dimanche des femmes myrrhophores

Dimanche des femmes myrrhophores et du juste Joseph d’Arimathie 2013

La seconde partie de l’Evangile d’aujourd’hui reprend celui qui a été lu la nuit de Pâques, à la fin de la procession qui précède le début des matines, quand le prêtre et les fidèles s’arrêtent devant les portes closes de l’église. Après le transfert de l’épitathion, du Christ mort dans le sanctuaire qui symbolise le Royaume, après ce transfert de l’épitathion sur l’autel, la nef de l’église est devenue le tombeau vide du Christ. C’est devant les portes fermées du « tombeau » que le prêtre annonce aux fidèles la Résurrection du Christ, comme les femmes myrrhophores l’ont annoncé aux apôtres.

Les femmes Myrrhophores que nous fêtons aujourd’hui sont celles qui sont venues oindre d’huile et de parfums le corps du Christ mort, réclamé à Pilate par Joseph d’Arimathie, et mis au tombeau, enveloppé dans un linceul, comme le rapporte l’évangéliste Marc dans la première partie de l’évangile de ce dimanche. Joseph et Nicodème avaient procédé à un embaumement sommaire et il fallait le compléter. « Les femmes ont été les premiers témoins de la Résurrection, Joseph et Nicodème ont été les témoins de la mise au tombeau » – est-il écrit dans le synaxaire, où l’on ajoute que le Ressuscité est apparu ensuite à Joseph, réfugié à Arimathie pour lui confirmer Sa résurrection.

Qui étaient ces femmes ? Le manque d’informations à leur sujet dans les Evangiles canoniques a été compensé par les évangiles apocryphes et les récits oraux sur lesquels se sont appuyés la Tradition et les auteurs du synaxaire, le livre où sont commentées les vies des saints et où sont données les explications des fêtes.

Ces femmes font toutes partie du cercle rapproché à la fois familial et amical du Christ. Tout cela est expliqué dans le synaxaire. Il faut rappeler que, dans notre tradition, la Mère de Dieu a épousé un veuf – Joseph qui avait sept enfants d’un premier mariage : quatre garçons Jacques le Mineur, dit le frère du Christ, José, Simon et Jude, et trois filles : Esther, Thamar et Salomé. En langue du 21-ème siècle la Mère de Dieu était la belle-mère de tous ces enfants. En langue de l’époque du Christ, Elle était leur mère. Quand l’évangéliste parle de Marie de Magdala et de Marie, mère de Jacques – Marie est la Mère de Dieu et la belle-mère de Jacques et Salomé.

Salomé, la myrrhophore est une des filles de Joseph. Elle est également la femme de Zébédée et la Mère des apôtres Jacques et Jean l’Evangéliste. 

Jeanne, une autre myrrhophore, était l’épouse d’un intendant du roi Hérode. Après l’exécution de Jean-Baptiste, sur ordre d’Hérode, le corps et la tête du Précurseur du Christ avaient été enterrés séparément. C’est Jeanne qui aurait récupéré secrètement la tête de Jean-Baptiste.

 La tradition ajoute également Marthe et Marie, les sœurs de Lazare que le Christ a ressuscité.

Les évangélistes ajoutent au nombre des myrrhophores – Marie, la femme de Cléopas qui était le frère de Joseph l’époux de Marie, et ils parlent aussi d’une certaine Suzanne dont on ne sait pas grand-chose.

Ces femmes ont assuré l’intendance pendant les deux ou trois années de la vie publique du Christ. Elles sont restées fidèles jusqu’au bout et ont fait preuve d’un courage supérieur à celui des apôtres. C’est sans doute pour cette raison qu’elles ont été les premières à apprendre la nouvelle de la Résurrection du Christ.

Les auteurs du synaxaire, des moines qui, n’étaient guère féministes, donnent une autre explication : « Il fallait, – est-il écrit, en effet que le sexe féminin, le premier qui succomba au péché et reçut comme héritage la malédiction, vît aussi le premier la Résurrection et le premier reçût l’annonce de la Joie, lui qui s’était entendu dire – tu enfanteras dans les douleurs ».

En Russie, où les autorités de l’époque communiste ont instauré une fête des femmes le huit mars en mémoire des suffragettes américaines, le troisième dimanche après Pâques, le dimanche des femmes myrrhophores est considéré par l’Eglise, comme la fête des femmes chrétiennes. C’est grâce au sang des martyrs et au courage de nombreuses femmes qui, suivant le modèle des myrrhophores, sont restées fidèles, que l’Eglise persécutée a pu survivre.

Si l’Eglise russe a survécu grâce à ses martyrs et aux grand-mères qui l’ont défendue comme elles ont pu, elle a aussi survécu grâce aux « Josephs » d’Arimathie du 20-ème siècle. Ils n’ont pas choisi la voie du martyre, mais ont fait leur possible pour sauver dans la discrétion et parfois dans la compromission ce qui pouvait l’être.

Saint Joseph d’Arimathie, membre du Conseil des Anciens, la plus haute instance du judaïsme de l’époque, a été un disciple secret du Christ. Après avoir subi des persécutions de la part des autorités juives, il se serait rendu en Angleterre où il serait mort évêque.

Bonne fête à toutes les femmes myrrhophores de notre paroisse et à tous les « Josephs » qui en sont l’équivalent masculin, en moins courageux ! Elisabeth Behr-Siegel, notre théologienne féministe, dans le bon sens du terme, arrière grand-mère et grand-mère de certains de nos paroissiens doit être aux anges dans l’Au-delà.

 

   

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