Nativité de la Mère de Dieu   Septembre 2019

 Sans Pâques, la fête des fêtes, sans la Résurrection du Christ, notre foi serait vaine, a écrit l’apôtre Paul. Ce qui est devenu le christianisme n’aurait pas survécu à la mort de son fondateur, et l’apôtre Paul serait resté dans l’histoire un persécuteur zélé des premiers et derniers chrétiens.

Pour que le Christ meure et ressuscite, il a fallu qu’Il S’incarne, qu’Il Se fasse homme en naissant d’une femme. Et cette femme devait à la fois être la plus proche possible de la perfection, tout en restant complètement humaine, et il fallait qu’elle consente, en toute liberté, à coopérer avec Dieu. Dans notre Eglise, il est dit qu’elle est « toute-pure », « sans tâche » ou « immaculée » – les expressions sont synonymes. Pour justifier le choix de Dieu et tenter de rationnaliser ce qui n’est pas rationnel et défie les lois de la nature, il a été promulgué en Occident, en 1854, le dogme de l’immaculée conception de la Mère de Dieu. Ce dogme affirme que contrairement à tous les autres êtres humains, la Mère du Christ aurait été affranchie du péché originel dont a hérité l’humanité à la suite de la faute d’Adam. Quand le premier homme a désobéi à Dieu et a voulu acquérir la connaissance, sans l’aide de Dieu, il a commis le premier péché et s’est chassé lui-même du paradis. Il est alors devenu mortel, sujet aux maladies et faible. Il nous a légué cet état dégradé. Comme lui, nous sommes mortels, comme lui, nous sommes sujets aux maladies et dramatiquement faibles dans notre lutte contre le mal. Il nous est plus facile de succomber aux tentations du Malin que de respecter les commandements de Dieu, même si nous avons gardé l’image de Dieu, et donc notre liberté de choix entre le bien et le mal. En revanche, nous avons perdu une grande partie de la ressemblance avec Lui. Dieu n’a pas empiété sur la liberté du premier homme, Il n’ a pas empiété sur celle de la Mère de Dieu et Il n’empiète pas plus sur la nôtre.

Retrouver la ressemblance avec Dieu est le travail de toute une vie – il nous est demandé « d’être parfaits comme Dieu est parfait ». Le premier homme était programmé pour l’acquisition de la perfection, mais à certaines conditions – l’obéissance et une profonde humilité, qui suppose la reconnaissance de sa dépendance de Dieu. La connaissance était et reste une grâce. L’être humain ne peut l’acquérir par ses seules forces, il a besoin de l’aide de l’Esprit. S’il pense être capable de l’acquérir seul, il reproduit le péché d’Adam.

Quand l’ange Gabriel fait son annonce à Marie, quand il lui annonce ce qui va lui arriver, elle ne comprend pas de quoi il s’agit. « Réjouis-toi, toi qui as la faveur de Dieu – est –il écrit dans l’Evangile de Luc, le Seigneur est avec toi ». L’évangéliste ajoute « qu’elle fut très troublée, se demandant ce que pouvait signifier cette salutation ». Son humilité ne lui a pas permis de comprendre pour quelles raisons « elle avait la faveur de Dieu ». Et quand il lui est annoncé de surcroît « qu’elle va donner naissance à un fils, appelé Fils du Très-Haut », elle comprend encore moins, et demande comment cela est possible, alors qu’elle est vierge et pas encore mariée. Il lui est répondu que « rien n’est impossible à Dieu ».

La future Mère de Dieu était libre de refuser ce qui lui paraissait complètement irréaliste. Sa foi lui fait alors répondre : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe comme tu me l’as dit ». Elle a utilisé, avec des mots un peu différents, ceux du Christ, dans la prière qu’Il va nous léguer : « Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». La Mère de Dieu s’est pliée à la volonté divine, ce que, nous autres, avons tant de mal à faire.

Les traits de caractère qui ont fait porter le choix de Dieu sur une jeune fille, en apparence ordinaire, sont une profonde humilité et l’obéissance. C’est en raison de cette humilité qu’il y a si peu de renseignements biographiques sur la Mère de Dieu dans les Evangiles. Les textes des offices des fêtes mariales sont inspirés en grande partie par les évangiles apocryphes, des évangiles non canoniques, transmis oralement, comme c’est la tradition dans le judaïsme. Dans ces évangiles, il est davantage question de la Mère du Christ.

Lors de ces fêtes, l’Eglise propose la lecture de l’Evangile de Luc, où il est question de la visite rendue par le Christ à son ami Lazare et de Sa rencontre avec Marthe et Marie, les sœurs de son ami.

Il est légitime de se demander quelle est la raison du choix de ce texte. Quel est le rapport entre la Mère du Christ et ces deux femmes – l’une qui s’occupe du matériel et l’autre qui écoute la prédication du Christ avec attention ? Une des réponses possibles est que la Mère de Dieu est un mélange de ces deux femmes – elle a assuré l’intendance tout au long de la vie du Christ, pendant Son enfance et avant Sa vie publique, puis sans doute après, et elle a été plus qu’attentive à Son enseignement. Elle a concilié le matériel et le spirituel et s’est approchée le plus possible de la perfection.

Cette quasi-perfection, et la protection accordée à ceux qui la lui ont demandée tout au long des siècles, justifient la vénération dont la Mère de Dieu est l’objet au sein des Eglises catholique et orthodoxe. C’est pour cette raison que l’Annonciation, la Présentation au Temple de la Mère de Dieu, sa Dormition, et aujourd’hui sa Nativité sont des fêtes majeures. Et c’est aussi pour tout cela que tant d’icônes manifestent sa présence dans les églises et les foyers chrétiens.

Ce contenu a été publié dans Non classé, sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.