant depuis de nombreuses années. Ils ont fait fructifier le talent qu’ils avaient reçu. Leurs prières ont été entendues, leur action vient d’aboutir. Ce talent nous a été confié de nouveau, il y a quelques mois. Comment avons-nous manifesté notre reconnaissance envers Dieu ? Comment comptons-nous le faire ? En quoi ce cadeau répété du ciel a-t-il changé notre comportement, notre assiduité, notre spiritualité ? Nous sommes-nous rapprochés de Dieu ? Avons-nous révisé nos priorités dans le bon sens ? Ces questions se posent à nous tous, y compris à votre recteur actuel. Ces questions sont essentielles et il est tout aussi essentiel que nous apportions tous, individuellement et collectivement, des réponses à la hauteur du don qui nous a été fait.     

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