Dormition 2015

Nous fêtons aujourd’hui un événement dont il n’est question ni dans les Evangiles, ni dans les actes des apôtres, ni dans les épîtres. C’est d’autant plus étonnant que les Evangiles ont été rédigés après cet événement. Et, sans la tradition orale, nous n’aurions jamais rien su de la Dormition de la Mère de Dieu, de la fin de sa vie terrestre.

Il y a très peu d’informations sur la Mère de Dieu dans les récits évangéliques où elle n’est que rarement mentionnée. Seul l’apôtre Luc évoque la vie de la Vierge avant la naissance et la petite enfance du Christ.

Malgré ce silence, l’on sent pourtant, tout au long des Evangiles, la présence discrète de la Mère de Dieu, à qui l’apôtre Jean a, paradoxalement, consacré moins de lignes qu’à la Samaritaine, alors que le Christ en croix lui avait confié sa Mère.

La Mère de Dieu a un statut sans égal. Elle est omniprésente dans nos offices, et tout foyer orthodoxe a une icône de la Mère de Dieu à la maison. Quatre fêtes majeures lui sont consacrées – sa Nativité, sa Présentation au Temple, l’Annonciation et sa Dormition que nous fêtons aujourd’hui. Au cours de la proscomédie, la première parcelle prélevée par le prêtre, la seule qui soit placée à la droite de l’Agneau, est celle qui commémore la Mère du Christ. Elle reste, cependant, entièrement humaine. L’Eglise orthodoxe emploie les adjectifs Toute-pure, Immaculée, Très sainte, Sans-tache, pour la qualifier. Nous chantons qu’elle est infiniment plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphims. Notre Eglise a pourtant refusé le dogme occidental de l’Immaculée conception de Marie promulgué au 19-ème siècle par l’Eglise de Rome. Cela ne signifie pas que nous considérons la Mère du Christ comme une pécheresse, cela signifie que nous pensons qu’en tant qu’être humain, elle a été conçue de manière naturelle et que comme tous les êtres humains elle a hérité des conséquences du péché originel, c’est-à dire de la faiblesse, de la maladie, de la mort. Elle a atteint la perfection par ses choix, par son obéissance à Dieu et à la Loi, alors qu’elle était libre de ne pas le faire. Une conception immaculée, de notre point de vue, l’aurait privée de sa liberté et l’aurait mise à part – sans être Dieu, elle n’aurait plus été complètement humaine. C’est une des raisons pour lesquelles nous parlons de Dormition pour sa mort, et non d’Assomption. Dans les deux approches, la Mère du Christ est entrée au Royaume – en étant passée par la mort pour les orthodoxes, sans passer par la mort pour l’Eglise catholique. Cela dit, les positions des deux Eglises se sont rapprochées. Les papes Pie XII, puis Benoît XVI ont admis la validité des deux thèses, partant de l’idée que si le Christ était passé par la mort avant de ressusciter, ce ne serait pas une hérésie de penser que sa Mère pouvait être également passée par la mort.

Selon notre Tradition, les apôtres, prévenus par l’Esprit Saint se sont rassemblés autour de la Mère de Dieu, pour l’accompagner dans ses derniers moments. Après sa mort, ils l’ont enterrée dans une grotte à Gethsémani. L’apôtre Thomas, arrivé à Jérusalem avec trois jours de retard, s’est rendu au tombeau avec les autres apôtres et ils ont découvert qu’il était vide. Elle leur est apparue le soir alors qu’ils s’apprêtaient à dîner ensemble et leur a dit « réjouissez-vous ! Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ». Elle est, pour cette raison, considérée comme notre meilleur intercesseur auprès de Dieu.

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