Les offices spécifiques au Grand carême

2-ème dimanche de Carême – Saint-Prix, 2013

Dans notre paroisse, les offices sont réguliers, mais ils ne sont pas quotidiens. Et les dimanches des périodes de carêmes ne se distinguent que très peu des dimanches ordinaires – nous célébrons la liturgie de Saint Basile qui remplace celle de Saint Jean Chrysostome. Les deux liturgies ont la même structure, celle de Saint Basile est un peu plus longue, les vêtements liturgiques sont différents, ils sont de couleur sombre. Mais les dimanches de carême restent de petites Pâques, des Pâques hebdomadaires et donc des fêtes. C’est pour cette raison que l’on y chante des tropaires de la Résurrection.
Si nous ne célébrions que ces liturgies, notre perception du carême serait incomplète. C’est pour cela qu’il est important de célébrer des offices spécifiques aux périodes de carême. Nous célébrons les vêpres du Pardon, des Liturgies des Présanctifiés, nous écoutons ou lisons le Canon de Saint André de Crête et nous recevons l’onction des malades. Tous ces offices nous aident à entrer plus profondément dans le carême et à retrouver une forme de sobriété dans notre mode de vie.
Les vêpres du Pardon mettent l’accent sur une condition incontournable pour que notre carême soit sérieux et porte des fruits. Sans pardon des offenses dont nous avons été les victimes, nous ne serons pas pardonnés.
Le canon de Saint André de Crête est lu partiellement les lundi, mardi, mercredi et jeudi de la première semaine de carême et il est lu en intégralité le jeudi de la cinquième semaine. Dans notre paroisse, nous l’avons lu le mercredi soir de la première semaine de carême, et le relirons le mercredi soir de la sixième semaine, juste avant le dimanche des Rameaux.
Le canon comprend 250 tropaires composés au 7-ème siècle par le futur Saint André, un archidiacre attaché au Patriarche Théodore de Jérusalem. Ces tropaires s’appuient sur des exemples extraits de l’Ancien et du Nouveau testaments. Ils nous font prendre conscience de notre statut de pécheurs, ils nous aident à faire notre examen de conscience et à nous convertir, à nous tourner de nouveau vers Dieu. Ils appellent au repentir.
Il est écrit dans le synaxaire que « le canon permet aux âmes des pécheurs, que nous sommes, de s’adoucir (…) et, qu’accompagné du jeûne, le canon de Saint André de Crête est une force miraculeuse, transfiguratrice, illuminante et déifiante ».
Le synaxaire est le livre liturgique où sont consignées les vies des saints de chaque jour de l’année et où sont données des explications sur les fêtes du calendrier liturgique.
Chaque tropaire du canon de Saint André est une recommandation spirituelle. A ces 250 tropaires ont été ajoutés plus de cinquante autres tropaires, dédiés à Sainte Marie l’Egyptienne, qui personnifie le repentir et à Saint André de Crête, l’auteur du Canon.
La liturgie des Dons présanctifiés, que nous allons célébrer demain soir, a été composée au 6-ème siècle par le pape Saint Grégoire-le-Grand. En Occident, dans l’Eglise catholique, elle n’est célébrée que le Vendredi Saint.
La communion aux Saintes Espèces, l’Eucharistie dominicale associée au mémorial hebdomadaire de la Résurrection du Christ ne peut être que festive. Elle est par conséquent peu compatible avec le jeûne, avec le carême que le p. Alexandre Schmemann compare à un voyage qui nous mène au Royaume. En période de carême, les liturgies dominicales sont, en quelque sorte, des pauses dans ce voyage. Mais si la liturgie dominicale est une anticipation du Royaume, l’eucharistie est également un soutien, un médicament spirituel, elle donne des forces. Nous avons besoin de ce soutien pendant le carême, pendant cette période qui demande des efforts. C’est la raison d’être de l’institution de la liturgie des présanctifiés.
Privée du caractère festif des liturgies dominicales, elle est compatible avec le jeûne et peut être célébrée tous les jours de la semaine pendant le Grand carême. Dans la pratique elle est célébrée les mercredis et vendredis, le jeudi de la 5-ème semaine et les trois premiers jours de la semaine Sainte. Les Dons sont préparés le dimanche qui précède et sont conservés jusqu’au jour où l’on célèbre la liturgie des présanctifiés.
Nous avons procédé hier soir à l’onction des malades. Cet office est souvent assimilé à tort à ce qu’on appelle l’extrême-onction en Occident, c’est à dire à un sacrement administré aux mourants. S’appuyant sur la fin de l’épître de Jacques, l’Eglise propose aux fidèles un office où l’on prie pour la guérison des maladies du corps et de l’âme. Les péchés oubliés, et non cachés, sont pardonnés. Nous sommes tous des malades potentiels et depuis la chute du premier homme nous portons tous en nous les germes de maladies spirituelles que nous développons plus ou moins fort. L’office d’onction des malades est proposé aux fidèles le plus souvent pendant le Grand-carême.
Reprenant et développant l’image du voyage que serait le carême, nous partons avec des bagages, des provisions, des guides en chair et en os et imprimés. Les liturgies dominicales, les offices spécifiques au carême, la confession de nos fautes, la lecture des Ecritures et d’ouvrages spirituels nous aideront à aller jusqu’au bout du voyage. Ne les négligeons pas, ils ne sont pas seulement utiles, ils sont indispensables.

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