Lc 10, 25-37 Ep 4, 1-6 début du jeûne de la Nativité Saint-Prix 18 nov. 2018

         La lecture d’aujourd’hui, extraite de l’épître de Saint Paul aux Ephésiens, est courte mais essentielle. Elle semble interpeller nos hiérarchies et est transmise en écho par toutes les Eglises-sœurs orthodoxes. Saint Paul exhorte les chrétiens d’Ephèse à « entretenir des relations d’amour entre eux et à s’appliquer à garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix ». Et au cas où les Ephésiens, ou nous-mêmes, n’aurions pas compris le message, l’apôtre ajoute « qu’il y a un seul corps et un seul Esprit, (…) un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous ».

         Dans le 2-ème chapitre de l’épître aux Romains l’apôtre Paul complète, en quelque sorte, la parabole du bon Samaritain que vous venez d’entendre. Les païens, affirme l’apôtre, « seront sauvés, s’ils se comportent, comme les chrétiens devraient le faire. Les Samaritains n’étaient pas mieux considérés que les païens dans le monde juif de l’époque. Ils l’étaient même plus mal, car du point de vue du judaïsme, ils étaient hérétiques. C’est pourtant le Samaritain que le Christ désigne, comme le personnage positif de la parabole, et non le prêtre et le lévite qui n’ont pas obéi aux recommandations, faites dans ce que nous appelons l’Ancien testament.

         Transposons maintenant cette parabole à notre époque. Il nous est demandé, comme aux Juifs, d’aimer Dieu et notre prochain. Nos Samaritains sont les incroyants athées ou agnostiques, ou les fidèles d’autres religions. Il y a parmi eux des personnes qui se dévouent corps et âme pour le bien d’autrui, qui défendent les faibles, qui viennent en aide aux démunis, qui accordent même parfois la priorité à ce que nous appelons le prochain.

         Notre statut de chrétiens, notre baptême ne nous garantissent pas automatiquement le salut, si notre baptême et notre foi ne sont pas suivis, ne sont pas concrétisés par notre amour du prochain, si comme le lévite ou le prêtre de la parabole, nous détournons la tête quand notre prochain a besoin de nous. Sans l’amour du prochain, l’amour de Dieu n’est qu’hypocrisie. Cela dit, il est question du Bon Samaritain, ce qui signifie qu’ils ne le sont pas tous. Mais il en va de même pour les chrétiens. Et là, la situation se complique, car le chrétien pratiquant, celui qui fréquente l’Eglise, qui écoute son enseignement et lit les Ecritures, se met sciemment en contravention avec l’enseignement du Christ, s’il n’aime pas son prochain. Il est censé avoir assimilé cet enseignement, il est censé le concrétiser dans sa vie de tous les jours. S’il ne le fait pas, le chrétien qui s’affiche comme tel, le chrétien qui est appelé à être le sel de la terre, devient alors un contre-modèle et un repoussoir. C’est une grande responsabilité.

         Mais la pratique de l’amour du prochain est, ou devrait être complétée, pour les chrétiens, par l’amour de Dieu et sa manifestation par la communion aux Saintes Espèces, et donc la fréquentation des offices. La participation à la liturgie est une priorité. Si, par bonheur, nous parvenons à accorder la priorité à notre prochain et dans le même temps, fréquentons l’église, n’oublions jamais que le mérite en revient à l’Esprit. C’est cela l’humilité à laquelle nous sommes également appelés.

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