Lc 7, 11-16 Galates 1, 11-19

Luc 7, 11-16  Galates 1, 11-19

                  Dans l’extrait de l’épître aux Galates, lu aujourd’hui, l’apôtre Paul rappelle les circonstances de sa conversion. Ces informations complètent le résumé qu’en a fait l’évangéliste Luc dans les Actes des apôtres. L’immersion dans les milieux chrétiens de celui qui les avait persécutés avec tant de zèle, et sa coopération avec les autres apôtres n’ont pas été immédiates. 

            L’évangéliste Luc rapporte de façon détaillée la conversion de Paul sur le chemin de Damas et les quelques jours qui ont suivi, mais il se contente de résumer les trois années suivantes en quatre lignes : « Un temps assez long s’était écoulé quand les habitants juifs de Damas se concertèrent pour le faire périr, – écrit-il, (…) mais, une nuit, ses disciples le prirent et le descendirent le long de la muraille dans une corbeille. Arrivé à Jérusalem, Saul essayait de s’agréger aux disciples; mais tous avaient peur de lui, n’arrivant pas à le croire vraiment disciple. »

            L’apôtre Paul donne des précisions sur cette période. Après avoir recouvré la vue, tant physique que spirituelle, il part immédiatement en Arabie, « sans monter à Jérusalem auprès de ceux qui étaient apôtres avant lui », – écrit-il. Il ne rencontrera l’apôtre Pierre, chez qui il passera quinze jours, et « Jacques, le frère du Seigneur », que trois ans plus tard.

            L’on peut se demander pour quelles raisons Paul a attendu si longtemps avant de faire la connaissance des apôtres-disciples du Christ et d’intégrer leur groupe. Après une courte pause en Arabie pour se remettre du choc inouï qu’avait été sa conversion, il se jette à corps perdu dans l’annonce de l’Evangile à Damas. Il ajoute qu’il s’est lancé dans la prédication « sans recourir à un quelconque conseil humain ». Cela signifie que la révélation qui lui a été faite dans les circonstances décrites par l’évangéliste Luc, a été totale. Il n’a pas eu besoin d’une formation quelconque, il n’a pas eu besoin de conseils ou d’initiation. Il s’est passé de l’expérience des autres apôtres. Il a tout su, il a tout compris tout de suite. S’il a remis à plus tard la rencontre avec les onze, redevenus douze, c’est pour plusieurs raisons. La première est que, si trois ans après sa conversion, les apôtres l’ont accueilli avec méfiance, il y a fort à parier qu’ils auraient chassé leur ancien persécuteur avec des pierres, s’il s’était présenté à eux immédiatement après. Il fallait qu’il fasse ses preuves, loin d’eux, et sur une période assez longue pour gagner la confiance de ceux qu’il avait combattus. Une deuxième raison possible est qu’il a été comblé par la plénitude de la révélation, et n’a pas éprouvé d’autre besoin que celui de se mettre au service du Christ, tout de suite et sur place, exhortant les membres de la communauté juive de Damas à suivre son exemple.

            L’évangile de Luc de ce dimanche rapporte le miracle de la résurrection d’un jeune homme dans une ville de Galilée appelée Naïn. Les miracles opérés par le Christ devaient conforter la foi de ceux qui l’avaient déjà, en priorité celle des apôtres, et non convaincre les masses. Ceux qui avaient acclamé Celui qui avait ressuscité Lazare, se sont retournés contre Lui dès que le vent a tourné. Si le but avait été de convaincre les foules, il n’aurait pas été atteint. Pourquoi, après tous Ses miracles, pourquoi, après Sa propre résurrection, qui est le miracle des miracles, le Christ n’a-t-Il pas été reçu comme le Messie par l’ensemble de la population juive de l’époque ? Pourquoi le monde entier n’est-il pas devenu chrétien ? L’explication est simple. Depuis la création du monde, depuis la création du premier homme, Dieu lui a laissé son entière liberté. Celle de faire le bien, comme celle de faire le mal, celle de servir Dieu, comme celle d’être esclave de ses passions, c’est-à-dire des instincts naturels, qu’il est libre d’utiliser pour son bien, ou dont il peut être l’esclave. Les miracles ne peuvent pas convaincre ceux qui ne veulent pas croire, ceux qui refusent la foi. Le précédent de Moïse est significatif. C’est à la dixième plaie d’Egypte que le pharaon a laissé partir le peuple hébreu. Et il ne s’est pas converti pour autant. Pour ce qui est des juifs qui ont rejeté le Christ, le problème est plus complexe. Ils partent d’un principe qui est incontestable – Dieu a passé un contrat avec le peuple hébreu. Il a « donné Sa parole ». Il est inconcevable qu’Il la reprenne. Cette situation nous dépasse totalement. L’Esprit trouvera, en fait, Il a certainement déjà trouvé, la solution qu’Il nous soufflera au moment qu’Il jugera utile.

            Mais revenons aux grands ou moins grands miracles, aux interventions visibles de Dieu dans notre vie, et celles que nous ne percevons pas. Revenons aux conséquences de la liberté de choix que Dieu laisse à l’homme. Cela nous concerne directement. Aveuglés par notre détresse spirituelle, nous ne décelons plus la présence de Dieu qui est pourtant omni-présent. Un chrétien ne croit pas au hasard. Tout ce qui nous arrive, de bien comme de moins bien, toutes les rencontres que nous faisons, nous placent devant des choix. En toutes circonstances, nous pouvons nous efforcer d’adopter une attitude chrétienne de tous les instants, une attitude inspirée par l’esprit des Béatitudes. Mais nous sommes libres de faire le choix de nous laisser guider par nos instincts, par nos intérêts immédiats, par ce qui serait « des anti-béatitudes »: « Heureux ceux qui recherchent en priorité et obtiennent la richesse matérielle ou intellectuelle, heureux ceux qui écrasent les autres et les dominent, heureux ceux qui n’ont aucun souci et sont indifférents au malheur des autres, heureux ceux qui remplacent la justice de Dieu par la leur – le critère du bien étant alors la seule satisfaction de leurs besoins ». On pourrait résumer ces « anti-béatitudes » en disant: « heureux ceux qui font d’eux-mêmes le centre du monde et ne cherchent à servir que ce qu’ils pensent être leur intérêt, heureux ceux qui s’auto-idolâtrent ».

            A nous de choisir entre les béatitudes du Christ, qui sont un complément des dix commandements, et les anti-béatitudes que proposent les forces du Malin. A nous de choisir entre celles qui apportent le vrai bonheur et celles qui ne font que créer des besoins supplémentaires qui seront remplacés par d’autres quand ils seront assouvis, car notre soif d’infini ne peut être étanchée que par une source immatérielle, la seule Source qui puisse nous combler.    

       

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