Présentation au Temple de la Mère de Dieu.

 Dans notre Eglise, en plus de Pâques, nous avons douze fêtes majeures et sept grandes fêtes. Quatre grandes fêtes sont dédiées à la Mère de Dieu – l’Annonciation, la Dormition, Sa Nativité et Sa Présentation au Temple que nous fêtons aujourd’hui. Une cinquième fête, celle de la sainte Rencontre du Christ, notre fête paroissiale, est mixte, elle est cataloguée à la fois dans la catégorie des fêtes mariales et dans celle des fêtes, dites du Seigneur. La Protection de la Mère de Dieu, elle, entre dans la catégorie des Grandes fêtes.

Pourquoi cette comptabilité ? La Mère de Dieu est la personne qui apparaît le moins souvent dans les Evangiles, alors qu’elle a un statut à part, alors qu’elle est omniprésente dans notre liturgie et tous nos offices et qu’au moins six fêtes lui sont consacrées. Au cours de la proscomédie, elle a une prosphore pour elle seule, et la parcelle qui en est prélevée est placée, avant toutes les autres, sur la patène, et à la droite de l’Agneau, à la droite du Christ. Au cours de la liturgie, elle est mentionnée dans de nombreuses prières et, à la fin de chaque litanie – le célébrant dit : « Faisant mémoire de notre très sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, et de tous les saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et confions toute notre vie au Christ, notre Dieu ». Là aussi, comme à la proscomédie, la Mère du Christ est mentionnée en premier, avant tous les saints. Dans toute église orthodoxe, il y a toujours une grande icône de la Mère de Dieu sur l’iconostase, à la gauche des portes Royales. D’une certaine façon, elle fait face à celle du Christ.

Alors pourquoi, les renseignements biographiques sur la Mère du Christ sont-ils aussi peu nombreux, et aussi succincts dans les Evangiles, y compris celui de Luc, qui est le plus documenté sur Elle ? Pourquoi, dans les Evangiles des fêtes qui sont consacrées à la Mère de Dieu, n’est-il question que de Marthe et Marie, les sœurs de Lazare ? Pourquoi, alors qu’elle est presque absente dans les Ecritures est-elle aussi présente dans nos églises, dans nos offices et pourquoi autant de fêtes lui sont-elles consacrées ? Parce que bien que Mère du Christ, elle est héritière, comme nous, du premier homme. Elle a donc été confrontée, comme nous au monde déchu, et dans ce contexte pas vraiment favorable, elle a été la personne la plus proche de la perfection, à laquelle nous sommes tous appelés. Elle est le modèle que nous devons suivre et notre intercesseur numéro un auprès de Dieu.

La première raison du choix de l’Evangile de Marthe et Marie est que trop peu de lignes sont consacrées à la Mère de Dieu dans les récits des évangélistes et parce que l’épisode de la Présentation au Temple n’y est pas évoqué du tout. La seconde raison est que le caractère de la Mère de Dieu correspond à celui des deux sœurs – de Marie, celle qui écoute humblement la Parole, et de Marthe, celle qui s’affaire pour le bien de tous. Et si la Mère de Dieu est rarement nommée dans les Evangiles, c’est pour souligner son humilité qui couronne toutes ses autres qualités. Toujours présente auprès de Son Fils, jusqu’au pied de la Croix, elle Se tient toujours en retrait. Le seul écart dans cette conduite a été son intervention aux Noces de Cana où Elle force la main à son Fils pour qu’Il règle un problème d’intendance – il n’y a plus de vin pour les invités. Le Christ va faire ce qu’il faut pour qu’il y en ait pour tout le monde. Il transforme l’eau en vin et en vin d’une qualité extraordinaire. C’est le côté Marthe de la Mère de Dieu, la Marthe qui s’affaire, qui s’occupe de tout ce qui est matériel dans la maison de Lazare.

Les textes des vêpres et matines de la Fête d’aujourd’hui ont été rédigés d’après les renseignements puisés dans les Evangiles apocryphes de Jacques et de Mathieu et dans les récits de la tradition orale que nous avons héritée du judaïsme, et qui a joué un grand rôle dans l’Eglise primitive, jusqu’à la rédaction des Evangiles canoniques et autres livres du Nouveau testament. Alors que fêtons-nous aujourd’hui ? La Présentation au Temple de la future Mère du Christ, alors qu’elle était âgée de trois ans afin qu’elle y serve Dieu et aie le moins possible de difficultés pour y mener une vie pure et sainte.

Les trois lectures de l’Ancien testament des vêpres de la fête ont le Temple de Jérusalem pour thème. La première évoque la construction de l’Arche d’alliance et du Sanctuaire par Moïse, la seconde lecture raconte la construction du Temple par Salomon et la dernière est un extrait du livre d’Ezéchiel où sont évoquées les règles d’admission au sanctuaire du temple de Jérusalem. La porte du sanctuaire est fermée à tout homme, elle est réservée à Dieu. Il est écrit exactement : « Le Seigneur me dit : Cette porte restera fermée ; on ne l’ouvrira pas ; personne n’entrera par là ; car le Seigneur, le Dieu d’Israël, est entré par là ; elle restera fermée ». La prophétie fait allusion à la virginité de la Mère de Dieu avant, pendant et après la naissance du Christ. C’est le sens des trois étoiles qui figurent, l’une au niveau du front, et les deux autres au niveau de chacune des épaules de la Mère du Christ sur les icônes.

Le Temple, dont il est question dans les lectures, préfigure et symbolise la Mère de Dieu, temple vivant, par lequel le Fils de Dieu S’est incarné. Le Roi céleste est venu faire Sa demeure en Elle. Ce temple est supérieur à tout temple de pierre.

Demandons à notre tour à l’Esprit de faire Sa demeure en nous, pour que nous devenions, nous aussi, des temples de Dieu, comme le dit l’apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens. Bonne fête à tous !

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