18-ème dimanche après la Pentecôte 2 Co 9, 6-11 Lc 5, 1-11 1 Co 16, 13-24 Mt 24, 42-47

         La lecture de l’apôtre d’aujourd’hui peut être reçue à deux niveaux. Chacun d’entre eux est source d’enseignement. Le premier niveau est historique, le second est hors du temps.

         Nous avons tendance à idéaliser le temps des premiers chrétiens, et généralement le passé – tout aurait été mieux avant. Les relations entre l’apôtre Paul et les chrétiens de Corinthe rompent cette image idyllique. En plus des problèmes de personnes et des accusations portées contre lui, Saint Paul appelle les chrétiens de la communauté de Corinthe a suivre l’exemple des Eglises de Macédoine, qui malgré leur pauvreté ont apporté une aide, au-delà de leurs moyens, pour venir au secours de la communauté de Jérusalem. Les chrétiens de Corinthe faisant preuve de moins de générosité se voient incités à fournir des efforts. L’aide matérielle apportée par des communautés aisées, et encore plus par des églises aux moyens plus modestes, à des communautés moins bien loties doit servir d’exemple pour que les témoins de cette générosité louent Dieu. Cette aide matérielle était aussi un moyen de montrer aux chrétiens disséminés dans le monde qu’ils faisaient partie à la fois d’une Eglise locale, mais aussi de l’Eglise universelle, dont chacune des composantes a des devoirs envers les autres.

         L’apôtre Paul met l’accent sur l’aspect matériel de la pratique de l’amour du prochain, sur le partage des richesses quand on dispose soi-même du nécessaire. Il met l’accent sur les œuvres, dans un faux conflit entre les œuvres et la foi en réalité indissociables.

             Nous sommes appelés à aimer Dieu et notre prochain, c’est-à-dire à leur accorder la priorité, alors que nous avons tendance à nous accorder cette priorité. Dans le Décalogue, deux commandements se complètent – nous devons aimer d’abord Dieu, puis notre prochain comme nous-mêmes. C’est l’idéal. L’évangéliste Jean, conscient de notre faiblesse et de nos insuffisances, inverse les priorités, d’une certaine façon, dans sa première épître. « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas ». « Celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » – écrit-il. Nous ne pouvons prétendre aimer Dieu si nous n’accordons pas la priorité à notre prochain. Commençons donc par aimer notre prochain. Et si nous aimons notre prochain, mais ignorons Dieu – de notre point de vue de chrétiens, il manquera l’essentiel. Cela pourrait sembler être une forme de condamnation des athées et des agnostiques. Pour que nous ne succombions pas à cette tentation, l’apôtre Paul affirme dans son épître aux Romains que si des païens se comportent comme les chrétiens devraient le faire, ils seront justifiés. Cela remet les choses à leur place et devrait nous inciter à faire notre examen de conscience.

              Pour ce qui est du second niveau de lecture de l’épître d’aujourd’hui, celui qui est hors du temps, nous sommes appelés à faire preuve de générosité à l’égard de notre prochain et, pas seulement à l’égard des chrétiens. Notre prochain, c’est celui qui a besoin de nous sur les plans matériel, humain ou même spirituel, même si cette aide vient troubler notre confort dans ces trois domaines. « Toute grâce et tout don parfait viennent d’en-haut, du Père des lumières » est-il dit dans la prière devant l’ambon, à la fin de la liturgie. La phrase est reprise du premier chapitre de l’épître de l’apôtre Jacques qui parle de « tout don de valeur et tout cadeau parfait ».

           L’apôtre Paul est très explicite – « que chacun donne selon la décision de son cœur, sans chagrin, ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie ». L’on peut donner son temps, son amour et partager ses biens matériels et intellectuels. Tout est dit.

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