Théophanie 2020

Nous fêtons aujourd’hui La Théophanie qui est une fête majeure dans le monde orthodoxe. A l’origine, elle était associée à la Nativité et se fêtait le même jour. La bénédiction des eaux, que ce soit en bord de mer, de lac ou de rivière est spectaculaire, surtout si des fidèles plongent dans des eaux qui sont rarement chaudes à cette période de l’année. Le mot Théophanie, comme le mot Epiphanie signifient « manifestation de Dieu ». En Occident, l’Epiphanie commémore l’adoration des mages. Dans l’Eglise orthodoxe, cette adoration des mages est inclue dans la fête de la Nativité – elle est évoquée dans l’Evangile de la liturgie de Noël.

A la Théophanie, nous fêtons le baptême du Christ dans le Jourdain. Par Son baptême, Il a sanctifié les eaux du Jourdain et ensuite toute la Mer Morte, dans laquelle il se jette, puis les terres avoisinantes, arrosées par les pluies – les nuages étant alimentés par l’évaporation des eaux qui ont été bénies, même si dans cette région aride, les pluies sont plutôt rares et irrégulières … De la même façon, quand un prêtre bénit la mer à Marseille, le jour de la Théophanie, c’est l’ensemble des mers et océans qui sont bénis et sanctifiés, dans la mesure où ils communiquent. L’on est passé de l’Ancien testament, avec une bénédiction limitée au territoire de la Palestine élargie, au Nouveau testament, avec la bénédiction de toutes les mers qui recouvrent la terre.

La Théophanie est la première manifestation divine trinitaire – quand le Christ sort de l’eau, l’Esprit de Dieu, troisième personne de la Trinité descend et vient sur Lui, comme une colombe, et la voix du Père ajoute : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, Celui qu’il M’a plu de choisir ».

Le baptême proposé par Jean le Baptiste était un baptême de conversion où ceux qui le demandaient confessaient leurs péchés. Il est donc légitime de se demander pourquoi Celui, dont nous disons dans nos offices, « qu’Il est le seul sans péché », est venu Se faire baptiser par Jean. Le Christ a d’abord sanctifié la nature par Son baptême, Il a ensuite montré avec humilité la voie à suivre aux descendants du premier homme pour pallier les conséquences de sa chute. Jean le Baptiste prônait un baptême de repentir, de conversion, de retour vers Dieu. L’évangéliste Luc rapporte qu’à ceux qui lui demandaient ce qu’il fallait faire après leur baptême, Jean répondait qu’ils devaient « pratiquer le partage, – aux collecteurs d’impôt – de ne rien exiger au delà de ce qui était prescrit par la loi, et aux soldats – de ne molester personne, de ne rien extorquer et de se contenter de leur solde ».

Notre baptême par l’eau, puis par l’Esprit, au moment de la chrismation, ont la même finalité – la purification et le retour vers Dieu. Le jour de son baptême, tous les péchés commis antérieurement par le catéchumène sont effacés, mais évidemment, pas ceux qui suivront. Le baptisé doit renouveler sa pureté retrouvée à chaque confession des péchés. Le nouveau baptisé est porteur d’une responsabilité – il doit assumer son christianisme, où repentir et conversion sont indissociables.

L’eau, bénie aujourd’hui, et conservée jusqu’à l’année prochaine, a de multiples usages qui sont évoqués au cours de l’office de bénédiction des eaux. Il n’est pas nécessaire de remplir des jerricanes – de même que le Jourdain a béni la Mer Morte, l’eau puisée aujourd’hui et rapportée chez nous bénira celle que nous rajouterons ensuite. Mais il ne sert à rien de se plonger dans des eaux glacées ou de boire des litres d’eau bénie en pensant que cela dispense de tout effort spirituel.

Saint Théodore le Reclus, un saint russe du 19-ème siècle, nous met en garde – l’eau bénie au cours d’un office, comme les Saintes Espèces, n’ont pas d’effet automatique ou magique, et ne sont efficaces que sur un terrain favorable, chez ceux qui se sont repentis, ceux qui sont humbles et aident leur prochain.

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