Beauté et profondeur de la liturgie

Il y a un peu plus de mille ans, le prince Vladimir choisissait le christianisme byzantin pour la Russie de l’époque, à la suite du rapport qui lui avait été fait par ses ambassadeurs de retour de Constantinople. Ces ambassadeurs, assistant à des offices à Sainte Sophie, la plus grande église-cathédrale de l’empire byzantin, s’étaient demandé « s’ils étaient au ciel, car sur terre on ne pouvait trouver tant de beauté et de magnificence ».

Dans nos églises, autant que possible, à la mesure de nos moyens, nous essayons de nous inspirer de cette beauté et de cette magnificence.

Il arrive que nos frères chrétiens, même bienveillants, émettent des réserves sur ce qu’ils ressentent comme une forme de théâtralité dans nos offices, surtout dans nos offices pontificaux. La réponse à ces réserves est exprimée très clairement par Monseigneur Kallistos Ware, un évêque orthodoxe britannique.

Il vous a souvent été dit que la liturgie était une anticipation du Royaume. Voici ce qu’en dit Monseigneur Kallistos : « Prier et célébrer, c’est percevoir la beauté spirituelle du Royaume des cieux. C’est exprimer cette beauté, à la fois par des mots, de la poésie et de la musique, par l’art et des actes symboliques et par nos vies tout entières ». (…) « Nous louons Dieu non seulement avec des mots, mais aussi de nombreuses autres manières : par la musique, la splendeur des vêtements sacerdotaux, la couleur et les lignes des saintes icônes, l’articulation de l’espace sacré dans le plan de l’église-bâtiment, à travers les gestes symboliques comme le signe de la croix, l’offrande de l’encens ou le fait d’allumer un cierge, par l’usage des composantes fondamentales de la vie humaine, comme l’eau, le pain et le vin, le feu et l’huile ». (…) « Pour un chrétien orthodoxe, il est de la plus haute importance que la célébration exprime la joie et la beauté du Royaume des cieux. Sans cette dimension de la beauté, notre louange ne réussira jamais à être une prière au plein sens du terme ».

Ces lignes écrites par Monseigneur Kallistos font écho à l’affirmation de Dostoïevsky que « le monde serait sauvé par la beauté ».

Monseigneur Kallistos ajoute que « cette joie et cette beauté du Royaume ne peuvent être convenablement exposées par des arguments abstraits et des explications logiques ; on doit faire l’expérience et non en discuter ». (…) « Toute la valeur du symbole dans la célébration réside dans le fait qu’il exprime quelque chose qui ne peut pas être dit uniquement par des paroles, qu’il (le symbole) atteint une part de notre être qui ne peut être touchée par des arguments rationnels ».

Pour résumer, la prière collective ou individuelle doit s’affranchir, en partie, du raisonnement intellectuel, et la perception d’un certain nombre de mystères se fait par imprégnation. La beauté des offices et l’atmosphère qui y règne jouent un rôle important. Elles laissent entrevoir la beauté infinie qui règne dans le Royaume. La beauté paisible des offices pour les défunts apaise. L’exubérance des offices de la nuit de Pâques fait entrer dans la joie pascale, même ceux qui ne sont pas vraiment pratiquants. Nous ne cherchons pas la beauté pour la beauté. Dans nos offices, nous essayons d’offrir à Dieu ce qu’il y a de meilleur. « Ce qui est à Lui, le tenant de Lui, nous le Lui offrons pour tout et en tout ».

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