Matthieu 22, 1-14   2 Co, 1, 21 – 2, 4

La parabole du festin nuptial est déroutante par sa sévérité, et elle peut être interprétée au moins de deux façons, selon que nous pensons que le Christ S’adresse aux seuls Juifs ou à nous tous. La conclusion est très inquiétante. Dans les Evangiles, le festin de noces est toujours l’image du Royaume céleste, et le fait que tous soient appelés et qu’il y ait peu d’élus nous interpelle, d’autant plus que ceux qui n’auront pas été élus « seront jetés pieds et poings liés dans les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents ». En langue moins imagée, cela semble signifier que si tout le monde est invité au Royaume, très peu de personnes y auront leur place. Sont exclus, ceux qui auront refusé l’invitation et parmi ceux qui l’auront acceptée, certains se verront reconduire dans un endroit qui n’aura rien de plaisant, en raison de leur indignité.

            Une première interprétation simpliste serait que le Christ S’adresse à Ses compatriotes, à tous ceux qui ne L’ont pas reconnu ou ne Le reconnaîtront pas comme le Messie. Ils connaîtront le pire des sorts et seront rejetés par Dieu. L’explication ne tient pas. Nous parlons de deux testaments. Dieu à fait deux promesses – une première au peuple dont le Christ est issu par Sa Mère et une seconde à tous les peuples de la terre. Un homme peut changer de testament, un homme peut revenir sur sa parole. Il est impossible que Dieu revienne sur la parole qu’Il a donnée. Le peuple juif a et aura toujours un statut spécial, un statut qui nous dépasse totalement, un statut qui est au-delà de notre compréhension. Et le fait de penser que le Christ, ici, ne S’adresse qu’aux seuls Juifs ne nous dédouane pas de nos obligations et de nos responsabilités. Nous n’avons aucune idée de la façon dont les Juifs seront jugés, et, d’ailleurs, cela ne nous regarde pas. Occupons-nous plutôt de nous, et voyons dans quelle mesure cette parabole nous concerne, nous.

Nous sommes tous appelés, et cela malgré notre état de pécheurs. Pour que nous en soyons bien conscients, le Christ n’a cessé de répéter qu’Il était venu pour sauver les pécheurs, dont Saint Paul a dit qu’il était le premier. Et nous avons raison de reprendre à notre compte cette affirmation dans les paroles que nous prononçons dans la prière avant la communion, communion qui préfigure le festin du Royaume céleste.

Les bonnes raisons, données par les invités de la parabole qui déclinent l’invitation qui leur est faite symbolisent toutes les bonnes raisons que nous trouvons pour ne pas répondre à la double invitation du Christ – celle à Le suivre en nous convertissant, en changeant notre vie et celle à participer aux liturgies dominicales où nous sommes invités à communier aux Saintes espèces.

 Le vêtement de noces que nous devons revêtir est la préparation à la liturgie. Quand notre âme est trop « sale », nous avons la possibilité de la laver par le biais de la confession. Les contemporains du Christ qui étaient trop pauvres pour avoir un vêtement de noces s’en voyaient prêter un par les parents des futurs mariés. Le sacrement de la confession, lui, n’est pas un prêt, c’est un don. Mais soyons réalistes, nous avons hérité de toutes les complications qui résultent de la faute d’Adam, de la faute du premier homme, et, le jour de notre baptême mis à part, puisque ce jour là nous avons été lavés de tout péché – nous ne serons jamais complètement « propres », si l’on continue d’utiliser l’image de la noce. Cependant, si le Christ a eu des paroles très sévères, Il a également dit que « ce qui était impossible aux hommes était possible à Dieu ». Dans la mesure où nous ne sommes et ne serons jamais parfaits, l’Esprit compensera toujours nos insuffisances et à moins d’avoir un péché très lourd sur la conscience, nous serons toujours invités à communier à la liturgie, malgré nos maladies spirituelles.

Le Christ souffle le froid dans un but pédagogique, parce que l’absence de crainte du châtiment pourrait nous inciter à ne plus fournir aucun effort, mais Il souffle également le chaud en laissant clairement entendre que si nous fournissons des efforts, l’Esprit sera toujours là pour compenser les insuffisances, dont nous ne pourrons jamais nous débarrasser complètement. Et cela nous empêche de sombrer dans le désespoir.

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