Dimanche du fils prodigue 1 Co 6, 12-20   Lc 15, 11-32

                  La parabole du Fils prodigue, venant après celle du publicain et du pharisien, est la deuxième des lectures qui nous préparent au Grand carême pour que nous comprenions bien sa finalité et en usions non pour une satisfaction personnelle ou une mortification stérile, mais comme une aide précieuse à notre conversion. La nécessité de notre conversion et sa permanence sont d’actualité tout au long de l’année liturgique, mais elles le sont encore davantage quand nous nous préparons à accueillir la nouvelle de la Résurrection du Christ.

            La démarche et son contexte sont comparables à ce qui se produit à chaque liturgie où l’on observe un double mouvement – en nous réunissant, nous invitons le Christ à venir parmi nous. Sa présence est manifestée par les paroles du prêtre qui annonce aux fidèles que « le Christ est parmi nous », et par la réponse communautaire: « Il est, et Il sera ». Dans le même temps, nous nous rendons à l’invitation du Christ qui nous invite à entrer par anticipation au Royaume.

            Pendant le Grand carême, nous nous efforçons, de nous convertir pour pouvoir éprouver pleinement la joie pascale et partager la victoire du Christ sur la mort. Et, là aussi, dans le même temps, la Résurrection du Christ est à l’origine de notre conversion. Car nous affirmons, à la suite de saint Paul, que sans la Résurrection, notre foi serait vaine.

            Au cours de la liturgie, comme dans notre conversion il y a le mouvement permanent et sans faille de Dieu dans notre direction, et un mouvement malheureusement moins permanent, le nôtre, quand nous répondons à l’invitation de Dieu.

            La parabole du Fils prodigue devrait nous ôter tout complexe. Nous pouvons, sans crainte de nous tromper, nous identifier au Fils prodigue, au moins pour ce qui concerne son attitude première. Quand il demande sa part d’héritage à son père, cela signifie qu’il le fait sortir complètement de sa vie, qu’il s’apprête à vivre comme s’il n’était plus de ce monde. N’est-ce pas ce que nous faisons quand nous évacuons plus ou moins consciemment Dieu de notre vie quotidienne, parce que cela nous dérange de renoncer à d’autres priorités, alors que Dieu devrait être pour nous, chrétiens, la priorité des priorités ? N’est-ce pas ce que nous faisons tous dès que nous avons quitté l’église, quand nous perdons la conscience de l’omniprésence de Dieu. Notre vie devient alors semblable à celle des non-chrétiens. Si, au moins, nous nous en rendions compte, si, au moins, nous éprouvions un sentiment de gêne aboutissant au repentir, si nous revenions au Père, comme l’enfant prodigue, non par peur d’un éventuel châtiment, mais parce que nous avons compris que notre vie nous mène à une impasse, que nous n’avons pas répondu à l’amour qui nous était offert gratuitement, si nous faisions tout cela, nous serions alors immédiatement accueillis, sans aucune hésitation ou restriction. La parabole est incroyablement réconfortante. Avant même que son fils ait prononcé les paroles qu’il avait préparées, avant même qu’il ait eu le temps de manifester sa honte et son repentir, « le père s’est précipité à sa rencontre et s’est jeté à son cou » écrit l’évangéliste. Il est clair que le père de la parabole, c’est Dieu, que l’enfant prodigue, c’est nous.

            La dernière partie de la parabole nous concerne également, au cas où nous aurions l’impression de tout faire comme il faut, de bien obéir aux commandements de Dieu, de bien observer les règles proposées par l’Eglise. Si nous avions cette impression, ce serait une erreur. D’abord parce que nous ferions preuve d’un orgueil déplacé, et surtout d’une inconscience totale. Le frère aîné a, lui aussi, évacué son père de sa vie en tant que père. Il se place en serviteur quand s’adressant à lui, il dit: « voilà tant d’années que je te sers sans avoir jamais désobéi à tes ordres ». Il utilise le verbe « servir », dans d’autres traductions il dit qu’il a été un serviteur. « Serviteur » dans la langue de l’époque signifie « esclave ». Il n’a jamais désobéi aux ordres de son père, mais il n’a jamais adhéré à ce qui lui était demandé, il n’a jamais participé aux décisions. Dieu attend de nous notre adhésion et notre participation volontaire, Il voudrait que nous ayons un comportement d’enfants aimants et aimés et non celui d’esclaves qui obéissent par intérêt ou parce qu’ils n’ont pas le choix.

            Obéissons à Dieu, convertissons-nous, non par peur du châtiment ou par servilité, mais pour acquérir la vraie liberté et non la fausse liberté dont l’enfant prodigue a voulu profiter quand il a quitté sa famille. En fait, il était devenu l’esclave du péché. Revenons à Dieu parce que nous voulons redevenir ce que nous aurions toujours du rester depuis notre baptême, des enfants qui ne veulent pas décevoir leur Père, des enfants confiants qui désirent suivre Ses recommandations parce qu’ils savent que c’est ce qu’il y a de mieux pour eux. Soyons chrétiens par choix, par amour et non par devoir.   

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