La liturgie

 Notre Eglise célèbre trois liturgies qui portent le nom de leurs auteurs avérés ou présumés – la liturgie de Saint Jean Chrysostome, la plus courante, celle de Saint Basile, que nous célébrons les dimanches du Grand carême et à quelques autres moments de l’année liturgique, et enfin, celle de Saint Jacques, célébrée une fois par an, le 5 novembre, jour où l’on commémore Saint Jacques, le premier évêque de Jérusalem.

Saint Basile le Grand est un saint du 4-ème siècle, Saint Jean Bouche d’Or, ou Chrysostome, a vécu dans la deuxième moitié du 4-ème et au début du 5-ème siècle. Chacune de ces liturgies est une anticipation du Royaume, comme la Transfiguration du Christ sur le Mont Thabor a été une anticipation de Sa résurrection dans un corps transfiguré et une anticipation de notre résurrection.

Cette anticipation liturgique du Royaume, cette union des Eglises Terrestre et Céleste, est dévoilée par les auteurs des trois liturgies. Et la configuration des lieux, dans nos églises, souligne cette anticipation et cette union. Le sanctuaire où se trouve l’autel représente le Royaume où siège le Dieu Trinitaire. Nous sommes séparés de ce Royaume par l’iconostase, une cloison couverte d’icônes, qui représente l’Eglise céleste, avec le Christ et Sa Mère de part et d’autre des Portes Royales, les quatre évangélistes, et différentes catégories de saints. La représentation de l’Eglise céleste se fait aussi sur tous les murs de notre chapelle. Chaque icône a une fonction éducative, chaque icône est une leçon de théologie, un peu comme des bandes dessinées à portée spirituelle, et chaque icône représentant un saint manifeste sa présence à nos offices.

L’Eglise céleste et l’Eglise terrestre sont déjà réunies pendant la proscomédie. Quand vous apportez vos prosphores et lisez vos dyptiques, vous faites participer à la liturgie ceux que vous mentionnez : les vivants et ceux qui sont entrés dans l’éternité, ceux qui sont « nés au ciel ». Au cours de la liturgie, nous vivons dans deux temporalités, celle des hommes, dans le temps, et, hors du temps, dans celle de Dieu, et celle de nos prédécesseurs qui L’ont rejoint dans l’éternité.

Il y a de nombreuses explications du sens de la liturgie, dont la première finalité est la communion aux Saintes Espèces, quand nous commémorons la Cène, comme le Christ a demandé aux apôtres de le faire. Et Monseigneur Kallistos Ware ajoute que « l’eucharistie créé l’Unité de l’Eglise ». Il veut, sans doute, parler de l’unité de toutes les communautés répandues dans le monde entier, mais aussi de l’unité des Eglises Céleste et Terrestre.

Une seconde finalité de la liturgie eucharistique est le rétablissement provisoire de notre ressemblance avec, Dieu qui a été perdue quand le premier homme Lui a désobéi, ressemblance que nous perdons à chaque fois que nous nous éloignons de Dieu. Pour les « élus », la ressemblance sera définitivement rétablie dans l’éternité. Cette élection est à la portée de tout le monde, si l’on se réfère au Bon larron, invité par le Christ à entrer au Royaume immédiatement après sa mort.

Il y a cependant des conditions à cette invitation au Royaume, en plus du repentir. Elles sont évoquées à tout moment au cours de la liturgie, dans les paroles prononcées par les célébrants au nom de la communauté, et quand le chœur chante les Béatitudes et quand l’ensemble des fidèles chante le Notre Père. Mais la liturgie est aussi une louange, une communication personnelle et collective avec Dieu, totalement proche, « parce qu’Il emplit tout », disons-nous dans la prière « Roi céleste » où nous demandons aussi qu’Il vienne faire Sa demeure en nous. La proximité totale de Dieu est matérialisée par la communion. Et pourtant, Dieu reste « inexprimable, incompréhensible, invisible, et inconcevable », comme il est dit par le célébrant dans la prière de l’oblation.

Ce Dieu infiniment proche, quand nous communions aux Saintes Espèces, nous paraît infiniment lointain, en raison de notre aveuglement spirituel et de notre indignité. Nous reconnaîtrons tout à l’heure cette indignité en prenant à notre compte les paroles de Saint Paul, citées dans la prière avant la communion : « Je crois Seigneur et je confesse que Tu es en vérité le Christ, le Fils du Dieu vivant, venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier ».

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