Saints André, Barbara et Nicolas. Mc 5, 24-34 Ep 2, 14-22 Ga 3, 23-29

 Les deux lectures de l’apôtre – celle du dimanche, comme celle de Sainte Barbara, l’une des saintes du jour, mettent l’accent sur un changement majeur du statut de la personne dont l’enseignement du Christ est à l’origine. Ce changement a troublé les membres des premières communautés chrétiennes auxquelles Saint Paul adresse ses épîtres. « Grâce au Christ, – est-il écrit dans l’épître aux Ephésiens, (…) les uns et les autres, dans un seul Esprit, (…) nous ne sommes plus des étrangers, ni des émigrés, nous sommes concitoyens des saints, nous sommes de la famille de Dieu ». Dans le même extrait, l’apôtre ajoute que « de ce qui était divisé, le Christ a fait une unité. Dans Sa chair, Il a détruit le mur de séparation qu’est la haine » (…) « A partir du Juif et du païen, Il a voulu créer un homme nouveau (…) et les réconcilier tous les deux avec Dieu ». Dans l’épître aux Galates, Saint Paul reprend la même idée : « par la foi, devenus fils de Dieu, en Jésus Christ, nous tous qui avons été baptisés en Christ, nous L’avons revêtu. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, nous sommes un en Jésus Christ ».

Ces propos étaient dérangeants au premier siècle – les différences sociales étaient marquées, – entre pauvres et riches, entre maîtres et esclaves, même si la loi juive imposait que les esclaves soient bien traités. Le statut de la femme, était inférieur à celui de l’homme, mais l’infériorité relative de la femme juive était tempérée par le fait que la judaïté se transmettait aux enfants par la femme et non par l’homme – ce qui est toujours le cas. Les Juifs ne se mélangeaient pas aux Grecs, c’est-à-dire ni aux païens, ni aux Samaritains et les toutes premières communautés chrétiennes s’étaient formées selon des critères ethniques, avant que ne se développe la mixité sociale et nationale prônée par Saint Paul. Au départ, les anciens païens avaient leurs communautés, les Juifs devenus chrétiens avaient les leurs.

Pour ce qui est des émigrés, le judaïsme, depuis la fuite d’Egypte, a toujours préconisé leur protection et leur respect, mais cette attitude lui était spécifique et n’était partagée par aucun autre peuple.

En quoi tout cela nous concerne-t-il ? En tout. La société a évolué, mais certains problèmes continuent parfois à se poser. La vie paroissiale est, ou doit être, l’illustration parfaite de cette unité dans la diversité à laquelle Saint Paul fait référence. Dans nos paroisses se retrouvent des fidèles de tous âges, de toutes origines – sociale ou ethnique. Certains sont à l’aise financièrement, d’autres ne le sont pas. Les hommes ne se sentent pas supérieurs aux femmes. Espérons que les femmes ne se sentent pas supérieures aux hommes. Les opinions sur tout ce qui touche à la vie dans la Cité peuvent être différentes, mais elles ne prennent pas le pas sur le reste, sur le plus important, sur ce qui nous unit. De ce qui est a priori divisé – et c’est le cas dans la société civile, le Christ fait une unité, dans l’Eglise avec un grand E, comme dans les églises avec un petit e, comme dans la nôtre où l’atmosphère est paisible et les relations sont fraternelles.

Nous savons tous que cela n’est pas le fruit du hasard, ne serait-ce que parce que le hasard n’existe pas. C’est le résultat des efforts de tous. Mais, comme le conseille l’apôtre Pierre à la fin de sa première épître, nous devons « veiller, car notre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » et l’apôtre nous appelle « à résister aux forces du Malin, par la fermeté de notre foi ». C’est de cette foi qu’il est aussi question dans l’Evangile d’aujourd’hui. La foi de la femme qui souffrait d’hémorragies depuis douze ans l’a guérie. La foi guérit les maladies physiques – c’est spectaculaire quand cela arrive, trop rarement à notre goût. La foi atténue également les maladies spirituelles, de façon plus discrète.

Demandons à l’Esprit qu’Il continue à nous aider à rester une famille spirituelle unie, à nous soutenir les uns les autres, à supporter nos défauts respectifs. Demandons à l’Esprit la force de ne pas juger notre prochain y compris en dehors de l’église, et d’agir envers lui, comme nous aimerions qu’il agisse envers nous. « Confions-nous, nous-mêmes, les uns les autres, et confions toute notre vie au Christ, notre Dieu ».

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