Dimanche de la généalogie Mt 1, 1-25 Hb 11, 9-10, 17-23, 32-40,

Le mot « mystère » se traduit de deux façons en russe, il se traduit par deux mots de même racine : « tainstvo » et « taina ». La première traduction : « tainstvo » correspond, plus ou moins, au mot « sacrement » en français, mais sa signification est plus large et désigne toute intervention divine dans le cadre de l’Eglise. C’est, en premier lieu, la consécration des dons qui vont servir à la communion du clergé et des fidèles au cours de la liturgie. Ce sont ensuite, aussi, toutes les bénédictions faites par un évêque ou un prêtre, les bénédictions de personnes, les bénédictions de maisons, d’icônes, de troupeaux, de véhicules, la liste est très longue. Nous ne limitons à 7 le nombre des sacrements, le nombre des mystères, que par commodité. La seconde traduction du mot « mystère » est « taina ». Elle évoque une réalité qui dépasse l’entendement, qui se situe au-delà de notre compréhension, mais une réalité à laquelle notre foi nous permet d’accéder.

La Nativité est un de ces mystères qui dépassent l’entendement. L’une des personnes de la Trinité, et ce mystère nous dépasse encore plus que tous les autres, le Fils de Dieu qui existe de toute éternité, S’incarne en naissant d’une femme. Conçu d’une façon qui défie les règles de la nature, Il vient au monde, comme tous les autres enfants. Evoquant la mort du Fils de Dieu sur la Croix et Sa résurrection, L’apôtre Paul parle de scandale pour les Juifs et de folie pour les païens. Cette formule peut s’appliquer à Sa naissance. Comment une femme, complètement humaine, peut-elle mettre au monde un Dieu préexistant ? Et l’enfant de Marie ne Se distingue pas des autres. Il est complètement homme. L’enfance, l’adolescence et les débuts de la vie d’adulte du Dieu fait homme ont été si ordinaires, que seuls deux événements sont relatés dans les récits évangéliques canoniques : Sa Présentation au Temple, peu après Sa naissance, et, plus tard, Son escapade à Jérusalem, alors qu’Il avait douze ans, au cours du pèlerinage pascal annuel de Sa famille. La vie publique du Christ ne commence que peu après Son baptême dans le Jourdain, vers l’âge de trente ans.

Cette Nativité que nous nous apprêtons à fêter, et que notre foi nous permet d’accepter, a été prophétisée dans l’Ancien testament. Il est écrit dans le livre d’Esaïe : « Le Seigneur vous donnera Lui-même un signe : Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7, 13-14). Sachant que la signification du nom Emmanuel est « Dieu est avec nous », l’enfant né à Bethléem est donc Dieu.

Dans son 131-ème psaume, le roi et prophète David annonce également la venue du Messie, sous la dictée de l’Esprit Saint, sans vraiment se rendre compte de ce qu’il dit : « Le Seigneur l’a juré : c’est quelqu’un sorti de toi (il s’agit de David) que Je mettrai sur ton trône » (Ps 131, 11). Dans la généalogie du Christ sur 42 générations, David apparaît à la 15-ème. Joseph, le beau-père du Christ, qui, pour ses contemporains était considéré comme Son père biologique figure au 42-ème rang.

Saint Jean Damascène apporte une réponse à ceux qui sont gênés que la généalogie du Christ parte de celle de son beau-père qui n’était pas Son père. Si les évangélistes Mathieu et Luc n’évoquent pas la généalogie de la Mère du Christ, qui elle aussi est de la lignée de David, c’est parce que traditionnellement, dans l’Ancien testament, les généalogies prenaient en compte les hommes et non les femmes. D’autre part, la Mère de Dieu était obligatoirement issue de la même tribu d’Israël que son époux, celle de David. Joseph n’aurait jamais contracté un mariage avec une femme issue d’une autre tribu. Cela ne se faisait pas. Cette généalogie, si précise soit-elle, et l’explication supplémentaire de Saint Jean Damascène, ne lèvent pas le mystère. Souvenons-nous de l’erreur d’Adam qui a voulu tout savoir et tout expliquer et ne commettons pas la même. Il est fondamental que nous, chrétiens, acceptions parfois de remplacer la connaissance rationnelle par la foi. Les deux ne sont pas incompatibles, mais c’est la foi qui permet d’accéder à la vraie connaîssance.

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